(Trois-Rivières) Éric Duhaime s’inspirerait des coupes de l’ex-premier ministre Stephen Harper à Ottawa pour financer une partie de ses baisses d’impôt. Le chef du Parti conservateur du Québec propose une réduction de deux points de pourcentage des deux premiers paliers d’imposition sans dévoiler combien elle coûterait à l’État québécois.

Il a sorti son tableau blanc mardi dans la cuisine d’une famille de Trois-Rivières, en territoire caquiste, pour expliquer comment ses baisses d’impôt « les plus substantielles » remettraient de l’argent dans leurs poches. Un peu plus tard, il a vanté cette mesure devant une salle comble.

Je peux vous dire, et de loin, qu’on a les baisses d’impôt les plus généreuses de tous les partis politiques.

Éric Duhaime, chef du Parti conservateur

Il promet que la première tranche de 20 000 $ du revenu des particuliers serait exempte d’impôt. Le montant personnel de base en 2021 était de 15 728 $. Il offrirait ensuite une diminution de 15 % à 13 % du premier palier d’imposition (jusqu’à 46 295 $), puis une réduction de 20 % à 18 % du deuxième palier (de 46 295 $ à 92 580 $).

Le portefeuille d’une famille avec un revenu annuel total de 80 000 $ serait plus lourd de 2723,19 $. Plus le revenu annuel d’un ménage est élevé, plus il économiserait d’impôt.

Silence sur les coûts

Le chef conservateur est toutefois resté muet sur le coût de cette mesure, promettant de présenter son cadre financier avant le premier débat des chefs, le 15 septembre. « Il n’y a aucun parti qui a présenté son cadre financier au moment où on se parle », s’est-il défendu.

Il compte générer « des milliards » de revenus avec l’exploitation des hydrocarbures. Cette diminution du fardeau fiscal serait également financée par des coupes dans les subventions aux entreprises et par une réduction de la taille de l’État.

M. Harper à Ottawa, quand il a été élu majoritaire, vous avez vu qu’il avait mis des cibles très précises et qu’il les a atteintes, et c’est grâce à ça que le Canada est sorti du cercle de l’endettement.

Éric Duhaime, chef du Parti conservateur du Québec

En 2011, Stephen Harper s’était donné pour objectif de retourner à l’équilibre budgétaire en quatre ans grâce à un contrôle féroce des dépenses. Il avait forcé l’État à se serrer la ceinture en sabrant la fonction publique fédérale et avait réussi à éliminer le déficit budgétaire.

Éric Duhaime voudrait couper « dans le gras » bureaucratique et « revoir les missions fondamentales de l’État ». Il promet du même souffle de ne pas s’en prendre aux travailleurs de première ligne, sans donner plus de précisions sur les sommes qu’il compterait aller chercher avec ces coupes.

« Notre priorité va toujours être d’offrir un meilleur service aux citoyens, a-t-il indiqué. Donc, les gens qui offrent les services directement à la population, je pense que c’est les derniers qu’il faut toucher. »

Éric Duhaime a accusé la Coalition avenir Québec d’être « irresponsable », « égoïste » et « d’hypothéquer l’avenir de la prochaine génération » en puisant dans le Fonds des générations pour financer ses propres baisses d’impôt.

Duhaime fait courir les foules

Un rassemblement militant tenu mardi midi dans un restaurant de Trois-Rivières a de nouveau attiré une foule importante, à l’instar de celui tenu la veille à Lévis. Parmi ces militants, il y avait Barbara Boutet, qui a fait près d’une heure de route pour voir Éric Duhaime.

Elle veut « un Québec meilleur » pour l’avenir de ses enfants. « On n’a plus de droit sur notre corps, plus de droit sur nos enfants », déplore celle qui pour la première fois a décidé de devenir bénévole pour un parti politique.

Les conservateurs ne sont pas des complotistes, ce sont des gens impliqués et d’opinion. On ne complote rien. On veut simplement changer de gouvernement !

Guy Michaud, partisan du PCQ

Plusieurs des personnes questionnées par La Presse ont dit être en désaccord avec les mesures sanitaires imposées durant les deux premières années de la pandémie et la vaccination. Le chef conservateur n’a pas manqué de reprendre ce thème dans son discours, dépeignant François Legault comme « le premier ministre le plus liberticide de notre histoire ».

La région de la Mauricie compte deux ministres sortants de la CAQ, Sonia LeBel et Jean Boulet. Éric Duhaime espère qu’il s’agit d’un terreau fertile qui pourrait permettre aux conservateurs de « sortir de la grande région de Québec ». En 2007, l’Action démocratique du Québec avait raflé quatre circonscriptions sur cinq.

Duhaime, premier à officialiser sa candidature

Éric Duhaime s’est rendu dans les locaux du Directeur général des élections à Québec pour soumettre sa candidature, le premier jour où il était possible de le faire. Il est le premier des cinq chefs à remettre ses documents. « Si vous m’aviez dit il y a quelques années que je me retrouverais à déposer mon bulletin de mise en candidature à la prochaine élection, je ne vous aurais pas cru », s’est-il exclamé à sa sortie. Il a recueilli les signatures et l’adresse de 170 électeurs qui seront vérifiées. Au moins 100 doivent être valides. « On a besoin d’un premier ministre au Québec qui va rassembler les Québécois plutôt qu’un premier ministre comme M. Legault qui nous a divisés entre essentiels, non essentiels ; entre vaccinés et non-vaccinés ; entre anglophones et francophones. »

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