(Québec) La cheffe libérale, Dominique Anglade, promet de réduire de 3,8 milliards les impôts et les taxes si elle est portée au pouvoir, en faisant de plus gros déficits et en retrouvant l’équilibre budgétaire d’ici sept ans. Les riches seraient appelés à payer plus.

Il vaut mieux agir ainsi, selon elle, que de « piger dans le Fonds des générations » servant à rembourser la dette comme veut le faire le chef caquiste. « Ce qui est historique dans ce qu’a annoncé François Legault, c’est le fait qu’il décide d’hypothéquer l’avenir des futures générations pour baisser les impôts, a-t-elle lancé. Jamais on ne va toucher au Fonds des générations. » Ce fonds a été créé par les libéraux, sous Jean Charest.

Faire des déficits pour réduire le fardeau fiscal ne revient pas au même, selon elle. La stratégie de la CAQ « coûte plus cher au Trésor public » et « envoie le message à tous les marchés financiers qu’on n’utilise pas ce fonds-là pour payer la dette ». « Ça a un impact majeur », a-t-elle insisté.

Pour Dominique Anglade, ce ne sont pas les contribuables qui doivent casquer pour la hausse du coût de la vie, mais bien l’État. « Il y a un message qui est très clair : on ne veut pas que ce soit les Québécois qui s’endettent versus le gouvernement », a-t-elle affirmé en conférence de presse devant le Grand Marché de Québec, lundi.

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Dominique Anglade, cheffe du Parti libéral du Québec

Nous, ce qu’on veut, c’est de faire en sorte que les Québécois cessent de s’endetter, qu’ils aient un meilleur pouvoir d’achat, qu’ils puissent sortir la tête de l’eau.

Dominique Anglade, cheffe du Parti libéral du Québec

Les mesures contenues dans son « Plan Portefeuille » étaient déjà connues en bonne partie : elles avaient été révélées lors du dévoilement de la plateforme électorale le printemps dernier. Le PLQ prévient qu’un autre milliard d’allègements sera annoncé plus tard dans la campagne.

Il calcule qu’une famille avec deux enfants – dont chaque conjoint gagne 60 000 $ – recevrait en moyenne 5000 $ si l’on tient compte de l’ensemble de ses promesses. Mais on comprend que le montant des allègements serait grandement variable selon le cas.

Équilibre budgétaire dans sept ans

Dominique Anglade veut réduire de 1,5 point de pourcentage les deux premiers paliers d’imposition (le palier pour la tranche de revenus de 46 295 $ et moins, et l’autre pour celle entre 46 295 $ et 92 580 $). Cela représenterait une baisse d’impôts allant jusqu’à 1125 $ par année. Elle promet d’abolir la TVQ sur les produits de première nécessité (savon, shampooing, brosses à dents, médicaments vendus sans ordonnance). Le crédit d’impôt pour solidarité, destiné aux plus démunis, serait bonifié de 25 % en cinq ans, ce qui représenterait 325 $ par personne à terme.

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Dominique Anglade, cheffe du Parti libéral du Québec

Elle veut geler les tarifs d’Hydro-Québec et l’enlever sur les premiers 4000 $ de la facture d’électricité. « On ne peut pas [les] geler éternellement », « on gèle jusqu’à tant qu’on soit capable de remettre le bon mécanisme en place » pour fixer ces tarifs – environ un an, selon elle. Elle suggère de revenir au mécanisme qui existait avant que le gouvernement Legault n’adopte une loi faisant augmenter les tarifs en fonction de l’inflation et écartant l’intervention de la Régie de l’énergie. Le retrait de la TVQ sur les premiers 4000 $ de la facture d’Hydro serait maintenu pendant plusieurs années.

Parmi les autres mesures qui seront présentées plus tard et qui représentent 1 milliard, il y a la création d’une allocation allant jusqu’à 2000 $ par année destinée aux personnes de 70 ans et plus.

Dimanche, Dominique Anglade laissait entendre que ces baisses d’impôts et de taxes ne se feraient pas au prix d’un plus gros déficit. La cheffe libérale a rectifié le tir lundi. Le déficit serait assurément plus gros la première année d’un mandat – donc, conclut-on, plus élevé que les 700 millions inscrits au rapport préélectoral sur les finances publiques présenté le 15 août par le gouvernement et validé par le Vérificateur général. Et « le retour à l’équilibre budgétaire […] va s’étendre sur une période vraisemblablement de sept ans », a-t-elle précisé. Les détails seront dans le cadre financier du parti. Le gouvernement Legault a un objectif de déficit zéro d’ici 2027-2028, dans cinq ans.

Dominique Anglade a également l’intention de faire payer les riches et les grandes sociétés. Par exemple, un nouveau palier d’imposition plus élevé serait créé pour ceux qui gagnent au-delà de 300 000 $.

Par ailleurs, « ce n’est aucunement l’intention qu’on a » d’augmenter des tarifs au cours d’un éventuel mandat, a-t-elle assuré.

Le Plan Portefeuille est une pièce maîtresse de la campagne de Dominique Anglade, qui fait de l’économie « la question de l’urne ». Or, cette annonce s’est faite en l’absence de représentants de l’équipe économique du PLQ, que la cheffe dit « aguerrie ». Ils seront présents à d’autres évènements, s’est-elle contentée de dire, entourée de quatre candidats de Québec.

Selon le rapport préélectoral, les revenus autonomes du gouvernement – ceux provenant des impôts et des taxes – augmentent de 4,7 milliards par rapport aux prévisions du budget du printemps. Cela a fait fondre le déficit de l’année en cours. Pour les prochaines années, on prévoit un déficit annuel inférieur à 2 milliards, après les versements au Fonds des générations. Sans tenir compte de ces versements, il y a surplus comptable année après année (les revenus moins les dépenses).