Les précurseurs de l'autopartage ont de la concurrence qui pourrait à terme prendre une forme inattendue avec l'arrivée des constructeurs automobiles eux-mêmes.

Depuis presque deux ans, Daimler AG met à la disposition de la population de la petite ville allemande d'Ulm un service de location de voitures. Deux cents exemplaires de smart ForTwo CDI sont disponibles sept jours sur sept, 24 heures sur 24. Le principe s'apparente à la fois à l'autopartage et au vélo en libre service. Une voiture peut être louée à n'importe quel moment, n'importe où. Elle peut être utilisée le temps souhaité et laissée sur n'importe quel stationnement public. Coût: 9,90€ (13,50$) par heure, 49€ (66$) par jour.

Baptisé car2go, ce programme - temporaire à l'origine et devenu une société - a été lancé à Austin, au Texas, l'an dernier et devrait être prolongé dans les deux villes qui verront leur parc de smart passer à 300 véhicules. Hambourg, en Allemagne, en bénéficiera l'an prochain. Et le constructeur planche sur une nouvelle implantation en Amérique du Nord.

«Les membres apprécient la flexibilité du service. Mais la possibilité de louer la voiture sur place sans réserver et la liberté de ne pas avoir d'heure et de lieu de retour ont surtout fait notre succès. Plus de 90% des locations sont pour des trajets aller d'un point à un autre», rapporte Juliane Muehling, directrice des communications de car2go.

BMW a emboîté le pas. Depuis trois mois, les habitants de Munich testent un «nouveau service de mobilité» qui permet de louer sur une base horaire une BMW Série 5 pour se rendre à une réunion, comme un roadster Z4 pour une balade en campagne. Accessible par internet ou par téléphone, le service «BMW à la demande» a des tarifs fluctuants selon le modèle choisi. Par exemple, une Série 1 coûte 16€ (22$) l'heure, une Série 5 23€ (31$), assurances et services inclus. BMW pense que «bien des clients aimeraient pouvoir utiliser divers modèles à différents moments plutôt que d'être coincés dans le même véhicule».

«Il y a une demande pour cela en Europe», justifie Barbara Pitblado, directrice des communications de BMW Canada.

«Le service car2go est fait pour de courts trajets dans des centres-villes et est un complément aux moyens de transport déjà existant. Il est une solution de rechange pour les gens qui ne veulent pas ou ne peuvent pas avoir de voiture. Il permet aussi à Daimler de rejoindre ces gens», dit Juliane Muehling.

Les agences de location s'y mettent à leur tour

Les nouveaux «joueurs» dans le domaine de l'autopartage se nomment WeCar, Zipcar ou encore Connect. Derrière ces noms, se trouvent de très gros «dirigeants».

WeCar n'est autre qu'une filiale d'Enterprise Rent-A-Car. Connect ne s'appelle pas tout à fait Connect, mais plutôt Connect by Hertz. Indépendant et semblable à Communauto à l'origine, Zipcar est devenu en 10 ans un «leader mondial» dans l'autopartage grâce à une ouverture à des investisseurs.

Ces trois exemples ont comme point commun le fait qu'ils ne s'adressent pas seulement aux individus et aux entreprises. Les universités et même les collèges font partie de leur clientèle. Pas moins de 120 établissements d'enseignement nord-américains participent au programme de Zipcar, qui a des ramifications jusqu'à Londres. Lancé à New York, Connect offre ses services essentiellement aux États-Unis, surtout sur les campus, de même que dans quelques capitales européennes. WeCar est avant tout présent au sud de la frontière.

Au Canada, on les trouve sur les campus des universités de Calgary et de l'Alberta à Edmonton, mais aussi à Toronto et à Vancouver. Ces entreprises n'ont pas encore franchi les frontières du Québec. Mais, «la concurrence va arriver ici», dit Marco Viviani, directeur des relations publiques de Communauto.

Dans un cas comme dans l'autre, le principe est le même que ce qu'offre l'entreprise québécoise, à ceci près que l'offre se limite le plus souvent à des utilisations d'une heure ou de 24 heures, à des tarifs horaires qui varient grosso modo de 6$ à 10$ l'heure, selon les offres. On est encore loin des 1,66$ de Communauto.

Photo archives La Presse

Selon le président-fondateur de Communauto, Benoît Robert, les constructeurs procèdent à «un élargissement de leur marché».