Cette semaine, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a encore une fois enjoint aux Québécois d’aller chercher leur dose de rappel du vaccin contre la COVID-19. En attendant de connaître les détails du futur « passeport vaccinal à trois doses », certains lecteurs essaient de comprendre si leur statut vaccinal particulier répondra aux nouvelles exigences.

Quand deux doses peuvent compter pour trois… ou pas

Le vaccin Janssen a beau être homologué au Canada, il a été très, très peu administré. Selon les données de Santé Canada, un peu plus de 26 000 Canadiens ont reçu le Janssen (dont la moitié à l’étranger). Environ 1200 Québécois ont reçu une combinaison Janssen et vaccin à ARNm. Le vaccin Janssen, développé par la compagnie Johnson & Johnson, ne comporte qu’une dose. Ceux qui l’ont reçu sont toutefois admissibles à une dose de rappel depuis la fin d’octobre.

C’est le cas d’André Marenger, qui a reçu sa dose de Janssen aux États-Unis au printemps dernier, puis une dose de rappel de Pfizer dans les dernières semaines. Son passeport vaccinal compte maintenant deux doses. « Comme le gouvernement prévoit bientôt exiger trois doses pour avoir un passeport vaccinal valide, cela veut dire que je devrai obtenir un autre vaccin dans trois mois ? »

Impossible de répondre à cette question pour le moment, nous explique le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). « En effet, comme ce n’est pas l’ensemble de la population qui a eu accès à la dose de rappel, on ne peut s’avancer pour l’instant au sujet de l’algorithme qui sera requis pour le passeport vaccinal. Celui-ci peut être appelé à évoluer », indique la porte-parole Marie-Hélène Émond.

En attendant, Québec (comme Ottawa) reconnaît déjà que les personnes qui ont reçu « une dose du vaccin contre la COVID-19 Janssen depuis 14 jours ou plus » sont actuellement « adéquatement vaccinées ».

Jusqu’à ce que les exigences changent, la monodose Janssen permet d’ouvrir les portes des endroits où le passeport vaccinal est demandé.

Mais les experts de la santé publique vont un peu plus loin. Le Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ) « recommande une dose additionnelle d’un vaccin COVID-19 ARNm » aux personnes qui ont reçu une dose de vaccin Janssen, suivie par une dose de rappel, toujours avec un vaccin à ARNm, trois mois ou plus après la dose additionnelle.

Est-ce que le MSSS exigera ces trois doses pour valider le passeport des vaccinés Janssen ? Ce sera à suivre lorsque les détails seront rendus publics.

Aux États-Unis, par exemple, les autorités sanitaires considèrent que le statut d’un primovacciné Janssen est « à jour » lorsqu’il a reçu une seule dose de rappel.

Mais la France a choisi d’exiger les trois doses pour garder le « pass vaccinal » des monodosés Janssen à jour : une dose d’un vaccin à ARNm est exigée quatre semaines après l’injection du Janssen, puis une dose de rappel entre trois et sept mois plus tard.

Un dossier à suivre, donc.

Quand la troisième dose ne suffit pas

Dans notre article publié le 17 janvier, nous avons rapporté que les personnes qui avaient reçu une troisième dose il y a plus de trois mois étaient, elles aussi, admissibles à une dose de rappel du vaccin – une « quatrième dose », dans leur cas. Il s’agit notamment de personnes qui avaient reçu le vaccin d’AstraZeneca au printemps et à qui on a offert de recevoir un vaccin à ARNm (Pfizer ou Moderna) l’été dernier, et qui craignent que le futur « passeport vaccinal à trois doses » exige que la dernière vaccination date de moins de trois mois.

Lisez l’article « Quand la dose de rappel n’est pas la troisième »

Beaucoup de lecteurs dans cette situation nous ont signalé que malgré l’assurance que nous a donnée le ministère de la Santé, ils n’arrivaient toujours pas à obtenir cette dose de rappel. Au téléphone, en ligne ou sur place au centre de vaccination, les préposés ne reconnaissaient pas l’admissibilité de ces triple dosés à une quatrième dose.

PHOTO MANU FERNANDEZ, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Les personnes qui ont reçu le vaccin d’AstraZeneca peuvent, si elle le désirent, recevoir un vaccin à ARNm pour augmenter leur immunité face au coronavirus.

Interpelé une nouvelle fois, le MSSS réaffirme pourtant que les personnes qui ont reçu une dose d’AstraZeneca et deux doses d’un vaccin à ARNm (Pfizer ou Moderna), ou deux doses d’AstraZeneca et une dose d’un vaccin ARNm, peuvent recevoir une dose de rappel, même s’il s’agit de leur « quatrième » dose.

« Normalement, ces personnes devraient pouvoir bénéficier d’une dose de rappel, trois mois après la dernière dose reçue », nous a répété la porte-parole Marie-Hélène Émond. « Le Ministère rappelle constamment les consignes aux établissements. »

De fait, quelques lecteurs triple dosés nous ont réécrit cette semaine pour nous dire qu’ils avaient finalement réussi, parfois en insistant un peu, à recevoir leur dose de rappel.

Au CISSS de Laval, par exemple, on explique que le « calendrier comportant quatre doses de vaccin et plus contre la COVID-19 n’est pas encore autorisé par Santé Canada », comme le souligne d’ailleurs le CIQ dans son dernier avis. Néanmoins, « l’usager peut recevoir cette dose » s’il en fait la demande, nous écrit le CISSS de Laval, pourvu qu’il soit informé de ces éléments et donne son consentement éclairé.

Certains lecteurs ont eu plus de facilité à obtenir un rendez-vous en contactant Clic Santé par téléphone plutôt qu’en utilisant le site web. Mais il est possible, nous dit le MSSS, d’obtenir un rendez-vous en ligne en choisissant l’option « Dose additionnelle » sur le site Clic Santé et en cochant la case qui s’applique (soit « deux doses d’AstraZeneca/Covishield + une dose ARN », ou encore « Aucune de ces situations »).

Maintenant, cette « quatrième dose » est-elle vraiment nécessaire pour renforcer ses défenses immunitaires face à Omicron ? Peu de données existent encore sur cette question. La réponse viendra notamment d’Israël, qui commence à administrer des quatrièmes doses à sa population. Les premiers résultats sont cependant peu convaincants : trois semaines après le début des essais cliniques, les chercheurs ont observé que l’administration de ces quatrièmes doses permet en effet d’« augmenter le niveau des anticorps », mais n’« offre qu’une défense partielle contre le virus ».

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