La moto hors-route traîne une aura de délinquance qui semble lui coller aux crampons comme de la boue séchée. Pour ne rien arranger, la pratique de ce loisir s'est souvent faite dans l'ignorance des lois, quand lois il y a. Voilà qui pourrait bientôt changer, le ministère de l'Éducation, des Sports et des Loisirs étant sur le point d'accepter le projet de règlements qui lui a été proposé par la Fédération québécoise de moto hors-route (FQMHR) en novembre 2005.

Ce serait en fait l'aboutissement de la croisade que mène depuis cinq ans la FQMHR pour faire de la moto hors-route une activité reconnue, encadrée et sécuritaire.

 

À l'heure actuelle, les parcs récréatifs de motocross agissent en toute illégalité, en l'absence de juridiction spécifique. «On explique aux organisateurs de manifestations qu'ils s'exposent à des poursuites», explique Benoît-Gilles Depont, directeur général de la FQMHR. Heureusement, de telles poursuites n'ont jamais été intentées et les activités organisées sous l'égide de la FQMHR jouissent de la bienveillante bénédiction de la Sûreté du Québec. Mais le cadre reste dangereusement flou.

Qu'on ne prenne toutefois pas un jeune à rouler dans le champ derrière la maison familiale, car les parents s'exposent à des amendes salées, sans parler du fait que les assurances moto ne s'appliquent pas quand le conducteur est âgé de moins de 16 ans.

Partager les sentiers

Quand les règlements seront officiellement adoptés par le gouvernement pour les activités de moto hors-route en parcs récréatifs et en compétition, la FQMHR va encourager la création de nouveaux parcs. Pour cela, elle travaille de concert avec la Fédération québécoise des clubs de quads pour faire passer de 6$ à 30$ la cotisation annuelle prélevée sur l'immatriculation des véhicules hors-route, actuellement fixée à 50$.

Benoît-Gilles Depont espère bien candidement que cela permettra de chasser des sentiers les jeunes en manque de sensations fortes. Car l'objectif, à moyen terme, est de permettre aux motocyclistes de se réapproprier les sentiers pour pratiquer leur activité favorite dans le respect de l'environnement, des riverains et des autres usagers.

 

Déjà, des centaines de kilomètres de sentiers sont aujourd'hui accessibles aux motos, résultat d'ententes entre la FQMHR et certains clubs de quads. Mais ces sentiers restent essentiellement loin des grands centres urbains et la plupart du temps sur des terres publiques.

M. Depont est toutefois réaliste et sait qu'il sera difficile de convaincre les propriétaires privés de faire place aux motos dans les sentiers du sud de la province. Le travail de sensibilisation reste énorme. «L'opinion publique est très mauvaise à notre endroit, alors il faut redorer notre blason, reconnaît-il. Mais on veut pouvoir toucher la population pour lui faire comprendre qu'il y a dorénavant une fédération qui s'occupe de réglementer la pratique de la moto hors-route.

«Quant aux motocyclistes, on veut leur dire qu'il existe des endroits où l'on peut faire de la moto hors-route légalement, car ils doivent comprendre qu'on ne peut pas faire ça n'importe où.»