Tout au long de la campagne, La Presse visite des circonscriptions où rien n’est joué, à la rencontre des électeurs, des candidats, et des enjeux qui leur tiennent à cœur. Aujourd’hui : Camille-Laurin

Une chaude lutte se dessine dans Camille-Laurin, cette circonscription de l’est de Montréal anciennement nommée Bourget, où les projets d’infrastructures et les défis ne manquent pas. Le député sortant, le caquiste Richard Campeau, admet qu’il fait face à plus de compétition qu’en 2018, mais n’entend pas changer son « style de campagne » pour autant.

« Je ne prends rien pour acquis. Je sais très bien que j’ai gagné par 500 votes la dernière fois », souffle M. Campeau en entrevue avec La Presse.

Il y a quatre ans, Richard Campeau, ingénieur de formation et nouveau venu en politique, l’avait emporté de peu contre l’ancien ministre péquiste Maka Kotto. Durant quatre ans, il a été l’un des deux seuls élus de la Coalition avenir Québec (CAQ) à Montréal, avec la ministre Chantal Rouleau. Cette fois, c’est le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, qui lui fera face.

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Richard Campeau, député sortant de Camille-Laurin

« C’est son droit d’être là. Mais est-ce que je vais faire une campagne plus forte pour autant ? Non. On va continuer à rencontrer les gens, à faire des propositions pour les prochains quatre ans », affirme M. Campeau au sujet de son principal rival.

Dans les comtés de l’Est, on sent une certaine direction en faveur de la CAQ. Anjou en particulier, ça m’a l’air prometteur.

Richard Campeau, député sortant de Camille-Laurin

Le caquiste entend faire du portefeuille des Québécois une « priorité » de sa campagne. « Ce que j’entends le plus, ce sont des gens qui se plaignent de l’inflation. Ils ont des craintes réelles et ont peur du futur, d’être incapables de payer leur loyer », affirme-t-il, citant aussi la nécessité de décontaminer les sols le plus rapidement possible. « Ça nous prend un développement ciblé. On veut une bulle écologique », insiste-t-il.

De l’espace pour « s’exprimer »

M. St-Pierre Plamondon, lui, affirme être le mieux placé pour faire valoir les intérêts des électeurs. « Après quatre ans de la CAQ dans Camille-Laurin, on le voit : sur plusieurs enjeux comme la crise du logement, le REM, la santé, on a eu un député qui n’avait pas l’espace pour s’exprimer et qui a choisi le silence. Moi, même si je ne suis pas premier ministre, je serai chef de l’opposition. Et chaque fois que j’interpellerai le gouvernement, son premier ministre devra se lever et répondre à mes questions », lance-t-il.

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Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois

« Le premier enjeu prioritaire, pour moi, c’est l’état du français à Montréal. J’ai choisi de me présenter à Montréal parce que ça prend une réponse à la hauteur de ce défi. On est les seuls à dire qu’il faut aller plus loin, alors que tous les autres se sont rangés derrière la loi caquiste », martèle-t-il aussi.

Montréal n’est pas la priorité de la CAQ, et le sera encore moins après le prochain scrutin. Il faut changer ça.

Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois

Chez Québec solidaire, on mise cette année sur l’avocate et conseillère syndicale Marie-Eve Rancourt, avec qui le chef Gabriel Nadeau-Dubois a d’ailleurs fait campagne, lundi. Connue pour son opposition au terminal de conteneurs de Ray-Mont Logistiques, Mme Rancourt se voit causer la surprise. « Les gens connaissent très peu Richard Campeau parce qu’il a été très peu présent, et ceux qui le connaissent ont été déçus. Moi, les enjeux, je les connais parce que je les vis », affirme-t-elle.

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Marie-Eve Rancourt, candidate solidaire dans Camille-Laurin

Son enjeu central pour la campagne : l’environnement. « Ce ne sont pas juste les jeunes que ça préoccupe. Même chez les plus vieux, ça revient fréquemment : les gens veulent un gouvernement avec des mesures fortes contre la crise climatique. Ils veulent aussi des alternatives à la hausse du coût de la vie, des logements », ajoute la candidate solidaire.

Il faut empêcher que l’Est devienne aussi inabordable que le centre.

Marie-Eve Rancourt, candidate solidaire dans Camille-Laurin

Issue du milieu communautaire, la libérale Christina Eyangos compte aussi tirer son épingle du jeu en ramenant « au centre de sa campagne » l’enjeu de la pénurie de main-d’œuvre. « Ça frappe des commerces et des organismes communautaires qui offrent des services essentiels dans les quartiers. Déjà, ici, le Frigo de l’Est doit fermer ses portes pendant un mois. Un monsieur m’a confirmé qu’il ne sait même pas comment il va tenir un mois. Il faut agir », presse-t-elle.

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Affiche de la candidate libérale dans Camille-Laurin, Christina Eyangos

« L’accès en garderie subventionnée aussi, c’est crucial. Si je n’avais pas eu ma place en tant que mère, j’aurais peut-être envisagé l’option de l’avortement, parce que je n’aurais pas eu les moyens de terminer mes études. Au Québec, ça ne doit plus être une question de chance, avoir une place », ajoute Mme Eyangos, qui promet d’être une députée « présente aux assemblées, aux consultations et dans la population ».

PHOTO FOURNIE PAR LE PARTI CONSERVATEUR DU QUÉBEC

Christos Karteris, candidat conservateur dans Camille-Laurin

Les conservateurs d’Éric Duhaime, eux, présentent Christos Karteris, un fils de restaurateurs établis dans Tétreaultville depuis 50 ans. « J’ai pris conscience pendant la crise sanitaire que nous devons faire, tous ensemble, des changements majeurs au Québec. Mon but est de respecter les décisions individuelles et les droits de tous les citoyens », explique M. Karteris sur le site du parti.

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  • 33 %
    Les projections de Qc125, un agrégateur national de sondages, donnent actuellement 33 % à la CAQ, 26 % à Québec solidaire et 18 % au Parti québécois, suivis de 12 % pour le Parti libéral et 8 % pour le Parti conservateur.
    qc125.com