Après avoir vécu une foule d’aventures dans des livres et à la télévision, Toupie et Binou font le saut au cinéma ce vendredi. « Avouez que je suis trop génial », dirait sans doute, avec la voix de Marc Labrèche, la souris connue dans plus de 175 pays. Retour sur la naissance du sympathique duo avec les coscénaristes et coréalisateurs de Toupie et Binou : le film, Dominique Jolin et Raymond Lebrun.

Lorsqu’elle a commencé à écrire des livres pour tout-petits avec un rongeur à l’imagination débordante comme héros, Dominique Jolin n’aurait « jamais pensé » que son personnage pourrait un jour devenir la vedette d’une série télévisée. Encore moins d’un film. « J’ai écrit Toupie et Binou toute seule chez moi, il y a 30 ans », se souvient-elle.

Dans les années 1990, les éditions Héritage (Dominique et Compagnie) prennent contact avec la prolifique autrice et illustratrice jeunesse pour créer des « bébés livres ». Cela tombe bien, puisqu’elle vient d’inventer un nouveau personnage : Brutus. Son inspiration ? Dominique Jolin sourit d’un air espiègle en sachant que l’histoire qu’elle va raconter est à la fois drôle et absurde, à l’image de sa série.

Alors qu’elle était dans une épicerie, elle a vu un chien passer entre le comptoir de la crème glacée et celui du poisson frais. « Je suis allée le dire au commis et là, il m’a répondu : ‟C’est Brutus. C’est un gros rat qu’on essaie d’attraper depuis deux semaines” », relate-t-elle en riant.

Vous l’aurez deviné, Brutus est devenu Toupie. Pourquoi ce changement de nom ? « Parce que les petits de 2 ans ne peuvent pas dire les R », répond Dominique Jolin. Elle le sait, puisqu’elle l’a testé auprès de bambins. « J’ai choisi Toupie parce que c’était le nom le plus cute dans la bouche d’un enfant. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Raymond Lebrun et Dominique Jolin

Rencontre marquante

Les personnages de Toupie et Binou sont rapidement adoptés par les petits d’âge préscolaire et leurs parents. Si bien que dans la tête de Dominique Jolin, une idée germe : créer une série télé. Au départ, son projet ne reçoit pas l’accueil escompté : « On me disait toujours non. On me répétait qu’il n’y avait pas beaucoup d’argent pour les émissions pour enfants. »

Grâce à sa persévérance, Dominique Jolin réussit finalement à convaincre en 2003 Spectra Animation, devenue Écho Média, de donner vie aux deux amis. Puisque les budgets sont limités, on lui propose « de filmer les livres ». Or, cette idée est bien loin du dessin animé auquel rêve l’écrivaine. Cette option n’emballe pas non plus le réalisateur Raymond Lebrun, à qui la maison de production veut confier le projet.

« Je n’aimais pas le scénario. Je n’aimais pas non plus l’idée de filmer les livres. J’étais sur le bord de dire non, mais là, ils m’ont présenté Dominique », raconte-t-il en souriant à celle qui est devenue son amie.

Lorsque les deux collègues constatent qu’ils ont une vision similaire, ils se mettent au travail.

« Raymond me disait : ‟Regarde, on pourrait faire ça.” Il a commencé à faire des petits bonshommes. Je riais. C’était vraiment drôle », se souvient Dominique Jolin. La chaîne pour enfants canadienne Treehouse a tellement aimé le pilote qu’au lieu de 52 épisodes de 5 minutes, elle en a commandé 104. Une autre saison a suivi. En 2005, Télé-Québec a été le premier à diffuser les épisodes en français.

Et voilà qu’un film sortira au cinéma ce vendredi. Sur grand écran, Toupie et Binou visitent le monde des objets perdus afin de retrouver M. Mou. Pour y arriver, ils pourront compter sur l’aide de nouveaux personnages à qui Anne Dorval, Geneviève Schmidt, Xavier Dolan et Stéphane Rousseau prêtent leur voix.

