Le récit s’est amorcé en juin 1970. Connu à l’époque pour ses baroudeurs très efficaces, mais crus et bruts, Land Rover lance son tout premier Range Rover Classic. Œuvre destinée à polir l’image du constructeur britannique, le modèle est devenu le premier véhicule exposé au Louvre l’année suivante pour son « travail exemplaire de design industriel ». Il a jeté les bases d’une lignée qui allait redéfinir le rôle du VUS. Nous avons fait l’expérience de sa dernière et cinquième génération.

Le design 

PHOTO FOURNIE PAR LAND ROVER

Sur la latérale, on fait d’abord la recension des absents : les poignées se présentant seulement lors du déverrouillage ainsi que les piliers fondus dans l’imposante surface vitrée.

Un peu comme la Porsche 911 s’applique à le faire depuis ses balbutiements, le Range Rover progresse stylistiquement sur la pointe des pieds, tentant de ralentir le temps, mais pas trop en même temps. Cette nouvelle cuvée témoigne d’une approche pondérée visant un auditoire conquis en modernisant sa façade au moyen d’une calandre en trapèze aux motifs cylindriques moins imposante et toujours aussi haute. Elle s’imbrique aux phares et donne de la stature au VUS. Sur la latérale, on fait d’abord la recension des absents : les poignées se présentant seulement lors du déverrouillage ainsi que les piliers fondus dans l’imposante surface vitrée. L’amplitude extraordinaire des portières arrière de la livrée à empattement long accentue visuellement la longueur de l’objet et encourage les parallèles avec les grandes berlines. La partie du design la plus intéressante demeure néanmoins l’arrière, qui rappelle justement, par sa forme, la proue d’un bateau Riva que l’on aurait pu croiser sur la Côte d’Azur dans les années 1960.

À bord  

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La planche de bord est tout horizontale et bien soignée dans sa présentation en se gardant d’exposer les buses.

La composition intérieure est façonnée encore là de partitions très contemporaines. Une fois la garde au sol abaissée au moyen d’un système pneumatique, on s’installe dans un mobilier extrêmement douillet et paramétrable à souhait. À l’avant, la vue sur le long capot est imprenable, gracieuseté d’une position de conduite passablement haute. On baisse littéralement les yeux vers la planche de bord, tout horizontale et bien soignée dans sa présentation en se gardant d’exposer les buses. Les cuirs parfumés sont partout et cherchent, au moyen d’un ajustement de qualité irréprochable, à orner sans verser dans le criard. Les pièces métalliques et les moulures de bois se chargent des variations. Son format aidant, ce Range Rover est évidemment extrêmement spacieux. Les places arrière disposent d’ailleurs de plus d’espace pour les jambes qu’à l’avant. La rangée supplémentaire derrière celles-ci est là en cas d’urgence : le dégagement pour la tête y est limité.

Sous le capot 

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La soif du Range Rover s’est révélée plutôt contenue pour la cylindrée en conditions hivernales à 13 km/100 km.

En attendant la version électrique promise pour 2024, deux six-cylindres en ligne de 3 L sont proposés ici, l’un hybride léger et l’autre hybride rechargeable ayant une autonomie de 88 km, nous dit-on. La variante à empattement long essayée était mue par un V8 de 4,4 L biturbo d’origine BMW d’une puissance de 523 ch et un couple de 553 lb-pi. Contrairement à la marque bavaroise, les ingénieurs de Land Rover ont privilégié une trame sonore authentique dépourvue d’artifices synthétisés, au grand plaisir de nos oreilles. Le discret timbre guttural accompagne des manières mielleuses, mais plutôt mordantes à la moindre sommation. Le réglage de la pédale d’accélération n’est toutefois pas toujours en phase avec ce constat, elle qui devient anormalement nerveuse en mode Dynamic. Qu’à cela ne tienne, sa soif s’est révélée plutôt contenue pour la cylindrée en conditions hivernales à 13 L/100 km, c’est bien mieux que le V8 de 5 L qu’il remplace.

Derrière le volant  

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Ce Range Rover impressionne d’abord le conducteur par l’immense silence qui y règne.

