Les régulateurs et limiteurs de vitesse favorisent l'hypovigilance au volant et une moindre maîtrise du véhicule, selon une étude de l'Université de Strasbourg dévoilée par la Fondation Vinci Autoroutes.

L'étude, réalisée par le Centre d'investigations neurocognitives et neurophysiologiques (Ci2N) de l'Université de Strasbourg, «révèle une détérioration des capacités attentionnelles, et donc de réaction face au danger» des personnes conduisant une voiture équipée d'un régulateur ou d'un limiteur de vitesse, explique un communiqué de la Fondation Vinci Autoroutes.

«En raison d'une vitesse plus difficile à moduler», ces équipements incitent «les conducteurs à rester plus longuement sur la voie de dépassement et à se rabattre moins fréquemment sur la voie de droite», tandis que «les distances de sécurité (...) diminuent en moyenne de 5 % avant le déboîtement et de 10 % (environ 4 mètres) au moment du rabattement», selon le texte.

De plus, l'étude montre «une maîtrise plus aléatoire de la trajectoire rectiligne du véhicule en cas d'utilisation du régulateur ou du limiteur», car le conducteur «réaligne moins souvent la position de son véhicule (-25 %)», ce qui augmente «l'amplitude des ajustements latéraux (jusqu'à +22 % avec le limiteur et +33 % avec le régulateur)». Le phénomène s'accroît avec l'augmentation de la durée du trajet.

Enfin, «la capacité de réaction, notamment en situation d'urgence, est également sensiblement amoindrie». Le temps de réaction à un événement quelconque (ralentissement, accident) est allongé en moyenne d'une seconde, soit 40 mètres supplémentaires parcourus à 130 km/h avant de freiner.

Des électroencéphalogrammes ont montré la baisse de vigilance des conducteurs-cobayes. La fréquence des épisodes de somnolence augmente avec un régulateur de 25 % à partir d'une heure de conduite, et de 16 % avec un limiteur.

Le professeur André Dufour, qui a piloté l'étude, conseille de «désactiver le régulateur lorsque le trafic est dense, ou à l'approche de zones spécifiquement signalées, telles que les zones de travaux ou les péages. Une vigilance accrue s'impose également lors des longs trajets: l'utilisation prolongée de ces outils nécessite d'augmenter la fréquence des pauses, de façon à permettre au conducteur de multiplier les périodes de récupération de son niveau d'éveil».

Ce sont 90 personnes (45 hommes et 45 femmes) qui ont participé à l'étude, réalisée sur un simulateur de conduite qui leur faisait effectuer un trajet sur autoroute de 120 km, en présentant quatre scénarios (approche d'un péage, accident d'autocar, travaux sur la chaussée, présence d'un radar).