Pendant toute la seconde moitié du XXe siècle, le monde n'a connu que deux représentantes de l'aristocratie automobile: la Rolls-Royce et la Bentley. Voitures des rois, des princes couronnés, des potentats et des magnats du pétrole ou de la haute finance, ces immenses berlines humant le cuir, brillantes de chromes et décorées de bois précieux ont été les voitures d'apparat d'une classe à part.

Une voiture comme la Bentley Azure est une des dernières représentantes de ces voitures première classe, les Continental et Silver Spur n'étant que l'exploitation d'un nom prestigieux avec des voitures moins chères et moins soigneusement habillées.

Je vous avouerai qu'en 50 ans de carrière, je n'étais jamais monté dans l'une ou l'autre pour la simple raison que les relations publiques de ces maisons cultivent leurs liens avec soit la presse financière, soit les clubs privés, au lieu de journalistes qui, entre deux essais, se promènent souvent à pied. Je m'attendais donc à une expérience automobile presque sacrée en prenant le volant de cette Bentley Azure cabriolet d'un bleu nuit resplendissant avec une sellerie en cuir presque blanc et suffisamment de bois sur la planche de bord pour tapisser l'intérieur d'un country club.

Aucun doute possible, l'emballage est d'une classe à part et on devine que les ouvriers de l'usine de Crowe en Angleterre sont de vieux artisans qui s'appliquent à assembler la carrosserie de ces palaces roulants avec une très longue expérience.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

La Bentley Azure, une des dernières représentantes de ces voitures première classe.

400 000$ pour l'apparence

Malgré tout, toutes les commandes sont éparpillées çà et là et il faut apprendre à les repérer. Aucun instrument n'y manque et il est plaisant de pouvoir consulter un manomètre à la place de témoins lumineux.

En revanche, cette Bentley s'en remet toujours à une clé pour faire démarrer le moteur plutôt qu'à un bouton «start stop» de plus en plus fréquent dans les voitures haut de gamme. Le confort des sièges est irréprochable et la finition intérieure permet de comprendre pourquoi on doit débourser plus de 400 000$ pour s'offrir un tel bijou. La capote bien tendue, bleu nuit également, est étanche au vent et il est permis de converser sans se faire déranger par des bruits éoliens.

Par ses dimensions imposantes et un poids d'environ 6000 livres, ce cabriolet a les moyens de réserver un espace satisfaisant aux passagers arrière.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

La Bentley Azure affiche une sellerie en cuir fin presque blanc et suffisamment de bois exotique sur la planche de bord pour tapisser l'intérieur d'un country club.

Les secrets du chauffeur

Là où l'ambiance se détériore, c'est lorsque l'on prend la route et que l'on découvre une voiture dont le châssis avoue sa vétusté par une mollesse qui s'amplifie au contact d'une direction à la légèreté encore jamais vue. Le moteur V8 turbo de 6,8 litres de 450 chevaux manifeste de la bonne volonté à moyen régime grâce à un couple solide, mais le poids excessif a vite fait de lui rendre la tâche plus difficile à haute vitesse.

Le mode sport de la suspension est de rigueur pour éviter que la voiture roule et tangue comme un bateau. Au moins, nos routes les plus infâmes ne réussissent pas à prendre en défaut la carrosserie qui demeure silencieuse en tout temps. De toute évidence, ces grosses Bentley privilégient le confort avant tout et n'offrent pas une expérience de conduite mémorable.

Ce serait peut-être la raison pour laquelle leurs propriétaires confient la conduite de ces mastodontes à un chauffeur privé.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

Là où l'ambiance se détériore, c'est lorsque l'on prend la route et que l'on découvre une voiture dont le châssis avoue sa vétusté par une mollesse qui s'amplifie au contact d'une direction à la légèreté encore jamais vue.