Qui n'aimerait pas épargner 25 000$ à l'achat de son automobile de rêve?

Avec un huard en aussi bonne santé par rapport à la devise américaine, l'achat d'une voiture d'occasion outre frontière n'a jamais été aussi alléchant, surtout si l'on est en quête d'un modèle dispendieux. Que ce soit pour un véhicule de prix abordable ou une perle rare, il faut toutefois faire ses classes avant de s'aventurer dans une telle transaction. Il existe des «courtiers» qui, pour des tarifs variant de 2000$ à 3000$, s'occuperont pour vous de toute la paperasse, qu'elle soit d'ordre mécanique ou légal. Ce n'est pas donné, c'est sûr, mais on s'évitera bien des ennuis si l'on n'est pas familier avec le marché de l'automobile d'occasion.

Spécialiste dans le domaine, Paul-André Gélinas, qui a à son actif l'importation d'environ 150 voitures, raconte qu'un individu a récemment perdu la somme de 140 000$ après avoir expédié un chèque visé à un concessionnaire des États-Unis qui avaient fermé ses portes lorsque le client s'est présenté à l'établissement pour récupérer sa voiture. Pour éviter ce genre de déboire, il faut être vigilant et se renseigner sur tous les aspects de la loi et surtout sur les frais reliés à ce genre de transactions.

Des frais variables

En tout premier lieu, il faut savoir que seuls les véhicules fabriqués aux États-Unis ou au Mexique ayant moins de 15 ans sont exempts de la taxe d'importation de 6,1%. Ainsi, une voiture de 50 000$ qui ne répond pas à ce critère entraînera un premier déboursé de 3050$. Parmi les autres dépenses à prévoir, il y a les frais de courtage d'environ 250$, la préparation de divers formulaires (65$), l'inspection de la SAAQ chez Canadian Tire afin de s'assurer que le véhicule satisfait aux normes du RVI (Registraire des véhicules importés) ainsi que des frais d'homologation de 250$. À cette somme, il faut ajouter la mise aux normes canadiennes (phares de jour, indicateur de vitesse) dont le prix peut varier d'un véhicule à l'autre et l'entreposage à la frontière, si jamais il manque un des documents requis. Une autre dépense substantielle à comptabiliser est le coût du transport, préférablement dans un camion fermé. Plus la distance à parcourir entre le vendeur et la frontière canadienne est grande, plus les frais sont importants. À partir de l'état de New York, on s'en tirera pour 600$ ou moins tandis qu'il faut compter autour de 2000$ si le véhicule provient du Texas ou de la Californie.

Attention aux imprévus

Si l'on ajoute ces montants au tarif d'un courtier, on doit s'attendre à débourser environ 7500$ en sus du prix d'achat sur un véhicule payé 50 000$. D'où l'importance de bien se documenter avant d'acheter afin que l'économie réalisée sur le prix de la voiture ne soit pas annulée par les frais d'importation.

Depuis plusieurs mois, les différences de prix entre les États-Unis et le Canada se sont amenuisées. Pour de nombreuses marques courantes, l'écart n'est souvent que de 15% et c'est surtout sur les véhicules de luxe ou haute performance que les différences sont les plus notables. Il n'est pas rare de pouvoir acheter outre frontière une Ferrari, une Porsche ou une Lamborghini pour 25 000$ de moins quand ce n'est pas davantage.

Ce genre d'achat doit cependant faire l'objet d'une bonne recherche afin d'éviter des déceptions ou des frais imprévus.

M. Gélinas cite l'exemple d'un acheteur qui a fait l'acquisition d'un motorisé pour se rendre compte à la frontière de l'existence d'un règlement obligeant que les matelas du véhicule aient été soumis à la fumigation. Le véhicule a été immobilisé plusieurs jours jusqu'à ce qu'il devienne conforme à la loi canadienne, occasionnant des déboursés additionnels.

Sachez que...

Si jamais, vous comptez entreprendre l'importation d'un véhicule des États-Unis prochainement, d'autres renseignements pourraient vous être utiles, selon Paul André Gélinas. Il est toujours préférable de transiger avec un concessionnaire de la marque envisagée. Celui-ci pourra notamment vous fournir un document (CarFax) relatant l'historique de la voiture depuis sa mise en service. On peut rarement s'attendre par ailleurs à des rabais, car les Américains sont souvent intransigeants en affaire. Il est impérieux de se présenter à la frontière avec tous les formulaires en mains, car l'absence d'une seule signature peut paralyser la transaction. En passant, les douaniers sont rarement commodes dans de telles circonstances.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

Une voiture comme cette Aston Martin Vantage 2009 risque de vous coûter beaucoup moins cher si vous l'importez des États-Unis.

N'oubliez pas que les vendeurs sont des vendeurs. Ils ne craindront pas de faire de l'intimidation en vous disant qu'un confrère a un client pour la voiture qui vous intéresse ou que l'on a déjà reçu un dépôt.

Une question souvent posée est celle-ci: un concessionnaire du Québec peut-il refuser d'assurer la garantie restante sur une auto. La réponse est «oui», mais en de très rares occasions. En revanche, on ne vous fera pas le plus beau des sourires, soyez-en sûr.

Finalement, l'achat d'une auto neuve aux États-Unis risque d'être plus difficile, car les concessionnaires sont menacés de perdre leur franchise s'ils vendent un véhicule en dehors de leur territoire. Dans le cas de voitures d'occasion, l'avantage principal est le choix de modèles, de couleurs et de véhicules pratiquement neufs.

En suivant cet ABC d'un achat outre frontière, vous devriez être en mesure de contourner tous les pièges d'un marché qui n'est pas sans hasard.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

Malgré sa rareté, cette Lamborghini Murcielago décapotable coûtera facilement 50 000$ de moins aux États-Unis qu'au Canada