Je me méfie de tous ceux qui prêchent la bonne parole écologique en commettant les pires exagérations afin de donner plus de poids à leurs arguments. C'est, selon moi, une méthode qui enlève toute crédibilité à des propos souvent dignes d'être entendus.

Je prends l'exemple de mon collègue Daniel Breton, qui lors de l'émission «L'après-midi porte conseil» animée par Dominique Poirier à la première chaîne de Radio-Canada, a déclaré qu'une voiture hybride consommait entre 40 et 55 % moins d'essence qu'une auto similaire munie d'un seul moteur thermique.

 

Selon mon expérience personnelle, les résultats obtenus au cours de plusieurs essais de voitures à double motorisation (essence et électrique) démontrent une différence d'environ 20% en faveur de l'hybride, pas de 30, 40 ou 55%. Pour en avoir le coeur net, j'ai convié mon écolo préféré à un essai comparatif mettant en présence une Honda Civic ordinaire et une Honda Civic hybride, toutes deux à transmission automatique. Pour un face-à-face visant à établir la différence de consommation entre les deux types de motorisation, on ne pouvait demander mieux.

 

C'est ainsi que jeudi dernier, M. Breton et moi-même avons fait face à la première chute de neige de la saison en conduisant nos deux cobayes tant sur la route qu'en ville. Partant de chez Honda Canada à Boucherville, nous nous sommes rendus jusqu'à Saint-Hyacinthe par l'autoroute pour ensuite revenir sur nos pas et rentrer à Montréal en pleine heure de pointe par le pont-tunnel Louis-Hyppolite-Lafontaine. Nous avons par la suite dû subir les bouchons de circulation comme tout le monde pour nous rendre finalement jusqu'au pont Jacques-Cartier, que nous avons traversé pour retourner à notre point de départ.

 

La distance totale parcourue fut précisément de 107 kilomètres.

 

Le verdict

 

Comme nous l'avions fait au départ, mon compagnon a rempli le réservoir d'essence de ma Honda Civic jusqu'à ras bord pendant que je faisais de même sur sa Civic hybride. La première a brûlé 6,416 litres d'essence ordinaire pour une moyenne de 5,996 litres aux 100 km tandis que la seconde n'a avalé que 5,390 litres de carburant, représentant une moyenne de 5,037 litres aux 100. Sans se perdre dans les décimales, cela donne un avantage d'environ 20% à la Civic hybride par rapport à sa soeur à motorisation unique.

 

Le débat est désormais clos et les chiffres démontrent assez éloquemment qu'une voiture faisant appel à l'assistance électrique est, dans une proportion de 20%, plus économique à la pompe qu'une voiture identique qui s'en remet uniquement à un moteur à essence. Ce n'est pas énorme quand on tient compte du prix plus élevé des modèles hybrides.

 

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

La Honda Civic hybride ne bénéficie pas d'un avantage considérable au plan de la consommation par rapport à un modèle similaire avec moteur à essence seulement

Mon collègue n'a pas voulu capituler pour autant et affirme qu'une hybride perd 10% de son économie par temps froid et que par une température plus clémente, l'avantage aurait été de 30%. Un tel argument, s'il est exact, n'est pas très encourageant quand on sait qu'il fait froid au moins sept mois par année au Québec.

 

J'ajouterai pour ma part que les moyennes obtenues ne sont pas parfaitement représentatives des chiffres réels pour la simple raison que nous avons conduits dans un esprit compétitif en mettant en pratique toutes les astuces de la conduite économique.

 

Dans un monde plus réel, les consommations se seraient sans doute avérées un brin supérieures.

 

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

La Honda Civic hybride.