Le réchauffement de la planète fait des heureux et des malheureux ces jours-ci parmi les constructeurs automobiles en Europe.

Le réchauffement de la planète fait des heureux et des malheureux ces jours-ci parmi les constructeurs automobiles en Europe.

Selon Citigroup, les changements climatiques favoriseront Fiat, PSA Peugeot Citroën et Volkswagen. Quant à Porsche, DaimlerChrysler et BMW, leur titre boursier pourrait bien faire les frais de la nouvelle cible européenne de réduction des gaz à effet de serre.

La Commission européenne entend forcer l'industrie automobile à réduire ses émissions de CO2 de 18 % sur les nouveaux véhicules d'ici 2012. La décision, annoncée mercredi dernier, n'a pas rassuré les constructeurs, qui craignent une chute de leurs profits et de leur titre en Bourse. Certains vont même jusqu'à blâmer les consommateurs pour leurs déboires!

«L'industrie veut réduire son impact sur l'environnement, a dit Christopher Macgowan, directeur de la Society of Motor Manufacturer and Traders, à la BBC. Nous avons toujours produit des automobiles qui respectent les cibles. Le seul problème, c'est que les consommateurs n'achètent pas ces véhicules.»

Selon le ministère britannique de l'Environnement, les constructeurs n'ont qu'eux-mêmes à blâmer pour la nouvelle cible de 130 grammes par kilomètre (g/km), en vigueur dès 2012. «Les constructeurs n'ont pas respecté leurs ententes volontaires avec les gouvernements en matière d'émissions de CO2, dit le porte-parole Henry Derwent, en entrevue à La Presse Affaires. Les nouvelles règles de la Commission européenne sont une indication de ce qui peut arriver quand les ententes volontaires ne sont pas respectées.»

Analyste chez Lehman Brothers, Christopher Will prévoit un recul boursier des principaux constructeurs européens à moyen terme. «Ça pourrait être le premier secteur à subir les répercussions économiques et boursières du réchauffement de la planète, dit-il. Et pas plus tard que dans deux ou trois ans.»

D'autres analystes sont encore moins patients. Selon John Lawson, de Citigroup, les constructeurs automobiles qui se spécialisent dans les véhicules lourds et polluants doivent s'attendre à une réaction immédiate des marchés boursiers. Il craint pour les titres de Porsche, DaimlerChrysler et BMW. Le sort de BMW est particulièrement inquiétant. «C'est le constructeur qui a fait le moins de progrès en matière d'émissions de CO2 au cours des dernières années», dit-il.

Selon M. Lawson, les constructeurs Fiat, PSA Peugeot Citroën et Volkswagen seront les premiers à bénéficier de la nouvelle cible européenne de réduction des émissions de CO2. Ces sociétés se spécialisent dans la construction de véhicules légers et peu énergivores. «De toute façon, les constructeurs qui se préoccupent de la question environnementale semblent connaître davantage de succès que les autres au plan des affaires», dit John Ashton, porte-parole spécial sur les changements climatiques du ministère des Affaires étrangères du Royaume-Uni, en entrevue à La Presse Affaires.

Depuis 1995, les émissions de CO2 de l'industrie automobile européenne ont baissé de 12 % (23 g/km) pour s'établir à 160 g/km. Selon la BBC, l'utilisation de carburants éco-énergétiques et la mise au point de meilleurs systèmes de transmission pourraient réduire les émissions de 10 g/km. C'est ensuite que la situation se corse. «L'Association européenne des manufacturiers automobiles ne sera pas en mesure de respecter la nouvelle cible, estime Christopher Hill, analyste chez Lehman Brothers. Les améliorations plus faciles à apporter sont derrière nous. À partir de maintenant, les progrès se feront plus lentement.»

Selon la BBC, le coût supplémentaire de la décision de la Commission européenne varierait entre 600 et 4000 euros (environ 900 à 6000 $ CAN) par véhicule.