L’autoflagellation fait suer. L’écho a généralement tendance à répondre : assume, maudite marde !

Les actes de contrition répétitifs de François Legault, parce qu’il plante dans les sondages, n’émeuvent guère. Ce qui importe aux Québécois, c’est qu’il finisse par comprendre qu’ils ne sont pas morons à temps plein.

Qu’il finisse par débrancher le pilote automatique qui le transporte depuis la pandémie, et dont la boussole est devenue folle, qu’il se mette à piloter à vue pour y voir clair, reconnecter avec la Terre et atterrir une fois pour toutes.

La population a été patiente et avait confiance en M. Legault. Mais celui-ci a abusé de cet abandon et dépassé les bornes de l’indulgence.

Les Québécois ont encaissé ses chèques électoraux, ont été prêts à « continuer » comme il l’a offert, et l’ont remercié en bonne et due forme en élisant 90 de ses candidats.

Mais ce gouvernement et ce PM se sont crus invulnérables, convaincus de faire l’objet d’affection sans limites du bon peuple, et se sont mis à faire du power trip, à avoir la grosse tête, le melon d’aplomb.

Le power trip est un virus insidieux. À l’envers du bon sens, si vous en êtes atteint, vous n’en ressentez pas vous-même les symptômes, à part une certaine allégresse. Mais des signes extérieurs peuvent être distingués par ceux qui vous entourent.

Mais si tout un gouvernement est atteint par le même germe, les signaux d’alarme ne s’allument pas, parce que tous les pensionnaires de la chambre d’écho se trouvent mutuellement ben, ben fins, et ben, ben intelligents.

Et comme les infectés détiennent le pouvoir, les spectateurs qui observent la présence du virus, sachant que toute vérité n’est pas bonne à dire, n’osent pas s’étirer le cou et le leur signaler.

Ainsi, si personne n’ose vous avertir, vous demeurez contaminé jusqu’à l’ictus, la crise, ici de conscience, qu’un évènement provoque, comme une série de sondages vous indiquant que vous êtes dans la merde parce que la population en a plein le trou de balle de vos conneries.

C’est ce qui arrive à la CAQ et au PM, et ils sont surpris, sur le cul. Alloooo !

Ce gouvernement fait une utilisation outrancière de la tactique politique. On a l’impression qu’il ne gouverne pas en fonction de la raison d’État, mais seulement en fonction de l’accumulation de votes. On patche les problèmes, ou on vire son capot de bord, et on communique. On fait trop juste de la politique, disons.

Le travail dans les arcanes semble être devenu de jouer aux petits génies stratégiques qui ont comme principale tâche de déjouer l’adversaire, ou l’opinion contraire, ou faire avaler de tout aux ti-gus citoyens. À longueur de journée, avec un joystick virtuel, pour manipuler l’opinion d’un public qu’ils prennent pour un troupeau de bêleux.

On en vient ainsi à ne plus la respecter, la population. Elle devient banalement la matière première du jeu. Et on la sous-estime, corollaire du manque de respect. On la croit plus « moronne » avec le temps, et les petits génies se persuadent qu’ils peuvent tirer les ficelles comme on anime des pantins.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Les Québécois, selon notre chroniqueur, ont compris qu’on riait d’eux effrontément, constatant l’accumulation des balourdises du gouvernement.

Hé ben non ! Pas corniauds tant que ça, les Québécois, ils l’ont pognée, l’affaire. La patience a des limites. Ils s’en doutaient, mais là ils ont compris qu’on riait d’eux effrontément, constatant l’accumulation des balourdises du gouvernement, avec une pointe ahurissante dans les dernières semaines.

Le power trip s’accompagne de l’arrogance, sa sœur utérine.

Dans tellement de dossiers, on sent que l’évaluation ne se fait pas en fonction de la valeur intrinsèque d’un projet ou d’une solution, mais plutôt sur le gain ou la perte politique rattachés au dossier.

Dire que le gouvernement est dézingué est minimal : il vit sur une planète dont on ignore le nom.

Yves Lambert chante « la déboulade ». Exactement, une déboulade, comme une maudite débarque dans l’estime populaire.

Il y a les bourdes spectaculaires sur lesquelles il n’y a plus rien à ajouter, mais il y a aussi les extras débilitants : comme un ministre de l’Éducation qui, après avoir braillé sa vie pour de l’asphalte, entonne publiquement une toune, devenue funéraire, comme une désolante récupération politique. Malaisant…

Beaucoup de fonctions de base de notre société sont déglinguées, et ça annonce très mal pour l’avenir, on le sait très bien. Et on a besoin d’un gouvernement sur ses deux pattes pour régler les cas.

Ce qui est heureux dans l’histoire, c’est que celui-ci frappe le mur tôt dans le mandat. Il a du temps et de l’espace pour se remettre les idées en place. Impératif, ça presse, ça fuit de partout.

Mais il demeure une couple d’autres dangers potentiels.

À force de se faire faire des passes de coyotes, le public pourrait fermer l’appareil, passer à un autre appel et ne plus écouter.

Et comme ce grand travers qu’est l’arrogance est pratiqué depuis trop longtemps, il deviendra très difficile de se défaire de la mauvaise habitude.

Le docteur Pavlov l’avait bien comprise, celle-là.

Entre nous

Pour avoir déjà joué dans le film politique et choisi des candidats dans trois élections générales à Québec, j’en ai conclu qu’on ne manque jamais d’offres de gars, de qualités inégales, pour la job.

Les femmes, elles, sont généralement plus circonspectes et ont une réflexion plus posée lorsqu’on les contacte pour une candidature. Et elles ont parfaitement raison.

Olivier Bolduc, candidat de Québec solidaire dans la dernière partielle de Jean-Talon, n’avait absolument rien du meilleur candidat pour cette élection. Mais il s’est lancé dans la bataille très tôt pour prendre tout le monde de court. Finalement, une femme s’est présentée et il l’a battue lors du vote pour la candidature du parti, alors qu’il était nettement le moins bon candidat des deux. Exemple classique. Tout ça pour dire que QS a raison de prendre les moyens nécessaires pour atteindre la parité.

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