Jusqu’à 10 % des travailleurs de la santé pourraient être atteints de la COVID longue, révèlent des résultats préliminaires d’une vaste enquête épidémiologique de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

« Parmi ceux-ci, un tiers ont des symptômes sévères et plus de la moitié ont des symptômes depuis plus d’un an », a déclaré jeudi la Dre Sara Carazo, épidémiologiste à l’INSPQ, lors de la première conférence canadienne d’envergure consacrée à la COVID longue.

Cette enquête a été réalisée à la suite d’un mandat du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS). Au total, 23 000 travailleurs de la santé ont participé à l’enquête par voie électronique ou téléphonique de mai à juillet.

Parmi ceux qui ont rempli l’enquête en ligne, 10 % ont fait état de symptômes persistants pendant plus de trois mois, ce que l’on désigne comme la COVID longue. Quant à ceux ayant répondu par téléphone, 6 % ont rapporté souffrir de ce syndrome post-COVID.

En tenant compte des 400 000 travailleurs de la santé du Québec, on peut estimer que le nombre de personnes affectées par la COVID longue se situe entre 24 000 et 40 000.

Des symptômes sévères

Parmi les travailleurs de la santé atteints de la COVID longue, 29 % éprouvent quotidiennement des symptômes graves, 43 % présentent des symptômes de gravité modérée, tandis que 28 % connaissent des symptômes légers, détaille la Dre Carazo.

Par ailleurs, 71 % ont constaté que la COVID longue a des répercussions sur leur capacité à travailler, et 16 % éprouvent régulièrement des difficultés à travailler.

Parmi les symptômes les plus courants figurent la fatigue, l’essoufflement, des problèmes de concentration, des pertes de mémoire, de la confusion ou du brouillard mental, des douleurs musculaires ou articulaires, de l’anxiété, des maux de tête, de l’insomnie et un malaise après l’effort.

L’équipe de l’INSPQ a également observé que plus les symptômes étaient graves lors de l’infection par le virus, plus les risques de développer la COVID longue étaient élevés. Les réinfections sont aussi associées à un risque accru de COVID longue.

« La plus grosse préoccupation reste à savoir si les gens demeurent hypothéqués, et c’est ça qu’on n’a pas eu le temps encore de bien regarder », dit le DGaston De Serres, épidémiologiste retraité de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et collaborateur de l’étude. Le rapport complet devrait paraître au cours des prochains mois.

La vague Omicron

Les probabilités de développer la COVID longue étaient plus élevées chez les individus ayant contracté la COVID-19 au début de la pandémie, avant l’émergence des variants et la disponibilité des vaccins. En effet, 26 % des travailleurs de la santé infectés au début de la pandémie sont touchés par la COVID longue, a noté la Dre Carazo.

Avec l’apparition de nouveaux variants, ce risque diminue à environ 12 %. Cependant, en raison du grand nombre de personnes infectées par ces nouveaux variants, le nombre de travailleurs de la santé atteints de la COVID longue reste élevé. « La plupart des travailleurs de la santé qui vivent avec le syndrome de COVID longue ont été infectés depuis l’arrivée d’Omicron », dit la Dre Carazo.

Près de la moitié (42 %) des travailleurs de la santé atteints de la COVID-19 longue ont dû consulter un médecin de famille, tandis que 18 % ont vu un spécialiste et 13 % se sont rendus aux urgences. Entre 5 et 7 % ont eu besoin de services de réadaptation et d’aide pour retourner au travail et recommencer leurs activités quotidiennes.