Nous, les McGillois, sommes capables d’apprendre le français. Pour véritablement devenir montréalais, il faut l’apprendre. Lorsque la Coalition avenir Québec a annoncé sa volonté d’imposer aux universités anglophones de franciser 80 % de leurs étudiants non francophones, McGill a répondu que c’était « complètement irréaliste ». Sommes-nous si débiles ?

McGill vient de créer une bourse qui, en grande partie, va régler le problème de la hausse des droits de scolarité, donc je me concentre ici sur la francisation. Imposer à McGill de franciser ses étudiants forcerait l’université à prendre au sérieux le fait que nous vivons dans une province francophone.

Je connais tellement d’étudiants qui n’ont aucune envie d’apprendre le français, qui sont venus ici juste pour un diplôme prestigieux pour qu’ils puissent ensuite rentrer en Ontario pour trouver des jobs.

Franchement, je ne comprends pas pourquoi les Québécois devraient payer (avec leurs impôts) l’éducation de ces étudiants-là, dont quelques-uns ont toujours une attitude désobligeante vis-à-vis du Canada français.

Une bulle anglophone

Je viens de l’État de Washington. Je ne savais pas à quel point il y avait toujours une division sociale au Canada en termes de langue. Mais cette division est concrète à McGill, où nous vivons dans une bulle anglophone au sein d’une ville francophone.

Je suis venu à Montréal parce que je voulais améliorer mon français. J’en connaissais les bases quand je suis arrivé, mais, il y a un an, dans les cafés et les bars, j’« ordonnais » « une » croissant ou « un » bière. Les gens switchaient à l’anglais dès que je révélais mon accent. Mais j’ai trouvé des amis francophones et je me suis plongé dans la vie montréalaise. C’est embarrassant d’apprendre le français. En forçant ses étudiants à l’apprendre, McGill enlèverait cet embarras. Si on était forcés d’apprendre le français, on se sentirait beaucoup plus à l’aise lorsqu’on parle en français avec ses profs ou amis francophones.

Même si McGill perd quelques étudiants potentiels, et peut-être quelques rangs dans les classements (ce que craint notre administration), cette politique sera bénéfique.

Être bilingue est plus important que d’avoir un diplôme prestigieux – c’est un vrai atout. Beaucoup plus d’étudiants resteraient à Montréal pour faire leur vie en français.

Nous aimons étudier, les McGillois. Nous pouvons bien sûr étudier la langue commune de cette ville. Nous aimons aussi aller aux partys. Il faut juste aller aux partys où le français se parle – c’est plus efficace et c’est plus le fun.

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