C’est officiel : le Québec plonge en élections ce dimanche. Cinq journalistes de La Presse seront à bord des caravanes pour rendre compte de la campagne des chefs sur le terrain jusqu’au 3 octobre. C’est la première fois de l’histoire que cinq partis sont dans la course pour faire élire des députés. Survol et analyse de ce jour de lancement.

(Québec) CAQ : en terre péquiste au jour 1

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Pancarte électorale de la Coalition avenir Québec dans Marquette

Il a dévoilé des promesses électorales au cours des dernières semaines sur des thèmes où ses adversaires l’attendent de pied ferme en campagne (crise du logement, places en garderie et environnement). Mais c’est ce dimanche que François Legault quittera formellement ses habits de premier ministre pour enfiler ceux de chef de la Coalition avenir Québec (CAQ). Son Conseil des ministres se réunira en matinée à Québec pour adopter les décrets ordonnant la dissolution de la Chambre. Puis, comme le veut la tradition, M. Legault rencontrera le lieutenant-gouverneur Michel Doyon pour lui demander de dissoudre l’Assemblée nationale et de déclencher les élections — une formalité.

Le chef caquiste, qui commence son sprint électoral avec des sondages favorables, tiendra ensuite un point de presse. Il prendra la route pour se rendre au Saguenay–Lac-Saint-Jean. La caravane de la CAQ y tiendra sa première activité de campagne ainsi qu’un bain de foule pour finalement se rendre à un rassemblement militant en soirée à Jonquière. Cet ultime arrêt de la journée n’est pas anodin : la CAQ veut rafler cette fois toutes les circonscriptions de la région, y compris Jonquière, où le député péquiste sortant, Sylvain Gaudreault, ne se représente pas.

Hugo Pilon-Larose, La Presse

PLQ : à la défense des bastions de Montréal

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

Pancarte électorale du Parti libéral du Québec dans la circonscription de Camille-Laurin, anciennement Bourget

La cheffe libérale, Dominique Anglade, lancera sa campagne à Montréal, où se trouvent la grande majorité de ses députés sortants, mais aussi où des bastions sont menacés. La lutte s’annonce d’ailleurs serrée dans sa propre circonscription, Saint-Henri–Sainte-Anne. À 13 h ce dimanche, le rassemblement libéral se fera en lieu sûr, dans LaFontaine, château fort libéral depuis 1985 dont le territoire couvre l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles. C’est une façon de favoriser la présence d’un maximum de militants pour le jour 1 — après tout, le parti atteint un creux historique de 20 000 membres, selon ses propres chiffres, et n’a eu qu’environ 2200 donateurs jusqu’ici cette année.

Le sort de la circonscription voisine d’Anjou–Louis-Riel est plus incertain, alors que la doyenne du caucus libéral, Lise Thériault, ne se représente pas. L’est de Montréal a été un terreau fertile pour la CAQ en 2018 : le parti avait remporté Pointe-aux-Trembles et Bourget, mettant le pied pour la première fois dans l’île. Il faut s’attendre à ce que Mme Anglade passe plus de temps que ses prédécesseurs dans la métropole, alors que Québec solidaire (QS) et la CAQ menacent des circonscriptions libérales comme Verdun et Maurice-Richard. Et c’est sans compter les deux nouveaux partis — le Bloc Montréal, de l’ancien candidat à la mairie Balarama Holness, et le Parti canadien du Québec — qui courtisent l’électorat anglophone traditionnellement acquis aux libéraux.

Tommy Chouinard, La Presse

QS : à l’attaque et à la défense à Sherbrooke

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Pancarte électorale de Québec solidaire dans Mercier

Québec solidaire fera vrombir son autocar dans la circonscription de Saint-François à Sherbrooke, où le parti tente de faire élire la médecin spécialiste en santé publique Mélissa Généreux. Le parti n’est pas près de sabler le champagne, mais lancera sa campagne dans un vignoble, la Halte des Pèlerins. La côte sera abrupte : QS a terminé troisième et a obtenu 8800 voix en 2018. Il devra augmenter considérablement cet appui pour espérer battre la caquiste Geneviève Hébert. À l’interne, on estime que l’ancienne directrice de la Santé publique de l’Estrie, en poste durant la tragédie de Lac-Mégantic, a des chances puisqu’elle jouit d’une « excellente notoriété » dans la région.

Son directeur de campagne, Justin Benoît-Bélanger, officiait à Rouyn-Noranda–Témiscamingue lors de la victoire surprise d’Émilise Lessard-Therrien en 2018. Mais ce choix est également défensif : en lançant leur campagne à Sherbrooke, Gabriel Nadeau-Dubois et Manon Massé viennent prêter main-forte à la députée sortante Christine Labrie, qui croisera le fer avec la caquiste Caroline St-Hilaire. QS veut aussi marquer le coup avec le candidat dans Richmond, Philippe Pagé, maire de Saint-Camille et directeur général de la Fédération de la relève agricole du Québec.

Charles Lecavalier, La Presse

PQ : cap sur le fief convoité par le chef

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Un rassemblement militant péquiste se tiendra en fin de journée dans Joliette.

Paul St-Pierre Plamondon donnera le coup d’envoi de sa campagne dans la circonscription de Camille-Laurin (anciennement Bourget), où il tente de se faire élire. Il s’agit d’un double défi pour le chef du Parti québécois, qui doit se faire connaître des électeurs de cette circonscription de l’est de Montréal, mais aussi du Québec entier. M. Plamondon entre en campagne avec un déficit de popularité. À peine 4 % des électeurs sont d’avis qu’il ferait le meilleur premier ministre, selon le plus récent sondage Léger. Le chef aura aussi fort à faire dans Camille-Laurin. En 2018, le caquiste Richard Campeau, qui sollicite un deuxième mandat, l’avait emporté à l’arraché avec 27,6 % des voix sur l’ex-ministre péquiste Maka Kotto, qui avait récolté 26 %. Mais QS était aussi dans la course avec 24,4 % des voix.

Le PQ redoublera d’efforts pour revenir dans la métropole, après avoir été rayé de la carte en 2018. Il faut aussi voir dans le choix de Camille-Laurin l’importance que la formation veut donner à la défense du français. La circonscription a été renommée en l’honneur de Camille Laurin, père de la Charte de la langue française et ex-député péquiste. La journée se terminera dans Joliette où se tiendra un rassemblement militant. Le PQ veut lancer le signal que la circonscription n’est pas à prendre malgré le départ du pilier Véronique Hivon.

Fanny Lévesque, La Presse

PCQ : Duhaime veut surprendre la CAQ dans Chauveau

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Pancarte électorale du Parti conservateur du Québec dans Gouin

Le chef conservateur, Éric Duhaime, commencera sa première journée de campagne avec un barbecue dans Chauveau, la circonscription qu’il espère ravir à la CAQ dans la région de Québec. L’ancien animateur de Radio X et du FM93 pourrait donner du fil à retordre au député sortant, Sylvain Lévesque, selon les projections du site Qc125.com. Le caquiste avait remporté cet ancien bastion adéquiste avec 47 % du scrutin en 2018, lui donnant une avance considérable de 9627 votes sur les libéraux.

Le Parti conservateur du Québec espère également faire une percée dans les circonscriptions de Beauce-Nord et de Beauce-Sud, où la CAQ avait battu ses adversaires à plate couture il y a quatre ans. Un rassemblement militant dans la région samedi a attiré une foule record, à l’image du lancement de campagne des conservateurs la semaine dernière où l’ampleur du ralliement avait surpris le chef lui-même.

Mylène Crête, La Presse