Aux prises avec une hausse des cas de COVID-19 et une multiplication d’éclosions en milieux de soins, le CIUSSS de l’Estrie réimpose le port du masque obligatoire pour le personnel et les visiteurs, et ce, « pour une durée indéterminée ».

« En date du 20 septembre, plus d’une centaine de membres du personnel du CIUSSS de l’Estrie étaient absents en raison de la COVID-19. De plus, une dizaine d’éclosions sont en cours au sein de différentes installations du territoire estrien, notamment en CHSLD et en centre hospitalier », fait valoir l’établissement de santé dans un communiqué.

Pendant la pandémie, le port du masque était déjà obligatoire partout dans le réseau de la santé, mais il ne l’est plus depuis la fin de l’urgence sanitaire. Sur son site, le gouvernement du Québec affirme que « certains milieux de soins et de vie peuvent » toutefois encore « exiger le port du masque ». Autrement dit, chaque établissement peut dorénavant faire ses propres choix.

En mêlée de presse à Québec, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a confirmé qu’aucune directive gouvernementale ou globale ne serait donnée aux établissements de santé quant au port du masque pour le moment. « Je laisse aux différents PDG le choix », a-t-il simplement fait savoir.

Or, l’Estrie n’est pas la première à décider de réimposer le couvre-visage. À Montréal, le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) avait aussi annoncé la semaine dernière le retour du masque obligatoire en zones de soins pour les travailleurs « compte tenu de la récente augmentation importante du nombre d’infections respiratoires, y compris la COVID-19 ».

Selon le CIUSSS de l’Estrie, l’initiative se veut aussi préventive pour les prochains mois. « L’approche de la saison des virus respiratoires et la vulnérabilité de notre clientèle sont d’autres considérations qui ont guidé notre décision », explique Julie Gagné, adjointe à la Direction générale, responsable du volet prévention et du contrôle des infections du CIUSSS de l’Estrie.

Celle-ci précise que la consigne du masque obligatoire pour les travailleurs et les visiteurs sera « en vigueur pour une durée indéterminée ». « Dès que la situation le permettra, elle sera levée. Les personnes hospitalisées ou hébergées ne sont pas tenues de porter le masque », avance toutefois le CIUSSS.

Pour le personnel, deux exceptions demeurent : les personnes travaillant dans une installation administrative sans contact avec les usagers et les employés offrant des soins à domicile ou dans un milieu communautaire n’auront pas obligatoirement à porter le masque en tout temps.

« Reprendre les bons comportements »

Globalement, la situation épidémiologique « est sous contrôle en Estrie », temporise la Santé publique régionale, qui rappelle néanmoins à la population « l’importance de poursuivre ou de reprendre les bons comportements comme le lavage des mains, le port du masque et le respect d’une distanciation sociale si vous présentez des symptômes grippaux ».

Le CIUSSS de l’Estrie insiste aussi sur la nécessité de se faire vacciner cet automne, quand la campagne automnale sera lancée par le gouvernement, avec un produit qui sera vraisemblablement adapté aux nouvelles souches du virus.

Selon les données de l’Institut national de santé publique (INSPQ), qui se base surtout sur des sondages et l’analyse des eaux usées comme le dépistage n’est plus offert à toute la population, le taux de positivité à la COVID-19 est présentement de 15 % en Estrie. Plusieurs autres régions surpassent ce taux, dont l’Outaouais à presque 30 %, la Mauricie–Centre-du-Québec à 28 %, l’Abitibi-Témiscamingue à 26 % ou encore le Saguenay–Lac-Saint-Jean à 24 %.

D’après les plus récentes données disponibles, le Québec compte présentement 1135 personnes hospitalisées positives au coronavirus, une hausse de 140 sur une semaine. L’impact du variant circulant présentement semble toutefois plus limité aux soins intensifs, où l’on dénombre seulement 19 patients positifs.

Le Québec dépiste actuellement 464 cas par jour en moyenne grâce à des tests PCR, en hausse de 17 % sur une semaine. Pas moins de 18 % des tests PCR réalisés depuis une semaine se sont avérés positifs à la COVID-19. C’est le taux le plus élevé depuis la vague Omicron, survenue à l’hiver 2022.

On déplore présentement sept décès par jour en moyenne. Comme depuis le début de la pandémie, les décès se concentrent chez les aînés, particulièrement ceux âgés de 80 ans et plus.

Avec Pierre-André Normandin, La Presse