À voir les carnets de commandes noircis des concessionnaires, on a peine à croire que le Q5 roule chez nous depuis deux ans déjà. L'offre peine toujours à satisfaire la demande. Et pas juste au Canada. Partout ailleurs dans le monde aussi. C'est à se demander si le constructeur allemand veille sciemment à ce qu'il en soit ainsi jusqu'au renouvellement de ce modèle, prévu pour 2014.

Pour maintenir l'attente élevée, Audi multiplie les versions avec parcimonie. Au Canada par exemple, cette stratégie étapiste a jusqu'ici porté ses fruits.

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Petit rappel. À son lancement canadien, au printemps 2009, le Q5 soulève seulement son capot à un moteur six cylindres de 3,2 litres. Pour 2011, Audi ajoute un quatre-cylindres 2 litres turbocompressé à sa gamme. Instantanément, la demande bascule en faveur de celui-ci, car plus économique à l'achat comme à la pompe. La capacité de l'usine chargée de produire ce petit camion demeure toutefois sensiblement la même. Audi a ainsi tout le loisir de vendre ses véhicules sans rabais (promotions, valeur résiduelle gonflée à la location, ristournes, etc.) aux consommateurs. Et d'engranger des bénéfices réinvestis ensuite dans la recherche et le développement.

L'embarras du choix

Le même scénario se reproduira à l'automne. Audi va abattre deux nouvelles cartes. D'abord une motorisation hybride, mi-essence, mi-électrique. Puis, quelques mois plus tard, un moteur turbodiesel.

Revenons au quatre-cylindres de 2 litres suralimenté par turbocompresseur. Éprouvé et robuste, ce groupe motopropulseur sert bien le Q5 et les objectifs de réduction de consommation (et d'émissions polluantes) fixés par le constructeur aux anneaux (hiéroglyphe de la marque).

À tel point, en fait, que l'acheteur a toutes les raisons du monde de le préférer au V6 3,2 litres, toujours offert. Ce dernier anime le Q5 avec une ferveur certaine, mais il n'a pas - n'a jamais eu - le soyeux et caractériel que le six-cylindres en ligne du BMW X3, son principal concurrent.

Plus sobre, plus expressif aussi, le 2-litres turbo rend la conduite du Q5 plus homogène encore. Son poids moindre taxe moins le train avant, rééquilibre les masses et contribue, du coup, à redonner à cet Audi un comportement aussi agile que ses formes compactes le suggèrent. Sa courbe de puissance, très linéaire, et la boîte semi-automatique à huit rapports très efficace - hélas privée d'un dispositif de coupure automatique - procurent une accélération vive et des reprises tonifiantes.

Comportement agile

Comme les autres modèles de son espèce, l'Audi Q5 aimera mieux escalader les trottoirs que franchir les souches. À l'observer, on comprend pourquoi. Qui, en effet, aurait le courage (ou l'insouciance?) de tremper d'aussi belles jantes dans la boue? Voilà, un autre 4 x 4 de luxe destiné à parader sur le bitume, pas à grimper aux arbres. Et encore. L'absence de baguettes latérales protectrices rend la carrosserie du Q5 tout aussi vulnérable en ville...

Ce rouage à quatre roues motrices est surtout utile sur chaussée glissante, par exemple. Pas de boutons inutiles et compliqués à enclencher, c'est l'électronique qui gère en permanence le comportement de la voiture sur la route.

Plus encore si le système Audi Drive Select embarque à bord. Offert en option, celui-ci permet d'assouplir ou de raffermir la suspension, la réponse de la direction au volant ou la courbe de la pédale d'accélérateur. Il configure aussi les lois de passage des vitesses, selon les performances recherchées.

Les ingénieurs ont beaucoup travaillé sur la qualité de la filtration des bruits roulants et des émissions sonores du moteur. Malgré ses presque deux tonnes, ce multisegment conserve - grâce entre autres à ses «béquilles électroniques» - un comportement agile.

