Les chamboulements provoqués par la pandémie de COVID-19 auraient été encore plus profonds sans la disponibilité des tests d’autodépistage devenus omniprésents pendant la crise sanitaire, conclut une analyse menée par une chercheuse de l’Université McGill.

Ces tests ont été particulièrement efficaces pour identifier les individus qui se trouvaient aux deux extrémités du spectre : ceux qui n’étaient pas malades et ceux qui étaient les plus contagieux.

Cela a contribué à prévenir la transmission du virus et à limiter l’ampleur de la crise, ce qui a permis de minimiser les perturbations de la vie quotidienne.

« S’ils n’avaient pas été disponibles et si les gens ne les avaient pas utilisés, je pense que nous aurions eu beaucoup plus de fermetures et de confinements », a estimé l’auteure de l’étude, la docteure Nitika Pant Pai, de l’Institut de recherche du Centre de santé universitaire McGill.

« Je pense donc que même s’ils semblent très inoffensifs, ils ont en fait été un outil dans notre lutte contre le virus et la pandémie. Sans les tests, les écoles n’auraient pas pu fonctionner et les milieux de travail auraient fermé plus souvent. »

L’étude est composée d’une revue systématique vivante et d’une méta-analyse de 70 études – avec des données provenant de 25 pays – qui ont évalué la précision diagnostique des tests rapides pour la COVID-19.

Les chercheurs ont constaté que les tests d’autodépistage étaient très efficaces quand venait le temps d’identifier les individus en santé et les individus infectés symptomatiques. Ils étaient en revanche moins fiables lors de l’identification d’individus infectés, mais asymptomatiques.

Les chercheurs ont également constaté que la population témoigne d’une préférence marquée envers les tests d’autodépistage, mais que l’intérêt envers une utilisation répétée ou quotidienne est faible.

Les stratégies d’autodépistage, disent les auteurs, ont réduit le nombre de fermetures d’école ; ont minimisé le nombre de jours de travail ratés ; ont freiné la transmission entre les travailleurs de la santé ; et ont permis la poursuite des activités sociales avec un risque plus faible d’infection.

Les chercheurs soulignent que des séances de formation préalables, des instructions détaillées sur l’autodépistage en langage courant et des kits de test spécialement conçus pour les populations peu alphabétisées, rurales, périurbaines et âgées pourraient encore améliorer la performance des tests et leur utilisation par ces populations.

Ces conclusions sont riches en leçons pour l’avenir, estime la docteure Pant Pai. Dans le futur, croit-elle, « les agences de santé publique et les gouvernements ne devraient pas hésiter à investir dans des stratégies d’autotest précises, rapides, portables et peut-être améliorées numériquement, comme des applications, des sites web et des instructions vidéo, non seulement pour les virus respiratoires, mais aussi pour les agents pathogènes non respiratoires ».

« L’histoire se répète et tout le monde semble souffrir d’un syndrome de stress post-traumatique à cause de la pandémie et on n’est pas intéressés à comprendre les leçons que nous devrions tirer maintenant, a-t-elle déploré. La probabilité d’une autre pandémie respiratoire est très élevée. Mais si nous ne tirons pas les leçons qui s’imposent, nous […] repartirons de zéro. »

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal médical PLOS Global Public Health.