Activité épicurienne s'il en est une, la moto ne cadre pas nécessairement avec la vie de famille. Le passage de la cigogne signifie pour plusieurs motocyclistes une réduction considérable de leur kilométrage annuel sur deux roues.

Mais sachez qu'il y a moyen d'emmener ses rejetons à moto, et ce, dès l'âge de 3 ans, grâce aux harnais conçus pour les jeunes enfants. Le dispositif, fixé à la taille du conducteur, permet au petit d'être attaché au motocycliste et de suivre ses mouvements. Il se retient à des poignées fixées à un bloc d'espacement placé entre lui et le dos du pilote. Finalement, un coussin entoure le casque du jeune passager, empêchant ainsi sa tête de ballotter.

Bien sûr, conduire une moto avec un enfant derrière soi nécessite une conduite ultra préventive. «Il faut être beaucoup plus attentif, recommande Tony Rodrigue, père de Zachary, 6 ans. Un peu comme lorsqu'on a un passager, les accélérations et décélérations sont beaucoup plus douces. À deux, je surveille davantage mes arrières, je suis plus attentif aux autres véhicules. Je prends aussi mes virages avec plus de douceur. À moto, on doit conduire en fonction des autres; c'est 1000 fois plus vrai quand on a son enfant derrière soi.»

Pour Nathalie Corriveau, qui a fait de la moto avec Marie-Lune, 8 ans, et Mathieu 6 ans, pendant plus de trois ans, il faut nécessairement adapter sa conduite. «Quand tu es seule sur ta moto, tu peux te permettre de conduire de façon beaucoup plus saccadée, plus agressive, soutient-elle. Avec un enfant, tu regardes tes angles morts plus souvent et tu essaies de rouler sur des chemins tranquilles.»

Entretenir le plaisir

L'itinéraire est aussi un facteur déterminant à retenir. Il ne faut pas penser à faire de longues randonnées avec un enfant. L'ennui peut s'installer assez rapidement. «Je me contente de randonnées agréables, en ville, à basse vitesse, explique Tony Rodrigue. On peut ainsi se parler, je l'entends, d'autant plus que je dispose d'un système de communication.

«D'ailleurs, un tel équipement représente un plus avec un enfant, poursuit-il. Quand tu portes un casque intégral, c'est difficile d'écouter l'enfant, même si lui porte un casque ouvert. Un système de communication ajoute au plaisir de rouler.»

Nathalie Corriveau admet elle aussi qu'il est à peu près impossible de faire de longues randonnées avec des enfants. «On a déjà fait de petites promenades à Saint-Paul-de-l'Île-aux-Noix ou dans la vallée du Richelieu. Une randonnée qui aurait dû se faire en 45 minutes nous a pris trois ou quatre heures, illustre-t-elle. On avait prévu plusieurs haltes, un pique-nique, on regardait passer les bateaux. Bref, il faut prévoir des choses intéressantes pour stimuler les jeunes, car, pour eux, il n'y a rien d'intéressant à rouler.»

Une dernière randonnée en mai dernier, alors que la température était un peu fraîche, a d'ailleurs sonné le glas des randonnées familiales pour Nathalie. «Pour notre part, les enfants n'ont pas nécessairement allumé autant qu'on pensait, admet-elle. Sans doute parce que, pour eux, c'était normal que leurs parents roulent à moto; il n'y avait rien de spécial à ça. Pour nous, ç'a été un échec; c'est l'une des raisons pour lesquelles on vend les motos.»

Échec partiel, serait-on tenté d'ajouter: Marie-Lune et Mathieu tâtent tous les deux du moto-cross. Et on dit que le plus jeune est particulièrement doué.

Tony Rodrigue observe lui aussi une part de désintéressement chez Zachary. «Cet été, les occasions de rouler sont plus rares, explique-t-il. Et quand je lui donne le choix entre la moto et la piscine, il choisit la piscine. On a fait seulement deux randonnées de plus de 15 minutes.

«Dans le fond, il ne voit pas grand-chose, ce n'est pas trop plaisant pour lui, poursuit-il. Alors, comme j'essaie de lui présenter cette activité-là pour qu'il puisse continuer d'en faire, je ne veux pas l'écoeurer.»

Parents motocyclistes, vous êtes avertis!