Car du coup, on voit s'évanouir une ambition historique: un constructeur automobile d'importance passant sous contrôle canadien.

Car du coup, on voit s'évanouir une ambition historique: un constructeur automobile d'importance passant sous contrôle canadien.

De plus, par deux leaders canadiens renommés dans leur secteur: Magna International, concepteur et fabricant des composantes d'automobiles et de camions légers, et Onex, spécialiste des rachats adossés et des restructurations d'entreprise.

Leurs dirigeants sont demeurés avares de commentaires, hier, après la confirmation d'une entente de 7,4 milliards US entre DaimlerChrysler et Cerberus Capital, qui contrôlera 80% du capital de Chrysler.

«Manifestement, la valeur pour DaimlerChrysler de la proposition de Cerberus a surpassé celle de Magna et Onex. D'autant plus qu'il y aura encore beaucoup d'efforts et de coûts de restructuration chez Chrysler», a commenté Gerry Fedchun, président de l'Association des manufacturiers de pièces automobiles du Canada.

Parmi ses membres, Chrysler pèse «entre 20 et 25%» des revenus totaux au Canada et aux États-Unis.

Chez Magna seulement, Chrysler représente 15% d'un chiffre d'affaires approchant les 25 milliards US, en Amérique du Nord et en Europe.

Magna fournit une grande variété de pièces et de composantes aux chaînes d'assemblage de Chrysler. Mais elle gère aussi des usines complètes à titre de sous-traitant principal, en Europe notamment.

«Magna est notre grande vedette, en taille et en compétences. Et Chrysler est l'un de ses principaux clients. Ça aurait fait un mariage très intéressant, d'un point de vue canadien», selon M. Fedchun.

En réaction, Magna a indiqué dans un bref communiqué qu'elle «respecte» la décision du groupe Daimler. Elle s'engage aussi à «travailler avec les gestionnaires de Chrysler et de Cerberus afin que Chrysler demeure forte».

Néanmoins, à la Bourse de Toronto, les investisseurs ont manifesté leur déception. Les actions de Magna (cat. A) ont reculé de 3% à 90,47$ CA.

Et ce, quelques jours après une entente inédite de 1,5 milliardUS avec un conglomérat industriel russe, qui deviendra actionnaire majeur de Magna et son partenaire dans le marché de l'Europe de l'Est, en forte croissance.

Inquiétude

Pour le président du syndicat des Travailleurs canadiens de l'automobile, Buzz Hargrove, «Cerberus a mis sur la table au moins deux milliards de plus que Magna et Onex pour obtenir Chrysler.

«Ce résultat est très inquiétant pour nous considérant la réputation de firmes d'investissement comme Cerberus, qui rehaussent les résultats et la valeur de revente des entreprises en sabrant leurs effectifs», a-t-il déploré lors d'un point de presse à Toronto.

Le président des TCA espère en savoir davantage sur les intentions de Cerberus envers Chrysler au cours d'une rencontre avec leurs dirigeants aujourd'hui au siège social du constructeur automobile, à Auburn Hills près de Detroit.

Y sont attendus le chef de la direction de Chrysler, Tom Lasorda, qui restera en poste, et les principaux dirigeants de Cerberus.

Aux États-Unis, cette transaction a déjà obtenu l'aval du président des Travailleurs unis de l'automobile (UAW), Ron Gettelfinger.

Mais cet appui rapide embête Buzz Hargrove, d'autant qu'il dit avoir mauvais souvenir de Cerberus comme actionnaire d'entreprise, du temps de la restructuration d'Air Canada.

«Pour le moment, mes vis-à-vis des UAW me disent que l'offre de Cerberus était la meilleure pour les travailleurs de Chrysler. Ils avaient accès à des informations internes de DaimlerChrysler en tant que membre syndical du comité directoire d'entreprise, a expliqué M. Hargrove.

«Mais au Canada, il n'est pas question de céder plus que ce qui a été convenu avec Chrysler récemment. Et surtout pas avant notre prochaine négociation collective de septembre 2008. Nous demanderons une garantie écrite de Cerberus.»

De fait, l'effectif de Chrysler dans ses trois usines en Ontario - deux d'assemblage de véhicules et une de composantes - passera sous les 10 000 salariés-personnes l'an prochain, en 2008.

Ce sera presque 1500 salariés de moins que deux ans auparavant, en 2006, avant une autre ronde de rationalisation.

Malgré tout, la situation des usines de Chrysler en Ontario apparaît moins grave, toute proportion gardée, que celle de leurs semblables aux États-Unis.

«Il y a encore des rationalisations à faire chez Chrysler, mais les usines ontariennes ont déjà certains avantages», selon M. Fedhun, de l'Association des manufacturiers de pièces.

«D'une part, leurs coûts de main-d'oeuvre sont moindres qu'aux États-Unis, surtout pour les soins de santé. D'autre part, les deux usines d'assemblage en Ontario construisent des véhicules qui se vendent bien parmi la gamme de Chrysler.»

À l'usine de Brampton, près de Toronto, Chrysler assemble des automobiles de pleine grandeur de modèles 300, Magnum et Charger.

À l'usine de Windsor, Chrysler construit des minifourgonnettes, très populaires jusqu'à récemment.

Ce créneau de marché s'est rétréci depuis. Mais Chrysler en demeure le meneur, et sa prochaine génération de mini-fourgonnettes est en rodage à l'usine de Windsor.

«Ces véhicules seront encore innovateurs et ils devraient bien se vendre. N'empêche, leur production requerra des centaines de salariés de moins à Windsor», a souligné Gerry Fedchun.

--- --- --- --- --- --- --- --- --- --- ---

DAIMLERCHRYSLER EN BOURSE

( DCX NEW YORK)

7 novembre 1998

Premier jour de cotation de la nouvelle entité à 84,31$US par action.

6 janvier 1999

Le titre de DaimlerChrysler atteint un sommet à 108$US.

Novembre 2000

Dieter Zetsche remplace James Holden à la tête de Chrysler. Six usines sont fermées et 26 000 emplois supprimés.

2001

Daimler injecte 5,4 milliards US pour redresser Chrysler, qui essuie cette année-là une perte de 10,8 milliards US. À cause de Chrysler, le groupe finit l'année dans le rouge.

28 juillet 2005

Dieter Zetsche succède au patron de DaimlerChrysler, Jürgen Schrempp.

Septembre 2006

Chrysler replonge dans le rouge. L'action chute au plus bas à 52,97$US, quasiment la moitié de ce qu'elle valait en 1998.

14 février 2007

DaimlerChrysler déclare examiner "toutes les options " pour le constructeur dont une vente.

14 mai 2007

DaimlerChrysler annonce la cession de Chrysler à Cerberus pour 7,4 milliards US.

Fermeture : 84,12$US, en hausse de 2,12$US ou +2,59%