(Montréal) L’intérêt pour les véhicules électriques ou hybrides ne cesse de croître au Québec. Selon un sondage, 55 % des répondants seraient ouverts à l’idée d’acheter un véhicule écologique. Mais entre les intentions d’achat et le passage à l’acte, il y a tout un pas à franchir.

D’abord, la majorité des acheteurs potentiels sont motivés par les incitations gouvernementales, et ce, dans 80 % des cas, révèle un sondage du site autoHEBDO.net

C’est donc moins d’un quart de la population qui serait prête à se procurer un véhicule vert au plein prix.

D’ailleurs parmi ceux qui sont motivés par l’achat d’un véhicule électrique en raison des aides gouvernementales, 44 % disent que le montant minimal de la subvention devrait être d’au moins 10 000 $ ; et 19 % estiment que le montant devrait osciller entre 4000 $ et 6000 $.

À l’heure actuelle, Québec offre un rabais pouvant aller jusqu’à 8000 $ pour l’achat ou la location d’un véhicule électrique neuf.

Toutefois l’aide financière pour les véhicules hybrides non rechargeables et les véhicules basse vitesse a été abolie. En contrepartie, une aide financière bonifiée pour les véhicules basse vitesse est offerte par le programme Transportez vert depuis le printemps 2020, note-t-on sur le site du gouvernement du Québec.

Incitatifs et rabais

Souvent critiqué pour ses pratiques, Uber suit la tendance et prend un virage écologique. Il a lancé la semaine dernière le service Uber Vert à Montréal et Québec sur le marché québécois.

Son intention est de verdir sa flotte de voitures pour atteindre zéro émission en Europe, aux États-Unis et au Canada d’ici 2030, puis dans le reste du monde en 2040.

Le géant mondial veut inciter les chauffeurs à troquer leurs véhicules à essence pour des véhicules électriques ou hybrides et il promet de les accompagner dans cette transition avec un coup de pouce financier.

Ainsi il a conclu une entente avec des constructeurs automobiles afin d’offrir un rabais à ses chauffeurs à l’achat d’un véhicule vert.

Mais a-t-on nécessairement besoin de rabais ou de subventions pour encourager les gens à adopter des voitures électriques ?

L’auto électrique est chère

Pierre Barrieau, chargé de cours en urbanisme et en planification de transport à l’Université de Montréal et à l’UQAM, estime que oui. Du moins pour le moment.

« Pour amorcer cette transition-là, il faut la subventionner massivement », dit-il.

L’expert explique que même si pour le moment l’auto électrique demeure plus coûteuse, chaque fois que l’État la subventionne, il subventionne en fait une industrie qui vise à moyen terme à être concurrentielle face aux autos à essence.

« Sans subvention, on ne pourrait pas parvenir à des technologies qui seraient réellement souhaitables, poursuit-il. Ça coûterait tellement cher en recherche et développement, qu’aucune compagnie ne pourrait absorber ces frais-là. »

Alors pour que la voiture électrique devienne le modèle de choix, il faut selon lui stimuler l’industrie automobile pour qu’elle poursuive ses innovations dans la voiture verte.

Comme Tesla a su le faire, cite-t-il en exemple.

« Elle a été capable, en levant de l’argent à la bourse et à travers différents fonds, de démontrer la viabilité économique de la voiture électrique sur le marché. »

Québec, Ontario, Colombie-Britannique

Il explique aussi qu’historiquement au Canada, les trois provinces qui ont toujours su se démarquer dans le marché de la voiture écologique sont le Québec, l’Ontario et la Colombie-Britannique.

Depuis l’arrivée du gouvernement de Doug Ford qui a coupé massivement dans les subventions de l’automobile verte, la demande pour ces véhicules a chuté en Ontario, affirme M. Barrieau.

Si bien que Volkswagen qui a récemment lancé son modèle ID.4, un véhicule utilitaire sport (VUS) 100 % électrique, a choisi de concentrer ses efforts au Québec et en Colombie-Britannique, fait remarquer le chargé de cours.

Il ajoute que le Québec est l’un des marchés nord-américains les plus importants dans le secteur des véhicules électriques.

D’autant plus qu’au « Québec, c’est réellement un choix vert » puisque la grande majorité de l’électricité produite dans la province provient de l’énergie éolienne, solaire ou hydro-électrique.

Raisons qui freinent l’achat

Mené en ligne auprès de 700 personnes, entre le 29 mars et le 15 avril, le coup de sonde d’autoHEBDO.net conclut également que le coût de la voiture électrique qui est plus élevé (51 %), la distance de voyage limitée (45 %) et le manque d’accessibilité aux bornes de recharge (37 %) font partie des trois raisons pour lesquelles 45 % des Québécois sondés ne comptent pas s’en procurer une dans un proche avenir.

Par ailleurs, moins d’une personne sur 10 (9 %) possède actuellement un véhicule électrique au Québec.

Certes, les gens se renseignent de plus en plus au sujet de ces véhicules, comme en témoigne la hausse des recherches qui ont augmenté de 29 % à la fin de l’année 2020 par rapport à l’exercice précédent selon les chiffres communiqués par le site web.

Toutefois, les raisons de songer à une voiture hybride ou électrique n’ont pas toujours à voir avec l’environnement.

Ainsi l’économie d’essence arrive au premier rang (76 %) des raisons principales qui incitent les gens à allonger quelques billets pour rouler vert.

La protection de l’environnement (60 %) arrive en deuxième place suivie du peu de la maintenance (54 %) que requiert un tel engin.

Cet article a été produit avec l’aide financière des Bourses Facebook et La Presse Canadienne pour les nouvelles.