(Tunis) Donald Trump aux États-Unis, Jair Bolsonaro au Brésil, Viktor Orbán en Hongrie…

À la liste des dirigeants populistes autoritaires qui ont été élus aux quatre coins du monde depuis quelques années, il faut vraisemblablement ajouter l’actuel président tunisien, Kaïs Saïed.

De passage à Tunis, j’espérais y rencontrer l’essayiste franco-tunisien Hatem Nafti pour en discuter.

Mais l’auteur du livre Tunisie : vers un populisme autoritaire ? travaille en France et il a décidé de ne plus mettre les pieds en Tunisie. Il craint de se faire interpeller par les forces de l’ordre en raison de ce qu’il a écrit et qu’on l’empêche ensuite « de quitter le territoire ».

Il n’a toutefois aucunement l’intention de se taire. Et il persiste à livrer le fond de sa pensée sur la véritable nature du régime Saïed, qui a pris la tête du pays en 2019.

Il le fait avec moi, en visioconférence, de façon méthodique.

PHOTO TIRÉE DE WIKIMEDIA COMMONS

L’essayiste franco-tunisien Hatem Nafti

Le virage autoritaire, explique-t-il, est désormais flagrant.

Sous la gouverne de Kaïs Saïed, « la critique, ou même l’opposition, qui est le fondement de la démocratie, devient en réalité une sorte de blasphème ».

L’impact est majeur. Le président prône « la liquidation de toutes les couches intermédiaires » entre lui et son peuple. Et « ça a commencé par les partis politiques » et les médias, rappelle l’expert.

Sur la question du populisme, Hatem Nafti souligne que le politologue néerlandais Cas Mudde le définit comme « l’opposition nette et franche entre un peuple censé être pur et une élite censée être corrompue ».

Il fait remarquer que le président Saïed, « c’est l’élite de l’élite ». Et pourtant, « jusqu’à aujourd’hui, il a toujours ce discours contre le système, contre l’establishment, [auquel] il oppose le peuple censé être pur ».

Et, comme Trump et les autres populistes, « il se prend pour le peuple ».

Ce virage populiste autoritaire est tout sauf une bonne nouvelle pour la démocratie tunisienne.

J’ai pourtant compris rapidement après mon arrivée en Tunisie que beaucoup voient d’un bon œil le fait que le président Saïed serre la vis.

Lisez « Quand la démocratie tient avec de la broche », la première partie de ce dossier Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue