(New York) General Motors a dévoilé mercredi la version électrique de son véhicule le plus vendu, le Chevrolet Silverado EV, tentant comme Ford de protéger ses positions sur le très populaire et rentable segment des camionnettes face à Tesla et à d’autres start-up montantes.

Présenté à l’occasion du grand salon de la tech à Las Vegas (CES), le Chevrolet Silverado EV sera d’abord disponible dans deux configurations : un modèle destiné aux professionnels à 40 000 dollars, qui entrera en production au printemps 2023, et un modèle plus luxueux baptisé RST First Edition à 105 000 dollars, en production fin 2023.

Le véhicule arrivera sur un marché déjà bien occupé, à commencer par la version électrique de la camionnette de Ford, le F-150, qui doit débuter au printemps également à un prix de base de 40 000 dollars environ.  

La start-up Rivian a engagé en septembre dernier la production de ses premières camionnettes destinées à la vente, baptisées R1T, suivie, fin 2021, par le GMC Hummer électrique, de General Motors.  

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Le Chevrolet Silverado EV RST 2024 a été présenté à Detroit, le 5 janvier 2022

Une autre start-up, Bollinger, prévoit de débuter la production de sa camionnette fin 2022 tandis que Canoo doit lancer le sien début 2023.

La marque Ram du groupe Stellantis offrira pour sa part un véhicule électrique en 2024.

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Le Chevrolet Silverado EV RST 2024.

Tesla a, de son côté, présenté un « Cybertruck » qui devait être initialement disponible fin 2021, mais a été depuis reporté, sans date précise.  

« Jusqu’à présent, jusqu’au lancement du R1T de Rivian, tous les véhicules électriques aux États-Unis étaient des berlines ou des VUS », souvent prisés d’une clientèle aisée, rappelle Garrett Nelson, spécialiste du secteur automobile au cabinet CRFA.

Or les trois véhicules les plus vendus aux États-Unis sont des camionnettes : le F-150, le Ram 1500 et le Chevrolet Silverado.

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L’intérieur du Chevrolet Silverado EV RST 2024.

Ford et GM, qui ont engagé ces derniers mois un réel tournant vers les voitures sans émission après avoir longtemps laissé Tesla dominer ce marché aux États-Unis, « se pressent de proposer une version électrique de leurs modèles les plus populaires », avance M. Nelson.

Jeu largement ouvert

Les constructeurs traditionnels de Detroit ont certes pris un temps de retard, mais après avoir fait de grandes promesses ces deux dernières années, leurs investissements « commencent simplement à se concrétiser », remarque Jessica Caldwell du cabinet Edmunds.

Comme les véhicules électriques ne représentent encore qu’environ 3 % des ventes totales de véhicules aux États-Unis, le jeu est encore largement ouvert et de nombreux acteurs tentent leur chance.

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Le Chevrolet Silverado EV RST 2024.

Stellantis a ainsi annoncé mercredi que sa filiale Chrysler ne lancerait plus que des voitures électriques à partir de 2028 et a dévoilé un large partenariat avec Amazon, comprenant la commande de « milliers » de véhicules électriques « par an » à partir de 2023 chez Ram.

Le géant japonais de l’électronique Sony a aussi profité du salon de Las Vegas pour présenter mardi un nouveau prototype de sa voiture électrique Vision S et annoncé la création d’une nouvelle filiale chargée d’explorer ce marché en expansion rapide.

Mercedes avait révélé lundi un nouveau concept de berline électrique particulièrement aérodynamique et offrant une autonomie de près de 1000 kilomètres, baptisé EQXX.

Réticence des consommateurs

Les grands constructeurs se concentrent surtout maintenant sur des véhicules avec une autonomie plus importante, sur les VUS et les camionnettes, « des segments où les volumes, et les marges, sont plus importants », remarque Jessica Caldwell.

Jusqu’à présent, « les start-up ont certainement suscité plus d’engouement », relève la spécialiste. À leur entrée à Wall Street en novembre, Rivian et Lucid ont rapidement valu plus que GM et Ford alors même que les deux jeunes entreprises venaient à peine de démarrer leur production.  

Mais ces petites sociétés n’ont pas le réseau de concessionnaires des constructeurs établis, leur notoriété ou leur budget marketing.

La demande pour certains véhicules semble suivre : Ford a annoncé mardi qu’au vu de la forte demande, il allait presque doubler les capacités de production du F-150 Lightning, à 150 000 véhicules par an.  

Mais « il y a encore de la réticence de la part des consommateurs à acheter des véhicules électriques, pas seulement pour le prix d’achat, mais aussi pour l’installation d’un chargeur à la maison », remarque Garrett Nelson.  

Le grand plan d’investissement « Build Back Better » de Joe Biden prévoit de généreuses incitations financières pour le secteur. « Le fait que son adoption soit encore en suspens est clairement un revers », ajoute-t-il.