L’intestin pourrait jouer un rôle dans la COVID-19 longue. Une chercheuse montréalaise a observé une plus faible diversité dans la flore intestinale des patients atteints.

« Ce que nous constatons c’est que les patients atteints de COVID longue et présentant des symptômes neurologiques ont une signature distincte de leur microbiote intestinal », a déclaré la Dre Emilia Liana Falcone, chercheuse et directrice de la clinique de recherche Post-COVID-19 à l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM).

La Dre Falcone présentait ses résultats lors de la première conférence canadienne dédiée à la COVID longue mercredi à Montréal. La plupart des personnes atteintes de la COVID-19 se rétablissent en quelques semaines. Le virus peut toutefois provoquer une série de symptômes persistant pendant des mois. On parle alors de COVID longue.

« Les patients qui ont la COVID-19 longue et des symptômes neurologiques ont un microbiote moins diversifié. Or, une plus grande diversité est généralement associée à de meilleurs résultats en matière de santé », a observé la spécialiste. Les patients atteints de COVID-19 longue qui ne présentent pas de symptômes neurologiques ont toutefois un microbiote similaire aux patients qui n’ont jamais eu la COVID.

Sa clinique a également constaté que les patients atteints de COVID-19 longue ont également un intestin qui est plus perméable. « L’augmentation de la gravité de la COVID-19 longue est associée à un dysfonctionnement accru de la barrière intestinale », dit la Dre Falcone.

Des souris plus anxieuses

Est-ce que les perturbations du microbiote chez les personnes atteintes de COVID-19 longue peuvent provoquer une déficience neurologique ? Pour répondre à cette question, la Dre Falcone a étudié le comportement des souris.

« Nous avons colonisé des souris soit avec les selles de patients souffrant de COVID longue avec symptômes neurologiques, soit avec les selles de patients souffrant de COVID longue légère sans symptômes neurologiques », explique-t-elle.

Les souris ont ensuite été placées dans un labyrinthe surélevé, un test utilisé pour évaluer leur anxiété et leur comportement exploratoire. Les souris colonisées par le microbiote de patients atteints de COVID-19 longue avec des symptômes neurologiques ont présenté des comportements distincts. « Elles parcouraient moins de distance. Elles étaient plus lentes. Elles étaient aussi moins enclines à explorer les parties du labyrinthe dépourvues de murs, donc elles étaient plus anxieuses », détaille la spécialiste.

L’étude suggère qu’une altération du microbiote chez les souris peut déclencher la manifestation de divers symptômes neurologiques.