Le cabriolet a ses inconditionnels, les purs et durs de la conduite au grand air, prêts à rouler nez au vent en toute saisons ou presque.

L'expérience aidant, ils savent très bien qu'il est moins éprouvant de rouler décapoté l'automne que de circuler l'été sous un soleil de plomb. Avec des vêtements chauds et un système de chauffage adapté, cela peut même se révéler très plaisant. Et ce n'est là qu'une part de ses atouts.

 

Il faut également souligner l'élégance de son profil étiré et de sa poupe gracieuse. Hommage à une certaine tradition de l'automobile glamour, son refus de la praticité fonctionnelle lui confère une aura particulière, un côté chic. Il y a forcément ici un plaisir d'esthète.

Voilà sans doute pourquoi les constructeurs veillent, bon an, mal an, à entretenir cette passion pour la conduite à ciel ouvert en multipliant le nombre de modèles répondant à ce besoin irrésistible de rouler sans toit. D'ailleurs, l'offre en matière de voitures décapotables n'a sans doute jamais été aussi variée et abondante. On se demande parfois pourquoi, au vu de la part de marché infinitésimale de cette catégorie, qui démontre si besoin est que je ne suis pas le seul à passer mon chemin devant ce type de carrosserie. Car aussi bien le reconnaître tout de suite, j'ai en horreur les cabriolets.

Comment justifier 10 mois par année de rester sous une capote en toile plus ou moins maniable et isolée - elle prend parfois l'eau dans les portiques de lavage automatique - qui résiste vaille que vaille à la succession des saisons? Sans oublier la nécessité d'accepter une carrosserie trop lourde, souvent malmenée faute de supports et de renforts en suffisance. Et si vous êtes fumeur ou mélomane, un cabriolet est encore plus désagréable. Toute cette cendre qui tourbillonne dans l'habitacle et ces notes de musique assommées par le bruit de la ville.

À cela, il convient aussi d'ajouter ces passages sous les viaducs dégoulinants et le gaz carbonique des autres véhicules qui s'invitent à bord. Et puis il y a l'argument de la sécurité: un toit en toile résiste difficilement aux agressions des vandales.

Pourtant les conducteurs (et conductrices) des pays nordiques et anglo-saxons, qui constituent les marchés les plus importants - au nom d'une règle d'or qui veut que les ventes de cabriolets soient inversement proportionnelles au niveau d'ensoleillement du pays - continuent de plébisciter le classicisme de la décapotable. Est-ce que ça se soigne, docteur?

Bien entendu, ces problèmes ont disparu avec l'arrivée des cabriolets à toit dur. Hélas, celui-ci comporte aussi sa part d'inconvénients. Le découpage du toit en panneaux à disposer dans le coffre a des incidences techniques (la manoeuvre à l'aide d'un mécanisme plus ou moins automatique est complexe) et influence le volume dévolu aux places arrière et dans le coffre. Reconnaissable à un postérieur plutôt disgracieux, le coupé cabriolet souffre d'une allure un peu pataude, même lorsqu'il est découvert. Contraint de faire de la place pour loger son toit, il offre moins d'espace habitable aux places arrière et un coffre encore plus exigu. Certains lui reprochent aussi un comportement routier différent selon que le toit est replié ou déplié.

Voiture anti-stress par excellence, remède idéal à la claustrophobie, le cabriolet se retrouve aujourd'hui au catalogue de la majorité des marques.

Le plus grand regret qu'inspire le marché actuel est la quasi-absence de petits cabriolets abordables, voitures toutes simples conçues pour le plaisir - car cela peut s'avérer un authentique plaisir - de rouler au grand air. À l'image des cabriolets MG, Renault Alliance ou Miata d'antan. Des autos pas trop chères, mais qui donnaient un sens à la notion, désormais hors de prix, de voiture plaisir. Soucieux de réaliser quelques économies? N'oubliez pas que c'est l'hiver qu'il faut commander son cabriolet. Pour ma part, je resterai bien au chaud.