(Ottawa) Les défenseurs des voitures électriques poussent Ottawa à investir plus d’argent dans son populaire programme pour encourager l’achat ou la location de véhicules zéro émission, car celui-ci est sur le point de manquer de liquidités plus d’un an avant l’échéance.

Selon des données de Transports Canada obtenues par La Presse Canadienne cette semaine, 75 % des 300 millions prévus par ce programme ont déjà été dépensés, à peine 15 mois après son lancement.

Le programme doit s’étendre jusqu’au 30 avril 2022.

Le gouvernement proposait un incitatif de 5000 $, pour l’achat ou la location d’un véhicule électrique à batterie, d’un véhicule à pile à hydrogène ou d’un véhicule hybride électrique rechargeable pouvant franchir de longues distances.

Mais au 31 juillet de cette année, plus de 225 millions avaient été versés à 53 510 conducteurs.

« Ce n’est pas une surprise pour moi », dit Daniel Breton, président de Mobilité électrique Canada, un organisme sans but lucratif qui milite pour l’électrification des transports.

Les achats de voitures électriques ont régulièrement augmenté, passant de 2 % de toutes les ventes en 2018 à 3 % l’année dernière et à près de 4 % au cours des trois premiers mois de 2020.

Mais la participation au programme est fortement concentrée dans seulement trois provinces. Le Québec et la Colombie-Britannique, qui offrent des rabais provinciaux en plus des incitatifs fédéraux, représentent ensemble 86 % de l’ensemble du montant versé.

Douze % du montant a été versé à des conducteurs ontariens à qui le gouvernement provincial offrait une remise jusqu’en 2019. Les 2 % restants ont été partagés par les sept autres provinces et les trois territoires.

M. Breton souligne que le rabais provincial supplémentaire rend l’achat de ce type de véhicule plus attrayant au Québec et en Colombie-Britannique, mais les constructeurs automobiles y expédient également plus de voitures électriques à cause des quotas de vente. La disponibilité des modèles électriques est limitée et de nombreux conducteurs doivent attendre des semaines ou des mois pour en avoir un.

Cara Clairman, cheffe de la direction du groupe de défense sans but lucratif Plug’n Drive, espère que le gouvernement fédéral offrira plus d’argent pour les remises lorsque les sommes prévues au programme auront été versées.

« Nous avons besoin de quelques années de plus, soutient-elle. On doit le considérer comme un programme sur les changements climatiques. »

Le Canada s’est fixé comme objectif que 10 % de tous les véhicules automobiles vendus soient électriques d’ici 2025, 30 % d’ici 2030 et 100 % d’ici 2040. M. Breton ne croit pas que ses objectifs seront atteints si le programme n’est pas étendu.

M. Breton souhaite que les incitatifs soient étendus aux véhicules électriques et hybrides d’occasion, qui sont désormais plus faciles à trouver que les neufs dans de nombreux cas.

La lettre de mandat du ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie mentionnait l’idée d’offrir « une remise de 10 % jusqu’à concurrence de 2000 $ sur l’achat d’un véhicule usagé à zéro émission ». Rien n’a encore été annoncé à ce sujet.

Dans sa lettre de mandat, le ministre des Transports Marc Garneau s’était vu confier la mission de travailler avec le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, le ministre des Ressources naturelles et le ministre de l’Environnement et du Changement climatique « afin d’atteindre nos cibles pour les véhicules zéro émission : 10 % des ventes annuelles de véhicules légers d’ici 2025, 30 % d’ici 2030 et 100 % d’ici 2040 ».

Quelque chose était attendu dans le budget fédéral de mars, cela a été repoussé à cause de la pandémie.

La porte-parole de M. Garneau ne pouvait dire jeudi si le programme d’incitatifs serait élargi.

« Ce programme se poursuit. Les consommateurs peuvent profiter des incitatifs, a répondu Livia Belcea dans un courriel. Toute modification au financement du programme sera examinée au moment opportun et au besoin. »