Patience. Il faudra attendre encore quelques années pour mesurer l'impact qu'aura le cours de conduite obligatoire sur le bilan routier québécois. Cependant, il y a tout lieu de croire que, dans sa forme actuelle, cette mesure appliquée depuis le 17 janvier dernier n'améliorera en rien les habiletés des nouveaux conducteurs.

Rappelons d'abord les faits. Le nouveau cours de conduite totalise 39 heures: 24 heures de formation théorique et 15 heures de formation pratique. En clair, cela représente environ 16 heures de formation supplémentaires par rapport à l'ancien cours. Est-ce suffisant? Sans doute pas, mais la bonne nouvelle est qu'un comité, auquel participent aussi des représentants de l'industrie, veillera à suivre l'évolution du cours et réajustera le tir, si nécessaire.

 

Dans ses interventions médiatiques, la Société de l'Assurance Automobile du Québec (SAAQ) se félicite évidemment de ce cours de conduite bonifié dont l'approche pédagogique vise davantage le comportement que les habiletés. «Ce n'est pas que les gens conduisent mal, mais c'est qu'ils ont un mauvais comportement», expliquait Lise Tourigny, chef du service des usagers de la route à la SAAQ et responsable de la refonte du cours de conduite dans une entrevue qu'elle accordait au Soleil. «Nous voulons former des conducteurs qui savent se conduire sur la route. Nous abordons des thèmes comme le comportement à adopter, la responsabilisation, le partage de la route et les conséquences du risque.» Et comment éviter les accidents? Est-ce bien nécessaire? Soyez sages, respectez la signalisation routière et il ne vous arrivera rien.

 

Que doit-on alors penser de ceux dont les accidents dramatiques défraient la chronique et dont on dit, en guise d'explication, qu'ils ont «perdu le contrôle de leur véhicule»? Qu'ils ont tous des problèmes de comportement ou qu'ils sont insuffisamment formés pour faire face à des situations exceptionnelles et à réagir correctement devant l'obstacle?

 

 

Le nouveau cours de conduite corrigera-t-il cette situation? Il fera sans doute de nous des conducteurs plus responsables, plus civilisés, mais pas forcément plus habiles. Alors qu'apprendra-t-on dans les auto-écoles? À démarrer sans caler, à s'arrêter pour laisser passer les piétons, à respecter quelques règles simples de circulation, à se garer et à adopter une conduite écoénergétique. Pas à faire face à l'imprévu. Donc, hormis quelques - coûteuses - écoles de conduite spécialisées, personne n'apprendra à un conducteur débutant les rudiments de l'accident. Or, cela s'enseigne. Malheureusement, plusieurs, dont le gouvernement du Québec, n'en voient pas l'utilité. A-t-on espoir que les nombreuses béquilles électroniques qui équipent les véhicules modernes (antiblocage des freins, correcteur de stabilité électronique, capteurs d'angles morts, etc.) se chargeront de masquer l'inexpérience, la maladresse, le manque d'attention voire la bêtise du conducteur?

 

Tous les professionnels de la conduite vous diront que la présence d'aides à la conduite n'est pas une assurance tout risque. Nul n'est à l'abri d'une erreur de conduite, d'un instant de distraction qui vous fait oublier que l'usage d'une automobile est un exercice dangereux auquel il faut être bien préparé.

 

SUR LA ROUTE

 

Puisqu'il est question d'améliorer vos habiletés au volant, le pilote automobile Claude Bourbonnais tient, au cours des prochaines semaines, des cliniques de conduite avancée sur neige dans la région de Vaudreuil. Pour plus d'information: www.claudebourbonnais.com

Photo Patrick Sanfaçon, archives La Presse