Voilà 20 ans déjà que Cadillac s’affaire à remodeler son image pour séduire des puristes qui auraient naturellement succombé aux charmes d’œuvres germaniques de répertoires sportifs. Vingt années durant lesquelles la marque de luxe, par l’entremise de sa division V, parcourt les circuits pour dépoussiérer les préjugés, un point de corde à la fois. Difficile de quantifier les effets sur l’image de Cadillac de cette ambitieuse entreprise, mais la CT4-V Blackwing mise à l’essai cette semaine rappelle que ces efforts ont été tout sauf vains.

Son design 

PHOTO FOURNIE PAR GENERAL MOTORS

La Cadillac CT4-V Blackwing

Chez Cadillac, la CT4-V Blackwing se positionne en dessous de la tonnante CT5-V Blackwing. Dans les faits, les deux berlines partagent la même ossature, mais 186 mm les séparent en longueur, un écart dû essentiellement à l’empattement raccourci de la CT4-V. Lorsqu’on coche les groupes « fibre de carbone » – qui ajoutent des becquets avant et arrière, ainsi que des plans canards, des jupes et un diffuseur arrière –, la berline compacte devient le modèle V générant le plus de déportance jamais produit. En plus de leur effet sur l’écoulement d’air, ils complètent une carrosserie aux traits acérés rehaussés par ces phares en cascades et les feux arrière en boomerang, signature stylistique de Cadillac. L’ensemble présente un bel équilibre et suggère avec bon dosage ses prétentions sportives, mais attention aux passages escarpés qui menacent à tout moment ce long et coûteux becquet avant.

À bord 

PHOTO FOURNIE PAR GENERAL MOTORS

L’habitacle de la Cadillac CT4-V Blackwing

Le premier contact avec l’habitacle de la CT4-V Blackwing laisse quelque peu de glace, malgré un assemblage soigné. La qualité des matières utilisées – essentiellement une juxtaposition de divers plastiques foncés – est nettement plus digne d’une compacte généraliste que d’un véhicule à 71 000 $. Il y a aussi un manque d’imagination dans le rendu, lui qui ne fait a priori aucune référence remarquable au statut de cette berline d’exception censée concourir contre les BMW M3 et Mercedes-AMG C 63 de ce monde. Elle se reprend toutefois sur le plan des sièges avant optionnels à soutien réglable, autant au niveau de l’assise que du dossier. Ils offrent un confort et une position de conduite irréprochables en plus d’être élégants. Cette CT4-V présente en outre un déficit évident d’espace à l’arrière en comparaison à la CT5-V, et les rangements sont essentiellement une arrière-pensée.

Sous le capot 

PHOTO FOURNIE PAR GENERAL MOTORS

La Cadillac CT4-V Blackwing est proposée de série avec une boîte manuelle à six rapports fort compétente.

L’entrain est puisé ici dans un V6 biturbo de 3,6 L, un cœur revu pour plus de réactivité. Des bielles en titane (avec la boîte manuelle) complètent une entrée d’air moins restrictive (39 %) pour alimenter des turbocompresseurs à faible inertie. Cette mécanique de 472 ch est ainsi d’une redoutable efficacité sur l’ensemble de la plage de puissance, poussant avec assurance et uniformité jusqu’au rupteur qui bride le régime rapidement (6500 tr/min). Ce V6 n’a cependant pas la musicalité ni la douceur d’un six-cylindres en ligne, présentant un caractère un peu cru à bas régime. Plus le compte-tours grimpe, plus sa voix s’éclaircit et ses manières deviennent plus raffinées. Sa transmission manuelle à six rapports Tremec lui est par ailleurs parfaitement agencée. Sa pédale de débrayage est progressive et le couplage avec le volant moteur est mordant. Le levier se guide aussi naturellement. Un délice.

Derrière le volant

PHOTO FOURNIE PAR GENERAL MOTORS

La Cadillac CT4-V Blackwing

L’arme secrète de cette sportive demeure néanmoins sa plateforme à propulsion Alpha 2, un canevas de choix. Extraordinairement rigide, elle a fait l’objet d’un développement continu autant pour améliorer sa résistance que bonifier ses pièces et sa géométrie de suspension. Si, à basse vitesse, cette CT4-V Blackwing paraît somme toute platement civilisée pour une sportive avec sa direction très légère et modérément communicative, sa vraie nature apparaît lorsqu’on accélère la cadence. Là, on décèle des nuances supplémentaires lorsque les amortisseurs électromagnétiques négocient avec des charges. Le toucher de la direction s’alourdit au braquage et s’éveille, permettant de trouver ses repères et ainsi placer la voiture avec une extrême précision. Le différentiel arrière travaille aussi avec une magnifique constance. Cette CT4-V Blackwing est en somme moins intimidante et plus agile que sa grande sœur à moteur V8.

