Le Salon automobile de Los Angeles s'est révélé bien pauvre dans le domaine des nouveautés, se contentant de soulever le voile sur des véhicules déjà dévoilés ailleurs...

Le Salon automobile de Los Angeles a failli à sa réputation de manifestation tournée vers la mobilité durable. Oh bien sûr, l'événement a été le théâtre du couronnement de la voiture verte de l'année (Audi A3 TDi) ainsi que du dévoilement de quelques études (Honda P-Nut et Volkswagen Lite UP pour ne nommer que les plus récentes), mais le discours environnemental était plutôt «light». Pas question de jouer les rabat-joie et félicitons-nous plutôt de l'offre accrue de quatre-cylindres sur l'ensemble des gammes des constructeurs. C'est le cas de Hyundai, qui interdit de séjour le six-cylindres à bord de ses Tucson et Sonata, de Toyota aussi qui invite un quatre-cylindres à mouvoir sa fourgonnette Sienna.

 

Réjouissons-nous aussi de la venue du duo de sous-compactes concoctées par Ford (Fiesta et Mazda 2) et l'offre rafraîchissante de Chevrolet, la Cruze, pour remplacer la Cobalt avant de jeter un regard un peu plus critique: la plupart des nouveautés ne sont que des remplacements de modèles ou au mieux, des extensions de gamme. Derrière cette multiplication d'inédits qui compose le kaléidoscope qu'est devenue l'industrie automobile, le sentiment que cet univers tourne gentiment en rond commence à s'imposer.

 

Il en va ainsi du multisegment (autrement dit, le «mélange des genres»), le grand concept automobile du milieu des années 2000. À Los Angeles, on peut découvrir le fruit de ces nombreux croisements. Selon les constructeurs, le client exige dorénavant une voiture-couteau suisse tout à la fois sportive, logeable, bourgeoise et originale. Au fond, le succès de ces croisements de genres apparaît aussi comme une façon de ne pas complètement assumer les mutations dans lesquelles s'est engagé l'objet-automobile. Ainsi, il est frappant de constater que plus l'usage de la voiture devient contraint et plus la symbolique de la sportivité devient prégnante au niveau des lignes extérieures.

 

Le volume intérieur est considéré comme une revendication essentielle, mais les stylistes doivent le camoufler. Ils sont priés d'allonger les formes et d'aiguiser les angles pour fluidifier l'aspect extérieur. De fait, toutes les nouveautés arborent un capot très plongeant pour faire «automobile», pour se «viriliser». Ça ressemble étrangement à un design de consolation et laisse croire que le poids économique des baby-boomers qui ne veulent pas renoncer à l'archétype de la voiture puissante, sportive, de leur jeunesse, dicte le conservatisme actuel.

 

Patience. Dans quelques années, l'arrivée de nouvelles générations promet de complètement changer la donne. Et celles-ci n'entretiendront pas du tout le même rapport à l'automobile que leurs aînées. Ne cherchez pas la voiture du futur au Salon de Los Angeles, elle n'y est pas. Seulement son imparfaite copie.

 

CETTE SEMAINE

 

L'Auto assistera au lancement du Tucson de Hyundai, ainsi qu'à la présentation de la future Smart tout électrique.

 

HORS SALON

 

Signe que les salons automobiles perdent en popularité? Audi (A8) et Infiniti (M) ont préféré dévoilé leurs dernières nouveautés à l'extérieur du Salon de Los Angeles...

 

Photo Ford

Le salon de l'automobile de Los Angeles n'a pas révélé beaucoup de nouveautés, cette année. Le dévoilement de la berline Ford Fiesta, une première, a fait en ce sens figure d'exception.