Aucune des plus prestigieuses marques automobiles de luxe n'a manqué le rendez-vous du salon de Shanghai cette semaine, misant sur le dynamisme du marché chinois et le pouvoir d'achat de ses grandes fortunes pour défier l'impact de la récession.

En prenant en compte les taxes -assez élevées en Chine-, la gamme Phantom de Rolls-Royce, dont les véhicules étaient présentés à Shanghai, débute à six millions de yuans. Et de plus en plus de Chinois peuvent se les offrir.«Nous sommes partis d'un tout petit nombre de voitures vendues ici en 2003 jusqu'au point où désormais la Chine est une partie substantielle de nos ventes, le troisième marché au monde», explique à l'AFP Tom Purves, PDG de Rolls-Royce Motor Cars.

La Chine abrite 51 000 grosses fortunes, qui pèsent, chacune, plus de 100 millions de yuans, selon une étude publiée la semaine dernière par le magazine Hurun. Et, pour Rolls-Royce, la Chine est arrivée derrière les Etats-Unis et la Grande-Bretagne l'année dernière avec des ventes supérieures à cent unités.

Son «showroom» de Pékin est également le troisième, derrière Abou Dhabi et Dubaï, et devant Beverly Hills et Londres, selon M. Purves.

Le groupe, racheté en 2003 par le groupe allemand BMW et qui dispose de sept concessionnaires en Chine, prévoit d'en ouvrir un autre dans la ville de Ningbo et d'agrandir celui de Canton.

«C'est un tout nouveau marché et par conséquent nous nous devons de présenter nos produits dans des endroits auxquels nous n'aurions pas normalement pensé», dit-il.

Ainsi, outre les salons de Shanghai et de Pékin, Rolls-Royce est présent lors d'événements locaux, pas forcément pour vendre mais pour faire connaître la mythique marque auprès des consommateurs chinois.

«Beaucoup d'entre eux n'en ont jamais vu, car nous n'avons pas la même histoire que, par exemple, en Inde, où nous sommes présents depuis 1906», souligne M. Purves, ajoutant que ses concurrents, comme Maserati et Lamborghini, font de même.

Ferrari, qui fait preuve du même optimisme face au marché chinois, y a lancé cette semaine à Shanghai sa dernière voiture de sport, la California, au style rétro, lors d'un événement où a même été projeté un film du réalisateur de Hollywood Michael Mann, connu en Chine pour avoir fait tourner la star du pays Gong Li.

La California est vendue 3,4 millions de yuans, taxes comprises.

Selon le porte-parole de Ferrari, Stefano Lai, la marque a été surprise par la jeunesse de ses clients chinois, attirés en partie par les liens de la firme avec la Formule 1. Un contraste par rapport aux autres marchés.

«Nous parlons de gens qui ont environ 30 ans et la chose surprenante est que 25% d'entre eux sont des femmes, ce qui est beaucoup plus élevé qu'ailleurs», dit M. Lai à l'AFP.

Après cinq ans de présence en Chine, Ferrari occupe 46% du marché des voitures de sport, selon M. Lai, et les ventes ont progressé de 20% l'année dernière à 212 unités.

Porsche a également choisi Shanghai pour présenter sa nouvelle Panamera, une berline quatre portes qui coûtera 2,5 millions de yuans.

Et même les marques chinoises, jusqu'ici cantonnées dans les voitures bon marché, se sentent pousser des ailes.

Geely a profité du salon pour exhiber sa GE (Geely Excellence), une voiture haut de gamme qui ressemble fortement à la Phantom de Rolls Royce...