A-t-on trop privilégié le développement de technologies pour éviter une collision (régulateur de vitesse intelligent, freinage automatique, dispositif prévenant la somnolence au volant, etc.) au détriment de la robustesse de châssis et de la carrosserie qui habille les véhicules?

Il y a quelques jours, l'Insurance Institute for Highway Safety (IIHS), poil à gratter de l'industrie automobile en matière de sécurité, a décerné ses premières étoiles de la nouvelle mouture. Cette classification est bien sûr attentivement suivie - et publicisée parfois - par les constructeurs. Elle l'est aussi par les consommateurs soucieux de sortir de leur véhicule accidenté sans une égratignure. Plus le nombre d'étoiles est élevé, plus on a le sentiment d'être en sécurité. N'en soyez pas si certain. La IIHS est à revoir sa grille d'évaluation. Et cette fois, elle risque de créer une véritable guerre des étoiles.

En effet, l'IIHS, qui évalue déjà la résistance des véhicules en cas de choc frontal, latéral et de retournement (capotage), compte introduire de nouveaux tests à compter de l'an prochain. L'agence américaine n'entend pas modifier la vitesse ou la force à laquelle se produit l'impact. Elle projette plutôt de changer l'angle afin d'évaluer la répartition de l'énergie entre les diverses pièces de la structure.

Avant de l'implanter officiellement, l'IIHS a récemment entrepris le développement d'un protocole de mesure et de procédure d'analyse des données. Elle a soumis certains véhicules de luxe à ce nouveau test qui consiste à simuler une collision avec chevauchement à une vitesse de 40 mph (64 km/h). Les résultats en ont inquiété plusieurs. À commencer par les marques dont les produits ont été évalués. Aucune n'a brillé.

Pourtant, il ne s'agissait que de véhicules haut de gamme, réputés être le nec plus ultra en matière de sécurité : active (pour éviter l'impact) sans doute, mais passive (lorsque l'accident est inévitable)? Les véhicules des autres catégories ne feront pas meilleure figure, prédit la IIHS, qui poursuit actuellement ses tests de validation avec des véhicules «populaires».

Cela dit, l'IIHS a tout de même accordé quelques étoiles à certaines marques, dont Volvo (S60) et Acura (TL), les seules à se voir décerner une bonne note.

Tous les constructeurs ont prêté une oreille attentive aux résultats. Et déjà, plusieurs craignent de devoir retourner à leur table à dessin pour améliorer la qualité structurelle de leurs produits. Selon les observations des experts en la matière, les piliers «A» (ceux qui encadrent le pare-brise), les portières et la partie avant nécessiteront une mise à niveau pour bien figurer à ce test. L'industrie automobile fait la moue. Celle-ci redoute de devoir augmenter le poids de ses véhicules, ce qui risque de faire grimper la consommation de carburant.

Cette voie ne plaît guère aux constructeurs qui s'évertuent depuis un certain temps à convaincre les consommateurs qu'un véhicule plus léger est non seulement plus dynamique, mais aussi plus responsable sur le plan environnemental. Dans ce domaine, la position de l'IIHS est depuis longtemps connue: plus un véhicule est lourd, mieux il résiste aux impacts. Est-ce votre avis aussi?