(Milwaukee, États-Unis) Tous les cinq ans, Harley-Davidson fête son propre anniversaire en organisant un « Homecoming » à Milwaukee, au Wisconsin, le lieu de naissance de la marque. Les activités ne manquent pas : quelques heures dans l’exceptionnel musée voué à l’histoire du constructeur sont obligatoires, tout comme la visite guidée d’une des usines, et bien plus.

En juillet dernier, selon les chiffres annoncés par Harley-Davidson, environ 150 000 amateurs de la marque venus d’un peu partout dans le monde ont répondu à l’invitation. J’en faisais partie… plus ou moins. J’étais là pour évaluer deux nouveautés, mais le bain de foule était inévitable. Et quelle foule ! Plus que tout autre aspect de cet évènement, c’est elle qui m’a marqué, tant par son ampleur que par la raison de sa présence.

Quel extraordinaire phénomène : sans publicité ou presque, le constructeur d’un produit célèbre un anniversaire finalement quelconque — son 120e dans ce cas — et invite ses clients à « rentrer à la maison ». Et en quantité remarquable, des gens répondent et se rendent sur place, souvent à partir d’autres continents. Pratiquement tous y arrivent en roulant sur leur propre Harley. Pratiquement tous sont vêtus d’une manière très particulière les liant au premier regard avec cet univers. Et tous sans exception affirment ressentir un profond sentiment d’appartenance à la grande famille que forme ce groupe. Tous avouent également bel et bien se sentir « à la maison ». Le message du constructeur, visible un peu partout, est donc réellement reçu. « Welcome home », disent les affiches.

De jour comme de nuit, les motos stationnées sont innombrables. Le tintamarre des silencieux extraordinairement bruyants et des systèmes audio monstres devient une trame de fond constante. Déformation professionnelle oblige, j’examine les motos. Il s’agit à 99 % de grosses Harley-Davidson classiques. Les dernières nouveautés Harley destinées à toucher une nouvelle clientèle brillent par leur absence, tout comme la Livewire électrique. Même chose pour les autres marques, dont on ne voit pratiquement aucune trace. Si j’avais à tirer une conclusion rapide et instinctive de la foule et de ses motos, je dirais que malgré les difficultés que la marque traverse depuis quelques années, l’engouement de la clientèle Harley-Davidson reste absolument intact. Je dirais aussi que le constructeur ferait bien de ne pas trop miser sur l’électrique ou sur les jeunes. La foule, d’âge adulte, semble être indifférente à tout, sauf aux modèles classiques, qui sont pourtant les plus chers et les moins performants de la marque.

  • De jour comme de nuit, les motos stationnées sont innombrables.

    PHOTO BERTRAND GAHEL, COLLABORATION SPÉCIALE

    De jour comme de nuit, les motos stationnées sont innombrables.

  • Le tintamarre des silencieux extraordinairement bruyants et des systèmes audio monstres devient une trame de fond constante.

    PHOTO BERTRAND GAHEL, COLLABORATION SPÉCIALE

    Le tintamarre des silencieux extraordinairement bruyants et des systèmes audio monstres devient une trame de fond constante.

  • Tous les adeptes présents avouent bel et bien se sentir « à la maison ».

    PHOTO FOURNIE PAR HARLEY-DAVIDSON

    Tous les adeptes présents avouent bel et bien se sentir « à la maison ».

  • Les dernières nouveautés Harley destinées à toucher une nouvelle clientèle brillaient par leur absence.

    PHOTO FOURNIE PAR HARLEY-DAVIDSON

    Les dernières nouveautés Harley destinées à toucher une nouvelle clientèle brillaient par leur absence.

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Une autre caractéristique évidente de cette foule est qu’elle sourit. Tout le monde, sans exception, semble émerveillé et heureux de respirer le même air que des milliers d’autres amateurs de Harley. Les nationalités, les origines et les couleurs se mêlent les unes aux autres sans la moindre friction. Bien au contraire, tout le monde parle à tout le monde, sans barrière. Après un moment à mariner dans cette foule, elle m’apparaît presque normale. Pour les habitués, elle l’est totalement. Elle représente le style de vie qu’ils ont choisi.

Mais avec un tout petit peu de recul, on réalise que ni cette foule ni cet engouement ne sont normaux. Pas du tout, en fait. Tout en marchant et en observant, j’essaie d’imaginer quelle autre marque pourrait reproduire ce phénomène. Je passe en revue les plus grands noms de la planète. Si Ferrari, Coca-Cola ou Apple invitait ses clients à « rentrer à la maison », répondraient-ils à l’appel de manière comparable ? Bien sûr que non. J’en oublie une ? Dites-moi… D’autres constructeurs de motos ou de voitures rassemblent aussi leurs clients avec un certain succès, mais à ma connaissance, rien ne s’approche de l’ampleur du phénomène dont je suis témoin à Milwaukee.

* Les frais de transport et d’hébergement ont été payés par Harley-Davidson.