Les technologies embarquées

PHOTO FOURNIE PAR GENERAL MOTORS

La planche de bord de la Cadillac CT4-V Blackwing

On salue ici l’approche pondérée de Cadillac. Des touches bien palpables au rendu solide s’occupent des manipulations de base en lien avec le système de chauffage/climatisation. Au-dessus, on aperçoit un écran en trapèze de grandeur acceptable (8 po) pour éviter de trop occuper la planche de bord. Il permet d’accéder au système multimédia CUE éprouvé qui peut sembler daté, mais qui offre des fonctions tout à fait complètes en plus d’être passablement plus intelligible que bien des concurrents. Notons un niveau d’ajustement extrêmement complet du comportement routier avec une foule de modes seulement pour le différentiel arrière et le système de contrôle de stabilité. Cela est complété par une instrumentation numérique tout aussi paramétrable et lisible. Il ne fait pas de doute que Cadillac cible un auditoire de puristes, et c’est tant mieux.

Verdict

PHOTO FOURNIE PAR GENERAL MOTORS

La Cadillac CT4-V Blackwing

À l’instar de la CT5-V Blackwing, la CT4-V Blackwing est un pied de nez bien senti à cette horde de multisegments qui tentent tant bien que mal de tout faire bien. C’est un outil d’une rare précision, acquiesçant avec élégance et efficacité au guidage de son conducteur dans un harmonieux dialogue mécanique. C’est aussi une sportive grandement accessible qui ne s’aventure pas sur le terreau de la surenchère à la puissance, en opposition à bien des voitures américaines. En ce sens, cette CT4-V est probablement la Cadillac la plus européenne de cœur, sans toutefois bénéficier d’une aussi grande attention aux détails dans son habitacle que ses rivales du Vieux Continent. Qu’à cela ne tienne, on regarde bien plus souvent vers l’avant derrière son volant, le sourire aux lèvres.

Carnet de notes 

Des ajustements jusqu’au freinage

La CT4-V Blackwing dispose d’une assistance entièrement électronique au freinage permettant d’ajuster sa sensibilité. En plus de ses configurations possibles, le freinage est mordant et fort modulable.

Une transmission manuelle évoluée

En plus de la synchronisation du régime en rétrogradation, cette transmission manuelle à six rapports permet de changer les rapports sans lever le pied au-delà de 3000 tr/min. Cela garde les turbocompresseurs en rotation et conserve ainsi le moteur dans sa plage de puissance en conduite sur piste.

Au-delà de la boîte manuelle

Si la boîte manuelle ne vous intéresse pas, Cadillac offre une transmission automatique à 10 rapports que l’on retrouve également à bord de la Chevrolet Camaro et de la Cadillac CT5-V Blackwing.

Des pneus sur mesure

Pour s’assurer d’avoir des pneus qui se marient bien au dynamisme de ses berlines, Cadillac a mandaté Michelin pour préparer des Pilot Sport 4S conçus spécifiquement pour ses berlines Blackwing. Trois types de gommes composent donc sa bande de roulement pour à la fois assurer de l’adhérence et diminuer son usure.

Une consommation de V8

Avec une consommation estimée de 13 L/100 km et 11 L/100 km lors de l’essai, ce V6 biturbo consomme autant que le V8 de 6,2 L de la Chevrolet Camaro SS. Cela nous pousse – une fois de plus – à nous questionner sur les vertus du « downsizing ».

Fiche technique

  • Version à l’essai : CT4-V Blackwing
  • Prix (avec options, transport et préparation) : 90 363 $ (prix de départ de 71 098 $)
  • Moteur : V6 DACT 3,6 L biturbo
  • Puissance : 472 ch à 5750 tr/min
  • Couple : 445 lb-pi de 3500 à 5000 tr/min
  • Transmission : manuelle à six rapports avec synchronisation du régime en rétrogradation
  • Architecture motrice : moteur longitudinal avant, propulsion
  • Consommation (ÉnerGuide) : 13 L/100 km (essence Super)
  • Concurrents : Audi RS 5 Sportback, BMW M3, Infiniti Q50 Red Sport, Lexus IS 500 et Mercedes-AMG C 63
  • Du nouveau en 2023 ? Aucun changement majeur (version lancée pour l’année modèle 2022)
Consultez le site de Cadillac