À quelques jours du déclenchement des élections, les pièces tombent en place. Les départs inévitables s'annoncent pour céder les circonscriptions à des visages parfois nouveaux, parfois connus.

La Presse a appris que le ministre Jean-Marc Fournier annoncera sous peu qu'il ne sollicitera pas un nouveau mandat dans Châteauguay.Élu depuis 1994, cet ancien recherchiste de Gil Rémillard était parvenu à calmer le jeu aux Affaires municipales en 2003, quand les libéraux avaient eu à réaliser leur engagement quant aux défusions. En revanche, les déboires de l'Université du Québec à Montréal l'ont égratigné - il était responsable de l'Éducation quand Québec a approuvé le projet de l'Îlot Voyageur.

Lors de la formation du gouvernement après les élections de 2007, il avait été rétrogradé au Revenu et au poste de leader parlementaire. Sa femme, Maryse, faisait depuis longtemps pression pour qu'il abandonne la vie publique.

Chez les libéraux encore, Maurice Clermont, longtemps acteur de la vie municipale à Laval, cédera sous peu son siège de député de Mille-Îles. Il était entré en politique provinciale pour obtenir le prolongement de la 25 au-dessus de la rivière des Prairies.

Des sources fiables ont aussi indiqué à La Presse que Maxime Arseneau, député péquiste des Îles-de-la-Madeleine, accrochera ses patins. Il en fera l'annonce en fin de semaine, dans sa circonscription. Cet enseignant avait été ministre de l'Agriculture puis délégué au Tourisme dans le gouvernement Landry.

Hier, du côté du PQ, les annonces de départ se sont bousculées. Rita Dionne-Marsolais, députée de Rosemont depuis 1994, a fait savoir jeudi soir qu'elle ne serait pas candidate.

Après une décennie à Hydro-Québec, Mme Dionne-Marsolais a été déléguée générale du Québec à New York de 1984 à 1987. Elle a été ministre sous Jacques Parizeau, Lucien Bouchard et Bernard Landry. Elle était responsable de l'Énergie à la défaite des péquistes, au printemps 2003. «J'ai été la seule à obtenir quatre mandats consécutifs dans Rosemont», a-t-elle rappelé hier - elle avait battu en 1994 le Dr Guy Rivard, un libéral. Son mari est à la retraite depuis cinq ans ; elle compte s'installer définitivement à Sutton, en Estrie.

Le comité péquiste de Rosemont a sur-le-champ, jeudi, adopté une résolution pour solliciter la candidature de Louise Beaudoin, battue dans Chambly en 2003. Mme Beaudoin avait eu la bénédiction de Pauline Marois. «Il faut reprendre le bâton de pèlerin, j'ai des ailes pour me rembarquer dans les combats de la langue, de la mondialisation, de la souveraineté», a-t-elle souligné hier.

L'atterrissage de Mme Beaudoin dans Rosemont risque d'être moins compliqué que celui d'Elsie Lefebvre dans Hochelaga-Maisonneuve, circonscription laissée vacante jeudi par l'annonce du départ de Louise Harel. Mme Lefebvre, députée péquiste battue en 2003, compte être candidate dans ce bastion du Parti québécois, où régnait sans partage Louise Harel depuis 1981. C'était compter sans Carole Poirier, le bras droit de Louise Harel pendant 15 ans. Mme Harel avait promis d'appuyer cette collaboratrice loyale. Une troisième candidate, la présidente de l'association péquiste d'Hochelaga, Nathalie Saint-Pierre, s'annoncera sous peu. Elle avait appuyé la candidature de Mme Marois dans la course à la direction du parti, à la différence d'Elsie Lefebvre, supporté de Richard Legendre.

Député péquiste de Dubuc depuis 1994, le notaire Jacques Côté a aussi annoncé son départ. Il n'avait jamais accédé au conseil des ministres.

Du côté adéquiste, un mouvement important ; Gilles Taillon, la seule vedette qu'avait recrutée Mario Dumont pour les élections de 2007, a décidé de changer de circonscription. Au lieu du bastion adéquiste de Chauveau, en banlieue de Québec, il s'apprête à tenter sa chance dans Papineau, en Outaouais. Visiblement déçu par la politique, M. Taillon évoque souvent les problèmes de santé de sa femme, qui vit toujours en Outaouais. Son choix de Papineau semble une façon élégante de tirer un trait sur la politique sans désavouer Mario Dumont.

Dans Chauveau, l'une des circonscriptions où l'ADQ a encore des chances si on se fie aux sondages, un ancien journaliste, Gérard Deltell, devait être candidat pour Mario Dumont. M. Deltell a été licencié lors de la fermeture du service d'information de TQS en août dernier. Il avait fait auparavant carrière à Radio-Canada et à TVA, toujours dans la région de Québec.

Ancien député bloquiste passé à l'ADQ, Pierre Brien va tenter sa chance à nouveau, mais dans Vimont cette fois. Il avait mordu la poussière en Abitibi, sa région d'origine, en 2007. Il était depuis employé du cabinet de Mario Dumont. Le président de l'ADQ, Tom Pantafountas, sera aussi candidat dans Fabre.