Le ralentissement de la croissance du marché automobile chinois ne refroidit pas les ardeurs des constructeurs chinois et étrangers, car ils visent une nouvelle clientèle dans les villes moyennes et à l'intérieur du pays.

«Nous devrions avoir une croissance de 5 à 6% des ventes» de voitures particulières cette année en Chine en tout, a affirmé le PDG de l'entreprise japonaise Nissan et de son allié français Renault, Carlos Ghosn.

L'allemand Volkswagen, un des plus gros acteurs en Chine, table pour sa part sur une progression entre 5 et 10%.

Après une croissance explosive en 2009 et 2010, le marché automobile a brutalement ralenti l'an dernier après la fin d'aides gouvernementales à l'achat de véhicules de petite cylindrée, avec seulement 2,5% de hausse du nombre de véhicules vendus, pour un total de 18,51 millions de véhicules.

Les voitures de tourisme, premier segment du marché, ont tout de même affiché une croissance de 5,2%, à 14,5 millions d'unités - environ 10% en excluant les fourgonnettes, qui sont incluses dans cette catégorie par les statistiques de l'Association chinoise des constructeurs automobiles (CAAM).

Pour preuve de l'appétit des groupes étrangers, l'italien Fiat, absent jusqu'à maintenant, commencera en juin la production locale dans sa toute nouvelle usine de Changsha, et le français Renault, qui avait déjà fait part de sa volonté d'avoir une usine dans le pays, vient de signer un protocole d'accord avec le chinois Dongfeng. Ce dernier travaille déjà avec son partenaire Nissan.

L'américain Chrysler espère annoncer bientôt le retour de sa marque Jeep. Il pourrait s'installer à Wuhan (centre), où Dongfeng possède un site et où sont implantés les constructeurs étrangers PSA Peugeot Citroën, Honda et bientôt General Motors.

Le gouvernement chinois «ne permet pas d'ajouter des capacités (de production) sur la côte», où se concentre déjà l'essentiel de l'activité automobile, a expliqué le tout nouveau directeur de Renault en Chine, Katsumi Nakamura.

«Wuhan n'est pas une ville côtière, donc pourquoi pas? Mais aucune décision n'a été prise pour l'instant», a-t-il ajouté.

La situation est la même pour Volkswagen, implanté depuis 25 ans en Chine, où il a déjà de nombreuses usines, toutes situées dans l'Est, à l'exception de celle de Chengdu, dans la province du Sichuan (sud-ouest).

La prochaine sera située à l'autre extrémité du pays, dans le Xinjiang (nord-ouest). «Nous pensons qu'il existe un grand potentiel dans l'ouest de la Chine», a expliqué dimanche soir le responsable des ventes du groupe Volkswagen, Christian Klingler.

Volkswagen avait fait part en début d'année de sa volonté de renforcer sa présence à l'intérieur du pays. «La nouvelle usine n'est qu'une partie de notre stratégie nommée "go west"», a souligné M. Klingler.

Le constructeur allemand haut de gamme BMW lorgne aussi le centre et l'ouest du pays, ainsi que les villes moyennes à l'échelle de la Chine. Pas question d'y produire pour l'instant, mais il y étend son réseau de concessionnaires, comme d'autres marques étrangères.

Plusieurs groupes, de Volkswagen à BMW, en passant par PSA et le suédois Volvo, ont aussi fait part de leur volonté de créer une marque spécifique en Chine pour répondre aux exigences du gouvernement.

Volvo et son propriétaire chinois Geely veulent lancer «une nouvelle marque en coentreprise pour le marché chinois», a déclaré à l'AFP Doug Speck, vice-président de Volvo chargé du marketing et des ventes.