Deux grands constructeurs automobiles sont peut-être sur le point d'organiser des noces.

Tout le monde aime les histoires d'amour. Je sais, celle-ci arrive un peu tard pour marquer la Saint-Valentin. Mais cet amour vient tout juste de se déclarer publiquement. Les premières fréquentations remontent à l'automne, dit-on.

C'est l'histoire d'une vieille fille - elle aura 116 ans le 2 avril prochain -, qui songe maintenant à se marier. Il était temps, dites-vous? Grand temps, peut-être, mais ce n'est pas son choix. Voyez-vous, elle croule sous les dettes et la malheureuse pense qu'une bague au doigt va tout changer. Voilà bien la preuve qu'elle n'a jamais été mariée.

Au cas où vous ne l'auriez pas deviné encore, la vieille fille, c'est Peugeot.

La marque française a annoncé, la semaine dernière, qu'elle négociait une alliance avec General Motors.

Comme partenaire, Peugeot pouvait difficilement trouver pire. Le géant américain ne passe pas pour un tendre. Quelques-unes de ses «ex» peuvent en témoigner. Elles ont toutes connu à son bras des relations houleuses.

Certaines, même, en sont mortes.

De vieilles histoires. General Motors a changé. Le colosse de Detroit a depuis vécu l'humiliation de la faillite, pour reprendre - moins de trois ans plus tard et à la faveur de la déroute de Toyota - sa couronne de premier constructeur automobile du monde.

De son côté, Peugeot a aussi entretenu plusieurs liaisons au cours de son histoire, sans jamais y laisser son indépendance. Dans les années 70, elle a racheté à une autre grande famille française (Michelin), l'actif de Citroën, puis a repris Simca (1) des mains de Chrysler pour en faire des Talbot. Citroën a survécu. Pas Talbot. Ensuite, beaucoup plus tard, Peugeot a noué une idylle avec Mitsubishi, sans jamais se rendre jusqu'à l'autel.

Aujourd'hui, Peugeot se retrouve isolée. Techniquement, elle collabore avec d'autres constructeurs, BMW, Ford et Toyota, par exemple. Mais elle peine à boucler ses fins de mois. D'où ce rapprochement avec le riche General. Classique.

Pourquoi l'épouserait-il? Pour ramener Peugeot (et Citroën) en Amérique? Ne rêvez pas!

L'unique intérêt de General Motors dans cette alliance vise le marché européen. Voilà le seul point commun entre ces deux futurs (?) époux: ils perdent de l'argent en Europe. Et le coût d'une restructuration s'annonce autrement plus élevé que des noces, estiment plusieurs observateurs. Sur l'aspect commercial, on ne voit pas très bien comment. Les gammes se chevauchent à plusieurs endroits et hormis quelques avancées techniques, comme les motorisations hybrides et diesel, qu'ont-ils à mettre en commun?

En revanche, du point de vue industriel, c'est plus clair. Les deux entités (GM et Peugeot) comptent 23 sites de production en Europe. Et aucun ne fonctionne à plein rendement. Un maillage entre ces deux constructeurs servirait d'excuse pour en fermer quelques-uns. Lesquels? En pleine campagne électorale, le ministre du Travail français, Xavier Bertrand, a déjà prévenu Peugeot de procéder, s'il y a lieu, à des coupes à l'extérieur de son territoire. Ça reste à voir.

Le mariage est prévu pour le salon de Genève le mois prochain. Si l'amour rend aveugle, le mariage se charge de lui redonner la vue.

(1) Cette marque française fut reprise par Chrysler, qui la rebaptisa Chrysler-France.

"MA CANNE"

Macan. En voilà un drôle de nom! C'est pourtant l'appellation retenue par Porsche pour son futur multisegment compact, laquelle désigne un tigre dans la langue indonésienne. Comme pour les autres - Cayman, Cayenne et Panamera -, on s'y fera. Néanmoins, son nom de code - Cajun - semblait plus sympathique (un francophone de Louisiane, descendant des Acadiens déportés du Canada par les Anglais en 1755), mais pas aussi terrifiant qu'un tigre tout de même.

Photomontage AutoExpress

Esquisse du Porsche Cajun imaginée par un artiste d'AutoExpress.

UN PEU D'HISTOIRE

Puisqu'il est question dans cette page de Peugeot et de Porsche, saviez-vous que la marque française a imposé à Porsche le changement de nom de l'une de ses voitures? L'histoire remonte à la présentation de la 901 par le constructeur allemand. Peugeot ayant déjà en main les droits sur les appellations à trois chiffres avec un zéro médian, elle invita Porsche à revoir le matricule de ce modèle en devenir. Ainsi est née la 911.

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

La Porsche 901 a été rebaptisée 911 parce que Peugeot détenait les droits sur les appellations à trois chiffres avec un zéro médian.