Alors qu’on soulignera la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation samedi, permettez-moi de lancer quelques fleurs à la population québécoise – et le pot à son gouvernement.

Depuis quelques années, surtout depuis la mort dans des circonstances tragiques de Joyce Echaquan, on ressent une sympathie grandissante des allochtones du Québec à l’égard des injustices vécues par les Autochtones, plus particulièrement par nos femmes et nos enfants. Entre autres, la découverte de tombes d’enfants autochtones à Kamloops dans l’Ouest canadien a été suivie d’un élan bien senti d’empathie de la part des allochtones à l’égard des peuples autochtones et une prise de conscience collective de l’ampleur des sévices qui leur ont été infligés.

Dans toutes les régions et dans tous les secteurs d’activité, on voit de plus en plus d’initiatives visant à mieux connaître la triste réalité des pensionnats pour Autochtones au Canada et de leurs impacts qui se font toujours sentir dans nos communautés. De plus en plus de Québécoises et de Québécois se positionnent comme des alliés, autant de manière individuelle que par l’entremise de leurs institutions. Même les entreprises ont emboîté le pas et font des gestes favorisant la compréhension et la réconciliation.

Ce mouvement fait du bien et nous permet de voir l’avenir avec un certain optimisme. Si seulement le gouvernement du Québec avait la même ouverture.

Malgré les beaux discours du ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière, et quelques projets visant à donner suite au rapport de la commission Viens sur les relations entre les Autochtones et certains services publics, le Québec maintient toujours une attitude colonialiste. Son action demeure extrêmement faible en regard du contexte, historique et actuel, de nos peuples.

J’ose espérer que cette attitude rétrograde viendra à changer grâce à l’évolution de la société et à la reconnaissance grandissante des Québécoises et des Québécois de l’ampleur des politiques coloniales destructrices que vivent nos peuples. J’utilise le temps présent, car ces pratiques se perpétuent dans le temps jusqu’à ce jour. Elles sont simplement, peut-être, plus insidieuses et difficiles à repérer. Plus systémiques aussi.

Le thème de la journée étant celui de la réconciliation, je me questionne sur la compréhension qu’a le gouvernement québécois de ce terme qui témoigne de l’importance de s’entendre sur les mots. Récemment, il nous a été proposé, par ce dernier, le projet de loi 32 sur l’instauration de la sécurisation culturelle dans le réseau de la santé et des services sociaux. Or, lors des consultations en commission des institutions, toutes les organisations autochtones et allochtones concernées ont montré du doigt l’éléphant dans la pièce : mais où est la reconnaissance du racisme et de la discrimination systémiques ?

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