Sur l'échelle de l'émotivité, la Chevrolet Malibu se situe à peu près au même niveau que la soporifique Toyota Corolla. Comme cette dernière, c'est aussi une voiture sans histoire qui n'a d'autre but que de vous mener d'un endroit à un autre avec un minimum de flafla. Sachez tout de suite que si vous recherchez un brin d'excitabilité au volant de votre voiture, vous auriez intérêt à aller voir ailleurs. La Malibu était de mon temps (et je parle des années 60) une bonne servante qui, même si elle a suivi la courbe ascendante de la technologie, reste encore en 2013 une automobile sage et durable. Comme la Corolla, d'ailleurs!

Pour l'année-modèle 2012, la Chevrolet de monsieur ou madame Tout-le-monde a fait peau neuve, même si les changements ne sautent pas aux yeux. On la dit plus aérodynamique, ce dont on ne saurait douter quand on constate le silence qui règne dans l'habitacle et une résistance au roulement quasi inexistante. Avec un coefficient de traînée de seulement de 0,29 Cd, il ne faut pas s'en surprendre. Les pneus y sont aussi pour quelque chose, tout en étant à critiquer pour leur peu d'adhérence sur asphalte mouillé.

Il faut préciser que les pneus font partie de l'équipement de la version hybride mise à l'essai et qu'ils contribuent à diminuer la consommation à des chiffres plutôt renversants pour une voiture de format intermédiaire d'une taille similaire à la Toyota Camry, la Honda Accord ou la Hyundai Sonata. Avec le moteur Ecotec quatre cylindres de 2,4 litres et de 182 chevaux secondé par le moteur électrique de 15 chevaux, j'ai réussi à obtenir une consommation de 5,5 L aux 100 km sur l'autoroute. En y ajoutant un parcours en banlieue, on arrive à 7,5 L de moyenne, tandis que l'ajout d'un parcours urbain amène la consommation finale à 8,5 L aux 100 km. Dans les embouteillages en ville, le moteur s'arrête dès que le véhicule s'immobilise et reprend sans délai quand on relâche le frein. On note aussi, en faisant le plein, que General Motors s'est mis à l'heure européenne en plaçant l'orifice de remplissage du réservoir à essence du côté droit.

Devant la Camry

En se livrant au jeu des comparaisons, on doit reconnaître qu'en matière de consommation, la Toyota Camry a un mince avantage sur l'américaine. Chose certaine, la Malibu n'est plus la voiture de location exécrable qu'on a connue dans le passé.

Pour ceux que les hybrides laissent froids, cette Chevrolet propose deux autres motorisations: un quatre-cylindres 2,5 litres, avec ou sans turbo, pour des puissances respectives de 259 et 197 chevaux. Dans tous les cas, une transmission automatique à six rapports est au rendez-vous, tout comme les freins à disques, une suspension à quatre roues indépendantes et une direction ZF. Tout cela dans une fourchette de prix allant de 24 995$ à 33 465$.

En abordant le volet des performances, la Malibu hybride se range du côté de la normalité. Bref, ce n'est ni bon ni mauvais avec un chrono de 9,5 secondes de 0 à 100 km/h et des reprises équivalentes, soit 8,9 secondes pour compléter le dépassement d'un véhicule entre 80 et 115 km/h. C'est tranquille, mais n'est-ce pas ce que recherche l'acheteur type d'une voiture comme celle-là.

Tout ce qu'un essai d'environ 500 kilomètres nous apprend, c'est que nous sommes en présence d'une voiture que l'on décrit platement comme étant d'une belle homogénéité. Elle ne fait rien de façon sensationnelle (à part son silence de roulement monacal peut-être), mais que ce soit au plan du comportement routier, du freinage ou de la direction, elle mérite la note de passage. Il faut même insister pour se rendre compte que l'on a affaire à une traction.

Héritage européen

On appréciera particulièrement le confort de la suspension et la solidité de la caisse. Ses qualités dynamiques, la Malibu les doit à la voiture dont elle emprunte l'architecture, l'Opel Insignia allemande, lauréate du prix de la «voiture de l'année» en Europe.

S'il est un domaine où la Chevrolet Malibu 2013 s'illustre davantage, c'est dans son habillage intérieur. Cela commence du côté des sièges qui brillent non seulement par leurs surpiqûres contrastantes, mais par un confort au-dessus de la moyenne. On s'imagine facilement dans une voiture haut de gamme, admirant un tableau de bord enveloppant d'une conception très originale. La visibilité moyenne vers l'arrière est atténuée par la présence d'un écran branché à une caméra renvoyant des images de ce qui se trouve à l'arrière de l'auto. Dix coussins gonflables font également partie de l'équipement de série de ce nouveau modèle, une police d'assurance rassurante. Les rangements ne manquent pas et il y en a même un, très secret, logé derrière l'appareil de radio.

Sans surprise

En matière d'habitabilité, on se trouve à l'aise autant à l'avant qu'à l'arrière, quoique dans ce dernier cas, l'espace est un peu mesuré que ce soit pour la tête ou les jambes. Le coffre à bagages voit aussi sa capacité diminuer par la présence des batteries lithium-ion de la version hybride.

Pour cette nombreuse clientèle qui se fiche des temps d'accélération ou de la poussée latérale en virage, la Chevrolet Malibu poursuit depuis 34 ans son rôle de voiture sans tracas facile à conduire et sans surprise. Il suffit d'examiner sa finition soignée pour se rendre compte que General Motors a enfin compris que sa réputation repose sur la longévité de ces modèles populistes dont les 8,5 millions de propriétaires sont les meilleurs propagandistes. Dans sa dernière itération, la Malibu devrait inciter les acheteurs de Toyota ou de Honda à faire un détour chez un concessionnaire Chevrolet.

Photo : Jacques Duval, collaboration spéciale

Un tableau de bord enveloppant caractérise la présentation intérieure de la Chevrolet Malibu 2012.