À une certaine époque (la mienne, en tout cas), la personnalisation d'une automobile passait presque inévitablement par le catalogue Canadian Tire, la bible des accessoires. Nous rêvions, mes amis et moi, du levier de vitesses Hurst, d'un silencieux Trush et des grosses jantes Craggar. Aujourd'hui, les constructeurs font de même, mais avec leur propre catalogue.

Comment faire des sous dans un marché aussi saturé et compétitif que celui de l'automobile? Et qui plus est, avec des produits à faible marge bénéficiaire, comme les petites voitures, par exemple? Voilà le dilemme auquel fait face l'industrie automobile.

 

La solution se trouve peut-être dans le marché des accessoires de personnalisation automobile. Ces accessoires étant conçus pour établir un lien plus «émotionnel» avec l'acheteur, plusieurs marques se font un devoir de proposer une liste impressionnante d'options. L'objectif: profiter de l'aspiration du consommateur à disposer non pas d'un vulgaire produit de masse, mais d'une voiture personnalisée, bien à lui.

Pour assouvir ce besoin d'individualisation - déjà consacré par la vogue de la personnalisation -, le catalogue propose un large choix. Au menu: élargisseurs d'ailes, enjoliveurs de feux arrière, décalcomanies, seuils de porte en faux aluminium et quoi encore. On trouve de tout pour améliorer son ordinaire d'automobiliste.

On savait depuis longtemps ce marché beaucoup plus rentable que celui de l'automobile, mais jusqu'ici, peu de constructeurs ont trouvé le moyen de l'exploiter correctement, surtout sur des véhicules «populaires». Mais l'industrie apprend vite. Et bien. En Europe - l'Amérique va suivre - la personnalisation adoubée par les constructeurs se trouve dans l'air du temps.

Inspirés, il va sans dire, par le succès de la Mini, tous les constructeurs se lancent, sans exception, dans ce créneau lucratif qui consiste à créer un programme de personnalisation susceptible de conquérir un public des deux sexes et de tous âges.

 

Qu'est-ce qui a changé?

Les constructeurs de masse modifient leur stratégie.

Avant, ils se servaient des petits modèles comme produits d'appel et assuraient leur rentabilité avec les véhicules de plus grande taille; aujourd'hui, ils ont plutôt tendance à créer de véritables collections de petites voitures, allant de l'entrée au haut de gamme.

Fiat (Abarth), Citroën (DS), Renault (Gordini), Smart (Brabus), pour ne nommer qu'eux, tablent sur ces accessoires pour dégager de juteuses marges bénéficiaires et, conséquemment, renforcer l'image de la marque. On compte sur des bandes décoratives, des jantes ou des décalcomanies, mais aussi sur le marchandisage promotionnel (blousons, casquettes, tasses, stylos et balles de golf) pour débiter le compte bancaire des clients.

On comprend alors mieux pourquoi les constructeurs d'automobiles investissent des sommes colossales afin de mettre sur pied leur propre collection d'accessoires. Et pour convaincre les consommateurs de faire leurs emplettes chez eux plutôt que chez les détaillants spécialisés, les constructeurs déballent une série d'arguments dont le principal porte évidemment sur le respect de la garantie. C'est-à-dire que chaque accessoire vendu et installé par un concessionnaire correspond à ses normes de qualité (ajustement sans problème, pose soignée) et ne limite en rien la durée de la garantie.

Dites, vous allez le déguiser comment, votre véhicule?

Photo: Johannes Eisele, Reuters

Le succès de la Mini est une inspiration pour les constructeurs, qui se lancent, sans exception, dans ce créneau lucratif qui consiste à créer un programme de personnalisation susceptible de conquérir un public des deux sexes et de tous âges.