Il y a longtemps que je n'avais pas eu autant de plaisir au volant d'une voiture. Pourtant, il ne s'agissait ni d'une coûteuse Porsche, d'une grandiose Mercedes-Benz ou de la dernière Ferrari, mais d'une simple Ford Mustang GT cabriolet 2010 que l'on peut faire sienne à moins de 40 000 $.

Habituellement brinquebalantes, farcies de bruits de caisse, mal insonorisées et d'un agrément de conduite simpliste, les Mustang, ne faisaient jusqu'ici pas partie de mon carnet de voitures préférées. Mais, Ford s'est ravisé et a révisé le plus légendaire de ses modèles. Ce qui m'oblige à revoir mon opinion. La silhouette n'a pas terriblement changé, quoique les angles ont été joliment arrondis, ce qui crée l'effet d'une cure de rajeunissement très souhaitable.

 

Conduire cette Mustang 2010 vous permet de mieux comprendre le renversement de situation qui s'est opéré chez le constructeur américain qui, selon les derniers chiffres de vente, est parmi les seuls à ne pas voir ses parts de marché fondre comme neige au soleil.

 

On comprend mieux ce que l'on pourrait appeler « le miracle Ford » en conduisant l'un de leurs récents produits. Par exemple, la toute petite Fiesta, qui fera son entrée en scène l'an prochain et au volant de laquelle j'ai passé une semaine, est sûre de faire un malheur sur le marché.... à moins que Ford décide de « bâtardiser » le modèle européen qui nous a été prêté à des fins d'évaluation. C'est une pure petite merveille, amusante à conduite, économe comme une bonne soeur et pratique lorsqu'on la soumet à des tâches plus terre-à-terre.

 

Quant à la Mustang, mon opinion repose principalement sur la version la plus futée de la gamme, la GT, offerte en coupé ou cabriolet. Les puristes se tourneront sans doute vers la Shelby 500, mais à plus de 60 000$, c'est une autre histoire. La GT, pour sa part, se prête parfaitement aux humeurs de son propriétaire, ce qui signifie que l'on peut la conduire à bride abattue, en des endroits opportuns, ou plus mollement si l'on a juste le goût de s'offrir une promenade tranquille.

 

Un agrément inattendu

 

Avec ses 315 chevaux, le V8 de 4,6 litres de la GT s'anime au moindre appel de l'accélérateur avec ce bruit typique des gros cubes américains d'autrefois. La boîte de vitesses manuelle à six rapports, autrefois assez coriace, se manie dorénavant avec une douceur étonnante. La direction et le freinage sont aussi au rendez-vous tandis que la tenue de route n'est rien de moins qu'amusante. Cette Mustang est, de nature, survireuse (c'est l'arrière qui se dérobe une fois la limite d'adhérence atteinte), mais personne ne s'en formalisera tellement elle est facile à remettre dans le droit chemin si l'on excède les limites de l'adhérence.

 

Ce n'est sans doute pas la meilleure façon de négocier un virage et sûrement pas la plus rapide, sauf que les sensations sont jouissives. Ford a néanmoins retravaillé les suspensions de la Mustang GT et la barre anti-rapprochement qui s'affiche sous le capot avant joue un rôle crucial pour la solidité de la caisse et sa résistance à la torsion. (Pendant que nous sommes sous le capot, j'en profite pour relever l'absence d'un support hydraulique pour le maintenir en position ouverte au lieu de cette désagréable béquille.)

 

Un toit capricieux

 

Malgré la présence d'un anachronique essieu rigide à l'arrière, la voiture n'est pas l'instrument de torture que l'on pourrait croire. Le confort est très acceptable et il est bonifié par des sièges bien tournés offrant une bonne position de conduite. Le tableau de bord fait une large part à l'aluminium brossé, suivant en cela une tendance qui se retrouve presque partout dans l'industrie et dont on risque de bientôt se lasser.

 

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

Redessinée pour 2010, la Mustang reflète parfaitement les efforts de Ford pour traverser sans trop de heurts le ralentissement des ventes dans l'industrie automobile.

L'intérieur de la Mustang est avare de rangements et il ne faut pas compter sur les places arrières pour se faire des amis tellement on y est à l'étroit. Quant au coffre à bagages, celui de ma voiture d'essai avait été envahi par un caisson de graves qui, non seulement accaparait une bonne partie de l'espace utile, mais qui avait une puissance suffisante pour vous défoncer les tympans, sinon le plancher du garage.

 

En version cabriolet, la Mustang GT est dotée d'une capote modérément étanche au bruit qui est partiellement automatique. Le maniement de la capote oblige toutefois à se démener avec deux loquets plutôt récalcitrants dont la fermeture manuelle s'accompagne quelquefois d'une énumération de quelques objets sacrés.

 

Cela dit, tout le bien que j'avais à dire de la voiture s'est un peu estompé quand j'ai jeté un second coup d'oeil sur la facture. Avec toutes les options ajoutées à la GT de base, le prix atteignait environ 45 000$, ce qui prête à réflexion si l'on considère que l'on a affaire à une propulsion dont les roues motrices en hiver ont autant d'emprise sur le macadam qu'une savonnette sur le plancher de la douche. Il faudra donc se résoudre à l'entreposer près de six mois par année, ce qui tend à doubler son prix en vous obligeant à acheter une deuxième voiture. La Mustang n'est pas inutilisable pour autant en hiver, mais les joies du volant risquent de s'amenuiser considérablement.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

Un tableau de bord où l'aluminium brossé a sa large part, selon la tendance actuelle.