Avouons qu'il a de la gueule, le petit frère du T-Rex.

Le V13R (c'est son nom) est le dernier-né de la compagnie québécoise Campagna, qui a repris les activités de la défunte T-Rex, en septembre dernier. Le bolide à trois roues, qui était en gestation avant même que le T-Rex ne renaisse de ces cendres, devrait être lancé sur le marché québécois à l'automne, une fois la batterie de tests et le processus d'homologation achevés.

Si le T-Rex s'apparente à une voiture de course, le V13R a toutes les caractéristiques du hot rod: cockpit ouvert, roues avant dégagées, beaucoup de chrome, avec en prime le moteur de 1250cc de la V-ROD, de Harley-Davidson.

 

«Le V13R, c'est notre cruiser, notre hot rod, explique André Morissette, président de Campagna. Il est moins puissant que le T-Rex - 125 chevaux comparativement à 197 -, mais il n'est pas conçu pour les mêmes sensations. C'est fait pour se balader, pour profiter de la sonorité et des vibrations typiques de Harley. Il est aussi plus large à l'intérieur, et peut ainsi accommoder de «vraies» personnes, particulièrement aux États-Unis.»

La clientèle du V13R, fortunée - le véhicule coûte entre 40 000 $ et 48 000 $ - est un peu plus vieille que le T-Rex. «C'est un gars d'une cinquantaine d'années, un passionné d'autos des années 50, des hot rod, et qui veut un petit jouet pour s'amuser,» soutient M. Morissette.



Embûches et développement


En attendant de débuter la production du V13R, les 16 employés de l'usine de Boucherville fabriquent deux T-Rex par semaine et le carnet de commandes est plein pour les deux prochains mois. Même si 90% de la production est destinée à l'étranger, la demande au Québec est plus forte que prévue. «On est agréablement surpris par la réponse au Québec, il y a eu pas mal de commandes à la suite du Salon de la moto de Montréal, explique André Morissette. Le fait que l'on puisse désormais conduire le T-Rex avec un permis automobile nous a certainement donné un coup de pouce.»

Si la Société de l'assurance automobile du Québec a eu la bonne idée d'accorder un statut particulier aux véhicules à trois roues comme le T-Rex et le Spyder, de BPR, il n'en va pas de même pour toutes les provinces canadiennes. «Le T-Rex est approuvé par Transports Canada mais l'Alberta et l'Ontario tardent encore à le reconnaître. En Alberta, par exemple, notre véhicule est considéré comme une moto mais, comme les sièges sont plus bas, il se retrouve dans la catégorie des pocket bike. Bien sûr, le T-Rex n'a rien à voir avec une minimoto, on ne peut donc pas l'immatriculer, s'indigne M. Morissette. Aussi, on refuse de faire évoluer le dossier en prétextant notamment que le véhicule est trop voyant. À ce compte-là, une fille en bikini dans une décapotable devrait aussi être illégale en Alberta!»

Néanmoins, Campagna regarde l'avenir avec optimisme, malgré la crise économique. «Ça ne nous inquiète pas trop, mais il faut rester alertes. Mais le fait d'avoir structuré un nouveau réseau d'une quinzaine de concessionnaires aux États-Unis et d'avoir créé des liens au Japon et au Moyen-Orient fait contrepoids à la crise économique, assure André Morissette. De fait, nous ne sommes plus sujets à la seule saisonnalité nord-américaine. Quand la saison se termine ici, elle commence au Moyen-Orient, où il fait trop chaud pour rouler en été.

«Cela dit, c'est sûr que l'on aimerait pouvoir compter sur une demande qui justifierait d'augmenter la cadence de production à quatre ou six véhicules par semaine, avoue M. Morissette. Mais la réalité est que l'on doit d'abord passer au travers de la tempête économique et être présents pour vivre la suite.»