Le Q5 parvient à un excellent compromis entre confort et tenue de route. Pas aussi sportif qu'un X3, sans doute, mais tout de même en mesure de suivre le rythme imposé par son rival de Munich. Au petit jeu des comparaisons, ajoutons que le Q5 chahute moins ses occupants qu'un GLK de Mercedes (mais plus que tous les autres modèles cités), se faufile plus aisément qu'un XC60 de Volvo et procure une conduite autrement plus dynamique que le RX de Lexus.

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

Le poids contenu du 2 litres tubro taxe moins le train avant, rééquilibre les masses et contribue, du coup, à redonner à cet Audi un comportement aussi agile que ses formes compactes le suggèrent.

Déjà vu

Bardé d'électronique, de technologie luxueuse, y compris l'équipement audio signé Bang et Olufsen, le Q5 s'adresse - on l'aura compris - à une clientèle à fort pouvoir d'achat. Pour autant, le Q5 est un multisegment comme les autres. D'un point de vue plus fonctionnel, le Q5 offre à ses occupants une habitabilité moyenne. Les places arrière - accueillantes pour deux - ne dégagent pas un espace extraordinaire pour de grandes jambes.

En revanche, la modularité de l'habitacle fait plaisir. Le siège avant droit peut se replier pour faciliter le transport de longs objets. Ajoutons en outre que le seuil est assez haut. Le plancher de chargement est presque plat lorsqu'on rabat les dossiers de banquette, mais le volume est dans la moyenne, sans plus.

Ce tout-terrain de luxe à connotation légèrement sportive ne révolutionne pas les canons du genre: hauteur limitée, ailes fortement prononcées, museau agressif avec une énorme calandre d'un seul tenant et fesses râblées et musclées. Chiche, le constructeur n'offre que deux des 11 teintes extérieures sans frais supplémentaires. Les autres, dont le rouge grenat de notre véhicule d'essai, entraînent un déboursé de 750$.

L'habitacle nous sert du déjà vu. Le mobilier est très proche dela précédente version du Q5. L'ergonomie des principales commandes ne pose pas problème à quiconque prendra le temps de lire le manuel du propriétaire. Là, dans le coffre à gants. Il faut aussi souligner la parfaite qualité d'assemblage de ce modèle et l'aspect luxueux des matériaux du tableau de bord comme de la sellerie.

En revanche, nous vous déconseillons l'achat du toit panoramique offert en option. Celui-ci ensoleille fabuleusement l'habitacle, mais est source de craquements au fil des kilomètres.

Au final, l'attente en vaut-elle la peine ou pas? Oui, mais attendez donc encore un peu. Les versions hybride et turbodiesel s'en viennent.

L'auteur tient à remercier les responsables des installations du parc Saint-Jacques de Montréal.

À RETENIR



- Fourchette de prix: 41 200 $ à 49 900$

- Frais de transport et préparation: 1995$

- Version essayée: 2.0 T

- Garantie de base: 48 mois/80 000 km

- Consommation obtenue dans le cadre de l'essai: 10,6 L/100 km

- Pour en savoir plus: www.audi.ca

SURVOL TECHNIQUE

- Moteur: L4 DACT 2 litres Turbo

- Puissance: 211 ch à 5300 tr/min

- Couple: 258 lb-pi à 1500 tr/mn

- Poids: 1895 kg

- Rapport poids-puissance: 8,98 kg/ch

- Mode: Intégral (quatre roues motrices)

- Transmission de série: Semi-automatique 8 rapports

- Transmission optionnelle: Aucune

- Direction/Diamètre de braquage: Crémaillère/11,9 mètres

- Freins: Disque/Disque

- Pneus: 235/60R18

- Capacité du réservoir/essence recommandée: 75 litres/Super

NOUS AIMONS

- La boîte à 8 rapports

- Le 2-litres plus que le V6

- La qualité de la finition

NOUS AIMONS MOINS

- Le poids important

- Les groupes d'options

- Les suspensions fermes

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

Bardé d'électronique, de technologie luxueuse, y compris l'équipement audio signé Bang et Olufsen, le Q5 s'adresse - on l'aura compris - à une clientèle à fort pouvoir d'achat.