IMAGE FOURNIE PAR DOMINIQUE JOLIN

Illustration de Toupie et Binou datant de 2003

Le plaisir avant tout

Contrairement à de nombreuses œuvres jeunesse, Toupie et Binou n’a pas la prétention d’être une série éducative. « C’est du plaisir avant tout, souligne Dominique Jolin. J’aime quand c’est absurde et étrange. […] Un peu à la Sol et Gobelet. » Dans les scénarios, le duo Jolin-Lebrun glisse toutefois des valeurs qui leur sont chères. Un exemple ? La politesse. « Dans le film, tout le monde se vouvoie. […] Moi, je trouve ça important, le respect et le savoir-vivre », indique l’autrice, avant de faire l’éloge de la beauté du vouvoiement. « Il n’y a aussi jamais de méchants dans nos histoires, parce que dans l’imaginaire de Toupie, il n’y a pas de méchants, il y a juste des erreurs, des gaffes », souligne son complice.

Toupie est effectivement très gaffeur. Expressif, naïf et joyeux, il s’émerveille devant tout. Son acolyte Binou, un minuscule chat muet, est plutôt calme et réfléchi, mais aussi farceur. D’où viennent les traits de personnalité des deux amis ?

C’est moi ! Je suis Toupie et Binou. Quand Toupie est drama queen, quand Toupie est naïf, ça fait partie de moi. […] Puis, je me calme et je vois les choses différemment. Je suis exactement les deux.

Dominique Jolin

Après le film, Toupie et Binou feront-ils un retour à la télé ? Les deux scénaristes l’espèrent. Mais d’ici là, ils travaillent chacun de leur côté sur des projets de livre ainsi qu’ensemble sur un nouveau dessin animé.

Toupie et Binou : le film, en salle ce vendredi

Nouveaux personnages

Geneviève Schmidt

IMAGE FOURNIE PAR SPHÈRE FILMS

La magnifique princesse

« C’est mon premier rôle de princesse à vie », dit en rigolant Geneviève Schmidt lorsqu’on lui demande de décrire le personnage auquel elle prête sa voix. Celle qui n’a pas de prénom, mais qui a un titre, soit « magnifique princesse », a beaucoup de caractère. « Elle est condescendante, me, myself and I, égoïste… », énumère la comédienne. Même si elle a un côté antipathique, la « magnifique princesse » est aussi très drôle.

Anne Dorval

IMAGE FOURNIE PAR SPHÈRE FILMS

Binou et Dorothée

Anne Dorval adore faire du doublage, encore plus lorsqu’il s’agit de dessins animés. « On dirait qu’on a plus de libertés, souligne celle qui prête sa voix à Dorothée. Mon personnage, c’est un génie bienfaisant, mais qui est accro à son téléphone cellulaire. Elle a ce petit défaut qui est bien présent chez beaucoup de jeunes et d’adultes. Ça me faisait beaucoup rire. C’est quelqu’un […] qui est toujours dans l’excès de bonheur, de bienveillance, d’optimisme. Je trouve ça beau. »

Stéphane Rousseau

IMAGE FOURNIE PAR SPHÈRE FILMS

Jean-Jacques (à gauche) et Jacques-Henri

« Jumeau identique » de Jacques-Henri, Jean-Jacques « est un peu craintif sur à peu près tout », affirme Stéphane Rousseau. Si les deux frères se trouvent dans le monde des objets perdus, c’est qu’ils cherchent leur père. Une situation qui illustre bien le côté « déjanté » de Toupie et Binou que le comédien dit apprécier. Enfant, son fils a d’ailleurs écouté la série en boucle. « J’aimais beaucoup cet univers-là », confie Stéphane Rousseau.

Xavier Dolan

IMAGE FOURNIE PAR SPHÈRE FILMS

Jacques-Henri (à gauche) et Jean-Jacques

« Mon personnage, dans la bonne humeur et la bienveillance, essaie de prendre soin de son frère », indique Xavier Dolan, au sujet de Jacques-Henri. Il tente de montrer la voie à Jean-Jacques et de lui insuffler de la confiance. « C’est assez beau, d’ailleurs, quand on y pense, souligne-t-il. C’est fait dans l’humour et dans le ridicule, mais, en profondeur, il y a un message de fraternité qui est important. »

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  • 600 000
    Nombre de livres vendus
    Source : Écho Média
    30
    Nombre de langues dans lesquelles la série a été traduite
    Source : Écho Média
  • 360 millions
    Nombre de vues sur YouTube
    Source : Écho Média