Une ex-darling de l'électrification automobile, le fabricant de batteries A123, a déclaré faillite et a annoncé qu'elle consent se faire racheter pour pas cher par un géant industriel américain, Johnson Controls.

A123 s'est déclarée insolvable après avoir annoncée qu'elle serait incapable de faire les prochains versements de divers emprunts et obligations. La compagnie a déclaré avoir des dettes de 376 millions, moins que ses actifs comptabilisés à 460 millions, mais n'a plus d'argent comptant pour faire rouler ses activités. Déjà, en juillet dernier, elle avait prévenu ses actionnaires qu'il ne lui restait plus que cinq mois de liquidités. La veille de sa déclaration de faillite, lundi, elle avait avisé les autorités boursières qu'elle ne pourrait payer les intérêts d'octobre sur divers titres de dettes totalisant 144 millions et dont le paiement complet était dû en 2016.

Les créanciers n'auront pas grand-chose si le plan est accepté par le tribunal de la faillite: Johnson Controls paiera 125 millions pour A123, dont 75 millions sont une injection de capital pour garder la firme en vie jusqu'à ce que la transaction soit chose faite.

La nouvelle est mauvaise également pour le contribuable américain: A123 s'était fait prêter 249 millions par le ministère fédéral de l'Énergie en 2009 pour construire une de ses deux usines au Michigan. C'est aussi une mauvaise nouvelle pour le président démocrate Barack Obama, qui est attaqué pour son soutien à l'industrie automobile par le candidat républicain Mitt Romney. A123 a annoncé sa faillite le 16 octobre, quelques heures avant le second débat entre les deux candidats à la présidence des États-Unis. Lors du premier débat, Romney avait reproché au président des politiques d'aide aux entreprises qui tentent de choisir les «gagnants» à la place du marché, mais qui ont le don choisir des «perdants».

Le chemin de l'auto électrique demeure éclairé

Pour les partisans de l'électrification automobile, les nouvelles ne sont pas si mauvaises, en fin de compte. Le rachat d'A123 par l'importante division automobile de Johnson Controls est vu comme excellent pour l'avenir de la technologie. Johnson produit déjà des batteries au lithium-ion pour plusieurs constructeurs automobiles, notamment Ford, BMW et Mercedes-Benz. La compagnie ajoute ainsi à son carnet de commandes. Outre son contrat avec Fisker Automotive, A123 doit commencer bientôt à produire pour General Motors les batteries de la version électrique de la nouvelle compacte Chevrolet Spark.

En fait, chez GM, on n'est probablement pas fâché de voir un fournisseur établi comme Johnson Controls avaler la petite A123: GM a émis un communiqué laconique indiquant sa confiance qu'il n'y aurait «aucun problème»  dans la livraison des batteries de la Spark électrique.

Johnson acquiert aussi les contrats de A123 avec BMW et Tata Motors, qui possède entre autres Jaguar et Rover.

La faillite de A123 est survenue le jour où General Motors lançait la Cadillac ELR, une version de luxe de son hybride électricité-essence Chevrolet Volt. Le patron de GM en Amérique du Nord, Mark Reuss, a indiqué que «l'électricité fait partie de l'avenir automobile, quoi qu'en disent les sceptiques». Les batteries de la Volt sont fournies par le sud-coréen LG Chem.

A123 tuée par une panne hyper-médiatisée

A123 a vraisemblablement été tuée par un incident très médiatisé : au printemps dernier, une Fisker Karma équipée de batteries A123 était tombée «raide morte, en panne totale» au tout début de son essai par l'influent magazine de l'Union des consommateurs américains, Consumer Reports.

Après une enquête interne de Fisker Automotive, le fournisseur des batteries a assumé publiquement la responsabilité de la panne: A123 a identifié la cause comme un robot mal programmé sur sa chaîne de montage et annoncé un rappel massif de ses batteries, au coût de 69 millions de dollars.

Le coût du rappel a plombé son action en Bourse et A123 n'est plus parvenue à lever assez de fonds pour poursuivre son développement. Ses 14 derniers trimestres ont été déficitaires.

L'été dernier, A123 avait essayé de se vendre à une compagnie chinoise, mais la transaction était conditionnelle à l'autorisation des gouvernements américain et chinois. Ni l'une ni l'autre ne s'est matérialisée et il était clair que la vente de cette technologie aux Chinois était un embarras pour le créancier principal de A123, le gouvernement américain. La faillite d'A123, la radiation totale du prêt et le rachat par Johnson Controls sont peut-être jugés moins dommageables par l'État américain.

Outre deux usines de batteries au Michigan, A123 amène aussi à Johnson une usine de diodes en Chine.