Les parcomètres, les radars et les embouteillages n'ont pas tué notre désir de posséder une automobile. Pas encore. Mais avant longtemps, je le crains, l'automobile redeviendra ce qu'elle était à ses débuts: un moyen de transport réservé à l'élite.

Nous pourrions discuter longtemps des coûts liés à l'utilisation d'une automobile. Mais tout le monde admettra que ces coûts sont de plus en plus élevés.

Les constructeurs automobiles tentent par tous les moyens de les freiner. En exerçant d'énormes pressions sur leurs fournisseurs, en multipliant le nombre de modèles faits à partir d'une architecture commune, en construisant des usines d'assemblage dans des pays où la main-d'oeuvre est bon marché. Mais les coûts liés à l'usage de l'automobile, eux, augmentent toujours. Le prix du carburant, les droits d'immatriculation, les contraventions, les assurances, les pneus d'hiver et bientôt - qui sait - les frais d'entretien.

Cela nous amène au vif du sujet: le projet de loi 48. Les travaux l'entourant reprennent le mois prochain et cela devrait vous intéresser. Car le projet de loi vise, rappelons-le, à inspecter le tuyau d'échappement de nos chères autos. Pas les neuves, seulement que les vieilles; celles qui ont huit ans ou plus de service.

Très important à retenir: ce programme d'inspection vise seulement les véhicules vieux de 8 à 24 ans et s'appliquera au moment où les propriétaires souhaiteront s'en départir. Vous ne voulez pas le vendre? Alors, vous n'aurez pas à le soumettre à une inspection tant et aussi longtemps que vous en serez le propriétaire.

Et fait à noter, les voitures anciennes sont exemptées, ce qui ne menace donc pas le monde des voitures de collection, comme on l'a craint au départ.

Donc, ce sont des minounes dont il est question. Près de 400 000 véhicules automobiles de plus de huit ans changent de propriétaires chaque année au Québec. Selon l'Association des recycleurs de pièces d'autos et de camions du Québec (ARPAC), 10% ne seront pas économiquement réparables.

Lors d'une intervention audiovisuelle mise en ligne en décembre dernier, le ministre Pierre Arcand rappelle l'importance de ce programme d'inspection pour la santé, l'environnement et la sécurité des citoyens du Québec. Il souligne également que les frais associés à cette inspection seront d'environ 60$.

Pendant que l'auto est au garage...

Mais l'histoire ne s'arrête pas là.

Le sujet intéresse l'ARPAC qui a déposé un mémoire à la Commission des transports et l'environnement le 11 mai dernier. Son président, Simon Matte, aimerait bien que le gouvernement intègre à la prochaine loi une inspection visuelle du véhicule, histoire de rendre nos routes plus sûres. Personne ne peut être contre la vertu, mais il faut tout de même se poser la question: ça va coûter combien de plus?

Prudent, le président de l'ARPAC refuse d'avancer un chiffre précis.

S'il devait y avoir inspection, celle-ci comprendrait quoi exactement et combien de temps faudrait-il pour la réaliser? Et qui devrait débourser: le vendeur ou l'acheteur?

Le ministre dit que la responsabilité d'avoir un véhicule en règle incombe au vendeur. Simon Matte soutient le contraire.

Deux certitudes pour l'instant: quelqu'un devra payer et cette facture sera de nouveau acquittée par un automobiliste.

Parmi eux, plusieurs ont les poches plutôt vides. Doit-on leur venir en aide comme le gouvernement le fait pour les acheteurs de véhicules hybrides et électriques? Ou doit-on simplement dire à une classe de propriétaires qu'elle n'a plus les moyens de s'offrir une auto?