Il y a quelque chose d'assez ironique avec le retour - hypothétique - de la Formule 1 à Montréal. Cette annonce survient moins d'une semaine après le retrait de l'écurie BMW, la seule qui a publiquement souhaité (à Shanghai, en 2008) que l'épreuve canadienne soit remise au calendrier pour «assurer une présence en Amérique du Nord». Les autres écuries regretteraient tout juste l'absence de cette épreuve «toujours enlevante où régnait une atmosphère festive».

Hormis BMW, donc, les constructeurs reconnaissent ainsi implicitement qu'il est difficile, voire impossible de quantifier les retombées commerciales de leur engagement en F1, d'autant plus que le transfert de technologies est à peu près inexistant de nos jours.

 

Une victoire est sans conteste profitable à l'image de marque, mais le vieil adage Win on Sunday, sell on Monday ne tient plus. D'ailleurs, en F1, on parle de performance, de vitesse. Or, le client veut entendre plutôt parler de confort, de sécurité et d'environnement.

 

Il reste donc l'image. Si le client ne peut établir de comparaison directe entre les performances de sa voiture et celles d'une Formule 1, il est en droit de penser que si un constructeur est capable de fabriquer la meilleure monoplace, il est en mesure de réaliser la voiture de série la plus performante et la plus fiable qui soit. Et c'est là le meilleur transfert d'idées que puissent aujourd'hui souhaiter les constructeurs qui investissent en F1.

 

Les États-Unis, la véritable cible?

L'objectif qu'ont poursuivi Ecclestone et consorts dans les dernières années était de se faire remarquer sur les marchés à fortes perspectives de croissance. D'où l'intérêt de Grands Prix comme ceux de Bahreïn, de Turquie ou de Chine. Or, si le Grand Prix du Canada revient au calendrier, Bernie Ecclestone redonnera ainsi à la F1 une véritable exposition internationale et la perspective de se produire à guichets fermés.

Quant aux retombées directes pour les constructeurs, elles sont à peu près nulles, les positions des uns et des autres sont assez figées. Le marché américain n'offre, lui non plus, aucune perspective de réelle croissance. Cependant, il a plus d'attrait pour un constructeur, avec quelque 15 millions de véhicules neufs vendus, par rapport à 1,5 million au Canada.

Dès lors, Ecclestone préférerait faire tourner ses F1 à New York plutôt qu'à Montréal. D'autant plus que l'année prochaine marque l'arrivée d'une écurie entièrement américaine sur la grille de départ: USF1. Mais d'ici à ce que ce projet se concrétise et que les gradins se remplissent, à Montréal (et à ses dollars) d'assurer le spectacle!

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