Il y a des jours comme ça où l'on a envie de tout balancer, de se prendre la tête entre les mains et de se répéter ad nauseam «mais qu'est-ce que tu as pensé?» ou encore «où me suis-je trompé?». Ce jour-là, c'était mardi dernier. En faisant la vidange d'huile de ma Lancia de compétition, l'orifice du carter s'est trouvé bouché par des pièces métalliques. On dévisse le tout à la hâte pour mieux voir et surprise, l'une des bielles s'est effritée. Et le vilebrequin, pense-t-on, est sans doute également touché. Manque de lubrification est le premier diagnostic et il est clair comme l'huile qui dégoutte à nos pieds que le cylindre 1 est inopérant.

Coup de fil au motoriste chargé de l'avoir assemblé, il est en vacances. Nous sollicitons alors l'avis du spécialiste britannique qui nous a vendu les pièces, mais celui-ci est immédiatement sur la défensive. «Ai-je assemblé ce moteur?» Euh, non, mais nous avons suivi vos directives et nous... Pas eu le temps de terminer la phrase, que notre interlocuteur réplique sèchement: «Il est clair que vous n'avez très certainement pas suivi toutes mes directives.»

Vite sur la gâchette, le monsieur, mais une fois qu'il nous a été possible de lui expliquer que nous ne le tenions pas responsable de quoi que ce soit de notre mésaventure, l'échange est devenu plus cordial, mais le ton est demeuré ferme. «Il m'est impossible de vous suggérer quoi que ce soit sans connaître dans le détail la procédure utilisée pour assembler ce moteur. J'ai besoin de tout savoir, y compris le couple dynamométrique appliqué sur chacun des boulons.»

Très bien, mais pour cela, il faut attendre le retour des vacances et la prochaine (et dernière) course se déroule à la fin du mois de septembre... C'est jouable, mais... Quelle sera la disponibilité du motoriste à son retour de vacances? Combien de temps lui faudra-t-il pour détailler la feuille de route de son travail? Et une fois le diagnostic posé, est-ce que les pièces seront rapidement accessibles ou devrai-je encore attendre neuf mois (malgré une promesse de sept semaines) avant de les recevoir? Et à quel coût, cette fois? Et par-dessus tout, quand sera-t-il possible de tester sur la piste?

Pas question de se pointer à l'événement sans avoir au préalable réalisé au minimum une ou deux séances de roulage pour régler le châssis, faire des comparatifs de pneumatiques, des tests de consommation et se familiariser avec les différents réglages (répartiteur de freinage, différentiel autobloquant). C'est trop.

Le temps manque et la décision n'était pas facile à prendre, mais la Lancia 576 ne s'alignera au départ d'aucune course cette année. Alors, ma combinaison toute neuve va demeurer dans le placard avec mes gants et mes chaussons. Mes mains ne caresseront pas le suède du volant et mes yeux ne surveilleront plus la poussée de l'aiguille du compte-tours au tableau de bord et les ceintures ne meurtriront plus mes épaules. C'est fini, mais il y a de quoi se consoler (un peu), contre toute attente notre «Triumph TR-7 La Presse» est pratiquement prête pour sa course du mois de septembre. Mais ne comptez pas sur moi pour vidanger l'huile.