Bénéficiant d’un coefficient de traînée comparable à celui d’un Ariya, le VUS électrique de Nissan, ce Range Rover impressionne d’abord le conducteur par l’immense silence qui y règne. Cette quiétude est aussi alimentée par le sublime travail des ressorts pneumatiques, constamment aux aguets pour s’ajuster selon les surfaces. La rythmique de leurs interventions est exceptionnelle, rendant le VUS digne d’être comparé à bien des berlines de grand luxe. Ils appuient aussi les aptitudes hors route nécessaires en augmentant la garde au sol jusqu’à 13 cm supplémentaires. Une direction arrière rend également de fiers services lorsqu’on doit manœuvrer dans des petits espaces, limitant à 12 m son rayon de braquage, à peine 40 cm de plus qu’une Honda Civic Si. Fonçant dans une imposante tempête d’hiver, nous avons constaté la prévisibilité de son comportement dans ces conditions, mais la direction reste dépourvue de sensations, c’était à prévoir.

Les technologies embarquées 

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L’écran multimédia tactile du Land Rover Range Rover 2023

Le VUS reçoit un système multimédia composé d’une instrumentation entièrement numérique et d’un grand écran tactile d’allure flottante. Nommé Pivi Pro, il reste dans l’ensemble plutôt intuitif et exécute les commandes rapidement. La présentation renchérit l’aspect luxueux de l’habitacle en plus d’être lisible. Sur le volet des instruments, l’écran placé devant le volant est tout aussi lisible, mais paraît plus saccadé lors des changements de menus et lors de sa configuration. Les commandes placées sur le volant ne sont pas toujours intelligibles, ce qui oblige à prendre le temps de les manipuler avant de prendre la route pour bien assimiler les fonctions. Notons par ailleurs la présence d’une kyrielle de caméras permettant, par juxtaposition d’images, d’avoir un point de vue 3D étonnamment efficace lors de manœuvres de stationnement. Côté auditif, la chaîne Meridian 3D de milieu de gamme s’est révélée acceptable, sans réellement briller par sa capacité à faire cohabiter les hautes et basses fréquences.

Le verdict  

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Le Land Rover Range Rover 2023 ne réinvente rien, mais exploite à merveille ses forces dans un contexte où la concurrence lance des attaques sans répit.

Le Range Rover est rapidement devenu après sa naissance un ambassadeur de la famille royale britannique. On ne peut donc nier son immense résonance culturelle, au-delà évidemment de l’image opulente qu’il projette, que plusieurs jugent déraisonnable. C’est aussi le poumon du groupe Jaguar Land Rover, qui assure sa survie par sa réussite. Cette nouvelle génération a donc un poids immense à porter, mais relève le défi avec la grâce nécessaire. Il ne réinvente rien, mais exploite à merveille ses forces dans un contexte où la concurrence lance des attaques sans répit. Force est d’admettre cependant que l’aspect anachronique du V8 ne l’aide pas, malgré sa prestation convaincante, voire séduisante. Les six cylindres sont plus à propos, en attendant l’électrique, qui pourrait le rendre encore bien meilleur.

Carnet de notes  

Visibilité sans faille

Alors que bien des véhicules adoptent des profils inspirés des coupés qui mettent à mal la visibilité, ce Range Rover dispose d’une surface vitrée très abondante permettant de voir dans tous les angles et assurant ainsi une plus grande sécurité.

Panneau hayon arrière

Fidèle aux traditions, ce Range Rover dispose d’un hayon en deux pièces. Un panneau inférieur peut se déployer à l’horizontale pour permettre de s’y asseoir ou de faciliter le chargement.

Volant à revoir

Détail un peu agaçant : une moulure d’aluminium déboîte sur le rayon du volant où l’on pose généralement nos mains. Elle est évidemment particulièrement froide l’hiver et pas très adhérente.

Ballet de sièges

Lorsqu’on active les boutons permettant de rabattre la troisième rangée ou d’y accéder, un ballet électrique s’active, ajustant précisément les dossiers pour éviter qu’ils entrent en contact.

Il peut tracter une – grande – remorque

Avec 3500 kg de capacité de remorquage, ce Range Rover est étonnamment performant à ce chapitre.

Fiche technique  

  • Modèle à l’essai : Land Rover Range Rover SE LWB
  • Moteur : V8 DACT de 4,4 L biturbo
  • Puissance : 523 ch de 5500 à 6000 tr/min
  • Couple : 553 lb-pi de 1800 à 4600 tr/min
  • Transmission : automatique à huit rapports avec mode manuel
  • Architecture motrice : moteur longitudinal avant, transmission intégrale
  • Consommation (ÉnerGuide) : 13,3 L/100 km (super)
  • Prix (avec options, transport et préparation) : 176 965 $ (prix de départ de 151 750 $)
  • Concurrents : Cadillac Escalade, BMW X7, Lincoln Navigator, Mercedes-Benz GLS et Jeep Grand Wagoneer
  • Du nouveau en 2023 ? : Aucun changement majeur (nouvelle génération lancée en 2022)
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