(Mont-Saint-Grégoire, Québec) François Legault nie vouloir relancer le projet de GNL Québec s’il est réélu en octobre, contrairement à ce qu’aurait affirmé son ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon. Gabriel Nadeau-Dubois réplique toutefois qu’on ne « peut pas » faire confiance au premier ministre lorsqu’il est question d’environnement.

Selon Radio-Canada, M. Fitzgibbon aurait informé le gouvernement fédéral que son parti pourrait revoir sa position face à GNL Québec s’il est reconduit au pouvoir le 3 octobre prochain. Or, la CAQ avait fermé la porte à GNL à l’été 2021, affirmant qu’il n’avait pas d’acceptabilité sociale et que le projet n’aiderait pas à la transition énergétique ou à la réduction des gaz à effet de serre. Le Bureau d’audiences publiques en environnement (BAPE) avait également critiqué le projet quelques mois plus tôt.

Sur les ondes du 98,5FM, cet été, le ministre des Finances, Eric Girard, avait pour sa part affirmé que plusieurs éléments avaient changé depuis le rejet de GNL Québec par le gouvernement. D’abord, la guerre en Ukraine a forcé des pays européens – notamment l’Allemagne, première économie d’Europe – à revoir son approvisionnement en gaz russe. Le chancelier allemand Olaf Scholz était d’ailleurs au Canada cet été, où il a parlé d’enjeux énergétiques avec Ottawa et Québec.

« Si on a un allié qui dit “on a besoin de gaz naturel liquéfié », à ce moment-là, c’est un projet qui est beaucoup plus sérieux. C’est une chose de construire, après ça faut le vendre », a dit M. Girard à la radio de Cogeco il y a quelques semaines.

« S’il y a des engagements fermes d’achat de gaz naturel liquéfié, que c’est prouvé que ça va remplacer des énergies plus polluantes comme le charbon et le pétrole [ailleurs] […] [et] que les promoteurs prouvent qu’ils sont capables d’assumer leurs responsabilités environnementales, c’est une situation qui est complètement changée, parce qu’il y a maintenant un acheteur crédible avec possibilité de faire des contrats à long terme », avait-il ajouté.

La porte fermée définitivement ?

Dans un point de presse mercredi en Montérégie, le chef de la CAQ, François Legault, a été mitraillé de questions sur la position de son parti concernant GNL Québec. Ferme-t-il définitivement la porte au projet, s’il est réélu pour un second mandat ?

« Avec des si, on peut aller loin… Ce qu’on sait, c’est qu’il n’y a pas d’acceptabilité sociale au Québec, que le BAPE a refusé le projet, donc avec les informations que j’ai aujourd’hui, le projet est refusé et il n’y a pas d’intention de changer ça », a-t-il d’abord répondu.

Mais parfois, en politique, les conclusions tirées une journée peuvent changer le lendemain, quand de nouvelles informations se présentent. Questionné sur ce fait, M. Legault a donc clarifié un peu plus sa position : « On ferme la porte. C’est très clair qu’on ferme la porte. […] Le gaz, c’est fermé. »

Confiance

Mais la réponse de François Legault n’a pas empêché les autres chefs de partis de le critiquer. Le chef parlementaire de Québec solidaire n’achète pas la version du chef caquiste. « En environnement, on ne peut pas faire confiance à François Legault. […] Les convictions environnementales de François Legault sont aussi solides qu’une feuille de papier qui vole au vent », a-t-il dénoncé en marge d’un point de presse sur la mobilité durable à Québec.

À son avis, il n’est pas crédible qu’un joueur aussi important que Pierre Fitzgibbon ait pu faire ces approches sans que François Legault ne soit au courant. « Pierre Fitzgibbon, ce n’est pas un joueur de quatrième trio. C’est le ministre préféré de François Legault. Il n’aurait jamais mené des conversations avec le gouvernement fédéral sans l’appui de François Legault. Je n’y crois pas », a-t-il dit.

Les gens connaissent François Legault. Ce n’est pas le genre de bonhomme à laisser ses ministres faire n’importe quoi.

Gabriel Nadeau-Dubois, chef parlementaire de Québec solidaire

Quant aux arguments cités par le ministre Girard, il les dénonce. « Je pense qu’Éric Duhaime est en train de convaincre François Legault et ses ministres. Ces arguments-là ne tiennent pas la route. […] Il faut se libérer de notre dépendance au pétrole et aux hydrocarbures en général. Il faut mettre le cap sur l’électrification et la transition écologique », a dit M. Nadeau-Dubois.

Le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon s’est aussi attaqué à François Legault. « Voici un autre exemple du manque de transparence de la CAQ, c’est vrai pour la qualité de l’air, c’est vrai pour toute sorte de politiques publiques en environnement, mais c’est vrai pour le projet GNL Québec, où est-ce qu’on se demande qu’elle est l’intention réelle de la CAQ, qu’est-ce qui se passe en coulisses. Et il y a une raison pour laquelle seulement 31 % des Québécois sont satisfaits de la CAQ en matière d’environnement [selon le dernier sondage Léger] », a-t-il lancé.

Pour Dominique Anglade, François Legault ne dit « clairement pas » la vérité au suiet de ses intentions concernant GNL Québec. « Visiblement, il cache quelque chose. Je ne peux pas le croire dans la mesure où des gens à l’interne disent qu’il faudrait pousser dans cette direction », en faveur de GNL.

« Sur GNL, le gouvernement, après avoir dit qu’il ne le ferait pas, est en train de négocier en catimini quelque chose qui n’a pas sa place. On est au 21e siècle, on doit pouvoir conjuguer l’économie avec l’écologie. Ce n’est pas ce que fait GNL. Il ne faut pas construit un pipeline
ici, sur le territoire québécois », a-t-elle dénoncé. Elle s’opposerait quant à elle au projet.

Avec la collaboration de Fanny Lévesque et Tommy Chouinard

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