Embouteillages, retards, nuisance: la congestion urbaine s'accroît de façon inquiétante. Coupable tout désigné: l'auto. À défaut de lui faire pousser des ailes pour survoler les bouchons, l'industrie a les moyens de la faire taire pour nous permettre de respirer un peu mieux.

Pour réduire de manière substantielle la pollution atmosphérique émise par nos automobiles et - peut-être - réjouir les environnementalistes les plus radicaux, pourquoi ne pas imposer que tous les véhicules vendus chez nous soient dotés d'un dispositif de coupure automatique à l'arrêt?

Ce système inauguré par les «hybrides» - comme la Prius c présentée dans nos pages cette semaine - coupe le moteur lorsque le véhicule est immobilisé et le relance aussitôt que le conducteur relâche la pédale de frein.

À l'heure actuelle, plusieurs systèmes existent. Certains recourent à un démarreur et à une batterie surdimensionnés, capables de résister longtemps aux très nombreux démarrages. D'autres utilisent un alterno-démarreur, ou alternateur réversible si vous préférez, qui se charge de redémarrer le moteur (essence ou diesel). Cette double fonction permet de réduire le temps de démarrage, de 800 millisecondes à 400 millisecondes, condition nécessaire afin que le redémarrage reste fluide et que le système ne soit pas incommodant pour l'automobiliste. Mais, quelle que soit la solution technique retenue, les bienfaits demeurent les mêmes.

En agissant comme une micro-motorisation hybride, ce mécanisme n'augmente pas les performances et ne modifie pas le comportement de l'auto. En revanche, il contribue nettement à baisser son appétit en hydrocarbures et à diminuer les rejets d'émissions polluantes.

Sceptiques? Un calculateur de la consommation au ralenti existe sur le site de Ressources naturelles du Canada et les chiffres parlent d'eux-mêmes.

À titre d'exemple, si 10 000 automobiles étaient dotées d'un dispositif de coupure à l'arrêt automatique, nous réduirions de 1 277 624 kilogrammes les gaz à effet de serre (*). Imaginez maintenant les résultats avec quatre millions de véhicules!

Plusieurs constructeurs - et pas seulement ceux qui fabriquent des hybrides - misent sur cet équipement qui peine, hélas, à se généraliser en Amérique du Nord.

Pour expliquer leur refus de nous proposer ce dispositif, certains motoristes - allemands surtout - ont prétexté la qualité inférieure de nos carburants qui risquaient de compromettre la fiabilité dudit système. Curieusement, ils se sont ravisés depuis et parient sur cette solution pour diminuer la consommation de leurs mécaniques les plus puissantes.

 

L'autre explication - plus plausible - tient à son prix de revient. Sa présence sous le capot de nos véhicules ferait augmenter les coûts d'environ 500$, selon les ingénieurs consultés. C'est peu, considérant les bienfaits qu'il apporte. D'autant plus qu'il ne nécessite pas de coûteuses révolutions technologiques chez les constructeurs.

À lui seul, ce dispositif s'impose comme la réponse la plus rapide et la plus efficace aux préoccupations environnementales des grandes agglomérations urbaines.

Pourquoi ne pas légiférer et le rendre obligatoire, comme le correcteur de stabilité électronique, les coussins gonflables? Notre sécurité ne passe-t-elle aussi par l'air que nous respirons?

* Ce calcul est basé sur 10 000 véhicules qui ne fonctionnent pas au ralenti pour une période de sept minutes par jour. Outre la réduction des émanations polluantes, le calculateur nous apprend aussi que cette interruption momentanée du moteur permet de réduire de 530 221 litres la consommation annuelle de carburant.

Photo Reuters

Les constructeurs de voitures de luxe parient de plus en plus sur les systèmes d'arrêt-redémarrage pour diminuer la consommation de leurs mécaniques les plus puissantes.