(New York) General Motors a dévoilé mercredi un objectif ambitieux : doubler son chiffre d’affaires annuel d’ici 2030 non seulement en vendant bien plus de véhicules électriques, mais aussi en proposant de nouveaux services et logiciels, dont un système avancé d’aide à la conduite.

Le numéro un de l’automobile aux États-Unis cherche à convaincre les investisseurs que GM, valorisé 78 milliards de dollars en Bourse, peut être considéré comme une entreprise d’avenir au même titre que Tesla, valorisé dix fois plus à Wall Street.

Le groupe, qui a dégagé un chiffre d’affaires moyen de 140 milliards de dollars les cinq dernières années, a déjà annoncé vouloir consacrer 35 milliards de dollars d’ici 2025 aux véhicules électriques et autonomes avec comme objectif de proposer à cette date 30 modèles n’émettant pas d’émissions.  

Plus de la moitié des usines du groupe en Amérique du Nord et en Chine devraient être capables de produire des véhicules électriques d’ici 2030, a précisé GM mercredi à l’ouverture de deux jours de présentations aux investisseurs. Le groupe aspire à produire uniquement des voitures sans émission en 2035.

Le vénérable constructeur a des atouts à faire valoir, a assuré sa patronne Mary Barra : une main-d’œuvre qualifiée, des bâtiments déjà construits, un réseau de concessionnaires établi.  

« Lorsque nous appuyons sur la pédale d’accélérateur, nous pouvons vraiment évoluer assez rapidement », a-t-elle souligné lors d’un breffage avec la presse.  

Grâce à ses capacités existantes, le constructeur sera notamment en mesure de proposer des véhicules électriques « vraiment abordables », a assuré Mme Barra.

GM prévoit ainsi d’offrir, à une date indéterminée, un VUS Chevrolet à environ 30 000 dollars.

Convaincre les clients

Pour générer des revenus supplémentaires, le groupe compte parallèlement sur le développement de sa plateforme Ultifi, qui propose divers services et logiciels souvent disponibles sur abonnements.  

Elle sera bientôt agrémentée d’une version améliorée de son système d’aide à la conduite Super Cruise, qui permet actuellement aux propriétaires de certaines Cadillac de rouler sur autoroute sans les mains sur le volant, mais toujours sous surveillance.

Baptisée Ultra Cruise, la nouvelle solution devrait permettre in fine de laisser la voiture manœuvrer 95 % du temps, y compris en ville. Le conducteur pourrait n’avoir à reprendre le volant que dans les zones de construction ou sur les intersections complexes par exemple.

GM prévoit de proposer Ultra Cruise à partir de 2023 sur des modèles haut de gamme, au fur et à mesure de leur sortie. La solution actuellement disponible sur Cadillac, Super Cruise, serait, parallèlement, étendue à des véhicules plus standard.  

Le groupe de Detroit se positionne ainsi un peu plus en concurrence directe avec Tesla, qui propose déjà un système d’assistance à la conduite de régulation de vitesse et de changement de voie sur autoroutes sur tous ses véhicules sous le nom d’Autopilot et travaille au déploiement d’un système de conduite autonome plus complet.  

Pour doubler son chiffre d’affaires d’ici 2030, GM compte aussi sur une « croissance modérée » de son portefeuille actuel de véhicules thermiques ainsi que sur le développement de solutions de financement et d’assurance, de son service de livraisons BrightDrop et de ses activités dans la défense.

Le constructeur mise aussi sur sa filiale de véhicules autonomes Cruise, qui devrait commencer sous peu à proposer des trajets payants dans des véhicules sans chauffeur et rapporter éventuellement 50 milliards de dollars par an en 2030.  

Le groupe s’attend au total à dégager 275 à 315 milliards de dollars par an en 2030 avec une marge d’exploitation de 12 % à 14 %.

« Le marché reste sceptique sur la capacité de GM à tirer son épingle du jeu face à des acteurs plus avancés sur les véhicules électriques » comme Tesla ou les jeunes pousses uniquement dédiées à ce secteur, a relevé Dan Ives, analyste chez Wedbush Securites.

D’autant plus que l’entreprise souffre particulièrement de l’actuelle pénurie de semi-conducteurs et doit gérer un rappel sur son seul modèle électrique actuellement disponible en Amérique du Nord, la Chevrolet Bolt, en raison de défauts sur les batteries pouvant entraîner des incendies.

Mais, estime M. Ives, les nouveaux objectifs sont « atteignables » si GM parvient bien à convaincre ses clients de privilégier les électriques.