Si vous habitez Longueuil et que ça sonne à la porte un soir de semaine ou durant le week-end, répondez ! Ça pourrait être votre mairesse. En effet, Catherine Fournier adore le porte-à-porte. Et pas seulement en campagne électorale. Elle en a fait à sept reprises depuis la fin de l’été et elle compte bien recommencer au printemps.

« J’en fais depuis que j’ai été députée provinciale, m’explique la mairesse de Longueuil qui soulignait ses deux années en poste mardi. Je le fais pour prendre le pouls de la population. »

C’est une petite phrase au détour d’une entrevue à la radio qui a piqué ma curiosité. Mme Fournier expliquait à mon collègue Patrick Lagacé qu’elle avait fait du porte-à-porte en marge du réaménagement du chemin Tiffin, qui sépare Longueuil de Saint-Lambert. Ma curiosité était piquée, j’ai voulu en savoir plus.

« L’ajout d’une piste cyclable avait une incidence sur les places de stationnement et je voulais savoir ce que les citoyens concernés en pensaient », m’explique-t-elle au téléphone.

Les gens sont-ils surpris quand ils voient leur mairesse sur le pas de leur porte ?

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Catherine Fournier

« Oui, très surpris, répond Catherine Fournier en riant. Au début, leur réaction, c’est de me dire : “Ah ! Je ne savais pas qu’on était en campagne électorale !” Quand ils réalisent que je suis là pour jaser, ils sont toujours super gentils et super polis. »

L’accueil est toujours chaleureux et les échanges très constructifs. Des fois, il y a des critiques, mais rien à voir avec le ton agressif des réseaux sociaux.

Catherine Fournier, mairesse de Longueuil

Preuve qu’il est toujours plus facile d’insulter les gens quand on est caché dans son sous-sol, derrière l’anonymat des réseaux sociaux. C’est une tout autre histoire quand la personne est devant nous…

Catherine Fournier m’explique aussi que ces petites jasettes l’aident dans son travail. « C’est un lien plus personnel qui me fait mieux comprendre la réalité des citoyens, affirme-t-elle. Par exemple, j’ai visité les quartiers les plus touchés par l’itinérance pour mieux comprendre les enjeux sur le terrain. Ça m’aide à prendre des décisions. »

La mairesse, qui est toujours accompagnée du conseiller ou de la conseillère du district visité, en profite aussi pour faire un peu de pédagogie en expliquant comment la Ville fonctionne. « On appelle où quand un puisard est bouché ou qu’il y a un bris dans l’aire de jeux du parc ? lance-t-elle. On donne les outils aux citoyens pour obtenir des services. »

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

La cocathédrale Saint-Antoine-de-Padoue, rue Saint-Charles Ouest, à Longueuil

L’enjeu qui revient le plus souvent, selon elle : la sécurité.

En plus du porte-à-porte, la mairesse de Longueuil se réserve du temps pour visiter les écoles. Encore une fois, c’est une activité qu’elle pratique depuis son élection à l’Assemblée nationale, en 2016.

À l’époque, j’étais la plus jeune députée et je m’étais donné comme mandat d’intéresser les jeunes à la politique et aux façons de s’engager dans la société. Je poursuis ce mandat dans mon nouveau rôle.

Catherine Fournier

Les élèves des écoles primaires et secondaires ne manquent pas de questions pour leur mairesse : Comment est-elle devenue mairesse ? Combien elle gagne ? Comment ça fonctionne une mairie ? « Ils sont très curieux », me confie Catherine Fournier, qui répète aux jeunes qu’elle rencontre que même s’ils n’ont pas le droit de vote, elle les considère comme des citoyens à part entière.

« Ils me parlent d’enjeux liés à l’environnement ou à la sécurité autour de leur école. Ils me demandent comment je prends des décisions. Il y a 50 écoles à Longueuil et jusqu’ici, j’en ai visité 12. J’espère avoir le temps de toutes les faire. »

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Le parc de la Cité. Longueuil veut protéger 1500 hectares de milieux naturels à perpétuité d’ici 2030.

À l’heure où les politiciens se font copieusement insulter dans les réseaux sociaux, certains pourraient avoir tendance à rester loin de la rue pour se protéger des insultes et des rencontres difficiles. Catherine Fournier, elle, demeure convaincue que ses visites la ramènent à l’essentiel.

La proximité, c’est fondamental à mon action politique. Le rôle premier d’une élue, c’est de représenter la population. Je me suis toujours considérée comme l’égale de mes citoyens et quand je vais à leur rencontre, je peux mettre un visage sur les enjeux et je prends de meilleures décisions. Il y en a qui trouvent le porte-à-porte énergivore, mais moi, ça m’énergise.

Catherine Fournier

La mairesse me confie aussi qu’elle répond elle-même à tous ses réseaux sociaux. J’avoue, je n’en reviens pas ! Ça doit lui prendre un temps fou ! « Je me fais un point d’honneur de répondre à tous les messages, m’affirme-t-elle. Des fois, j’oriente les gens vers les bons services, des fois ça me donne des idées. Je fais des blitz de réponses pendant les vacances ou quand j’ai un peu de temps devant moi. Quand ce sont des félicitations (comme au lendemain de son récent mariage), ça peut me prendre un peu plus de temps à répondre, mais je réponds tout le temps. C’est important de garder un lien avec les gens et ça me permet de faire un peu d’éducation citoyenne. Et puis ça m’aide à mettre les choses en perspective. »

À une époque où le cynisme à l’endroit de nos dirigeants n’en finit plus de miner la confiance du public dans nos institutions, l’approche de Catherine Fournier ne peut que donner de bons résultats. Si j’en parle ici, c’est parce que j’espère qu’elle en inspire d’autres.

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